[6,40] <40> Ἀλλὰ Λακεδαιμόνιοι γὰρ ἐν ταῖς πρὸς αὐτοὺς συνθήκαις ἐπεμελήθησαν Ἀνδοκίδου, ὅτι ἔπαθον ἀγαθόν τι ὑπ´ αὐτοῦ· ἀλλ´ ὑμεῖς ἐπεμελήθητέ γε αὐτοῦ; ἀντὶ ποίας εὐεργεσίας; ὅτι πολλάκις δι´ ὑμᾶς ὑπὲρ τῆς πόλεως ἐκινδύνευσεν; <41> Οὐκ ἔστιν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τούτῳ ἀληθὴς αὕτη ἡ ἀπολογία, μηδ´ ὑμεῖς ἐξαπατᾶσθε. οὐ γὰρ τοῦτο λύειν ἐστὶ τὰ συγκείμενα, εἰ Ἀνδοκίδης ἕνεκα τῶν ἰδίων ἁμαρτημάτων δίδωσι δίκην, ἀλλ´ ἐάν τις ἕνεκα τῶν δημοσίων συμφορῶν ἰδίᾳ τινὰ τιμωρῆται.
<42> Ἴσως οὖν καὶ Κηφισίου ἀντικατηγορήσει, καὶ ἕξει ὅ τι λέγῃ· τὰ γὰρ ἀληθῆ χρὴ λέγειν. Ἀλλ´ ὑμεῖς οὐκ ἂν δύναισθε τῇ αὐτῇ ψήφῳ τόν τε ἀπολογούμενον καὶ τὸν κατηγοροῦντα κολάσαι. Ἀλλὰ νῦν μὲν περὶ τούτου καιρός ἐστι γνῶναι τὰ δίκαια, ἕτερος δὲ ἥξει Κηφισίῳ καὶ ἡμῶν ἑκάστῳ, ὧν οὗτος νῦν μεμνήσεται. Μὴ οὖν καὶ δι´ ἑτέραν ὀργὴν τούτου ἀδικοῦντος νῦν ἀποψηφίσησθε.
<43> Ἀλλὰ λέξει ὅτι μηνυτὴς ἐγένετο καὶ ἕτερος οὐδεὶς ὑμῖν ἐθελήσει μηνύειν, ἐὰν κολάζητε. Ἀνδοκίδης δὲ ἔχει τὰ μήνυτρα παρ´ ὑμῶν, σώσας τὴν αὑτοῦ ψυχὴν ἑτέρων διὰ ταῦτα ἀποθανόντων. Τῆς μὲν οὖν σωτηρίας ὑμεῖς τούτῳ αἴτιοί ἐστε, τῶν δὲ κακῶν τῶνδε καὶ τῶν κινδύνων αὐτὸς ἑαυτῷ, παραβὰς τὰ δόγματα καὶ τὴν ἄδειαν ἐφ´ ᾗ μηνυτὴς ἐγένετο. <44> Οὔκουν ἐξουσίαν χρὴ ποιεῖν τοῖς μηνυταῖς ἀδικεῖν (ἀρκεῖ γὰρ τὰ πεποιημένα), ἀλλὰ παραβαίνοντας κολάζειν. Kαὶ οἱ μὲν ἄλλοι μηνυταί, ὁπόσοι ἐπ´ αἰσχραῖς αἰτίαις ἐξεληλεγμένοι σφᾶς αὐτοὺς ἐμήνυσαν, ἓν γοῦν ἐπίστανται, μὴ ἐνοχλεῖν τοῖς ἠδικημένοις, ἡγούμενοι ἀποδημοῦντες μὲν Ἀθηναῖοι καὶ ἐπίτιμοι δόξειν εἶναι, ἐπιδημοῦντες δὲ παρὰ τοῖς πολίταις τοῖς ἠδικημένοις πονηροὶ δόξειν καὶ ἀσεβεῖς εἶναι. <45> Ὁ γοῦν πάντων πονηρότατος Βάτραχος πλὴν τούτου, γενόμενος ἐπὶ τῶν τριάκοντα μηνυτὴς καὶ οὐσῶν αὐτῷ συνθηκῶν καὶ ὅρκων καθάπερ τοῖς Ἐλευσινόθεν, δείσας ὑμῶν οὓς ἠδίκησεν, ἐν ἑτέρᾳ πόλει ᾤκει. Ἀνδοκίδης δὲ καὶ αὐτοὺς τοὺς θεοὺς ἀδικήσας περὶ ἐλάττονος αὐτοὺς ἔθετο, εἰσιὼν εἰς τὰ ἱερά, ἢ Βάτραχος τοὺς ἀνθρώπους. Ὅστις οὖν καὶ πονηρότερος καὶ ἀμαθέστερος Βατράχου ἐστί, πάνυ δεῖ ἀγαπητῶς ὑφ´ ὑμῶν αὐτὸν σωθῆναι.
<46> Φέρε δή, εἰς τί σκεψαμένους χρὴ ὑμᾶς Ἀνδοκίδου ἀποψηφίσασθαι; πότερον ὡς στρατιώτης ἀγαθός; ἀλλ´ οὐδεπώποτ´ ἐκ τῆς πόλεως ἐστρατεύσατο, οὔτε ἱππεὺς οὔτε ὁπλίτης, οὔτε τριήραρχος οὔτ´ ἐπιβάτης, οὔτε πρὸ τῆς συμφορᾶς οὔτε μετὰ τὴν συμφοράν, πλέον ἢ τετταράκοντα ἔτη γεγονώς. <47> Καίτοι ἕτεροι φεύγοντες ἐν Ἑλλησπόντῳ συνετριηράρχουν ὑμῖν. Ἀναμνήσθητε δὲ καὶ αὐτοὶ ἐξ ὅσων κακῶν καὶ πολέμου ὑμᾶς αὐτοὺς περιεποιήσατε καὶ τὴν πόλιν, πολλὰ μὲν τοῖς σώμασι πονήσαντες, πολλὰ δὲ ἀναλώσαντες χρήματα καὶ ἰδίᾳ καὶ δημοσίᾳ, πολλοὺς δὲ καὶ ἀγαθοὺς τῶν πολιτῶν καταθάψαντες διὰ τὸν γενόμενον πόλεμον. <48> Ἀνδοκίδης δὲ ἀπαθὴς τούτων τῶν κακῶν γενόμενος ... εἰς τὴν σωτηρίαν τῇ πατρίδι, ἀξιοῖ νυνὶ μετέχειν τῆς πόλεως, ἀσεβῶν ἐν αὐτῇ. Ἀλλὰ πλουτῶν γὰρ καὶ δυνάμενος τοῖς χρήμασι καὶ βασιλεῦσιν ἐξενωμένος καὶ τυράννοις—ἃ νυνὶ κομπάσει, ἐπιστάμενος τοὺς ὑμετέρους τρόπους—ποίαν εἰσφορὰν --- ούτῳ ἀγαθὸν γένοιντο, <49> καὶ ἐπιστάμενος ἐν πολλῷ σάλῳ καὶ κινδύνῳ τὴν πόλιν γενομένην, ναυκληρῶν οὐκ ἐτόλμησεν ἐπαρθεὶς σῖτον εἰσάγων ὠφελῆσαι τὴν πατρίδα. Ἀλλὰ μέτοικοι μὲν καὶ ξένοι ἕνεκα τῆς μετοικίας ὠφέλουν τὴν πόλιν εἰσάγοντες· σὺ δὲ τί καὶ ἀγαθὸν ποιήσας, ὦ Ἀνδοκίδη, ποῖα ἁμαρτήματα ἀνακαλεσάμενος, ποῖα τροφεῖα ἀνταποδούς ...
| [6,40] <40> Dira-t-on que les Lacédémoniens, dans leur traité avec vous, ont fait mention de lui, parce qu'ils lui avaient quelque obligation ? Non, certes. Dira-ton que vous du moins vous vous êtes occupés de ses intérêts ? Eh ! pour quel service ? Serait ce parce qu'il s'exposa souvent pour la patrie ? <41> On ne pourrait le dire sans avancer une imposture ; et vous ne devez pas vous y laisser surprendre. Mais enfin, ce n'est pas violer les conventions réciproques que de punir Andocide pour ses fautes personnelles ; elles ne pourraient être violées que dans le cas où, sous prétexte des malheurs publics, on voudrait tirer de quelqu'un une vengeance particulière.
<42> Il inculpera peut-être Céphisius son accusateur, et, l'on doit en convenir, il ne manquera pas de sujet. Mais vous ne pouvez, Athéniens, par le même suffrage, condamner l'accusateur et l'accusé. Il n'est question aujourd'hui que de prononcer sur le compte d'Andocide selon les règles de la justice ; sauf à prononcer dans un autre tems sur la personne de Céphisius, et de chacun d'entre nous contre lesquels Andocide ne manquera pas tout-à-l''heure de se déchaîner. Ne faites donc pas grâce à un coupable parce que vous seriez animés contre d'autres.
<43> Il dira qu'il a été dénonciateur, et qu'on ne voudra plus dénoncer s'il est frustré du prix de sa dénonciation. Mais vous avez récompensé, Athéniens, la dénonciation d'Andocide en lui laissant la vie, que vous avez ôtée à tant d'autres qui étaient coupables du même crime. Il doit donc vous rendre grâce de sa conservation, et n'imputer qu'à lui seul les maux et les périls dans lesquels il s'est jeté lui-même, en s'écartant du décret où est consignée la sûreté qu'on lui donnait pour dénoncer. <44> Loin d'accorder aux dénonciateurs la liberté de commettre de nouveaux délits, lorsque c'est déjà trop des anciens, il faut les punir quand ils sont pris en faute. En général, les dénonciateurs qui se dénoncent eux-mêmes avant que d'avoir été convaincus des actions criminelles qu'on leur impute, se rendent du moins cette justice, qu'ils ne doivent pas fatiguer par leur présence ceux qu'ils ont offensés par leur conduite. Ils croient qu'en s'éloignant ils paieront dans l'esprit des étrangers pour s'être garantis de la peine, et avoir conservé tous leurs droits; mais qu'en restant parmi leurs concitoyens ils seront regardés comme des scélérats et des pervers. <45> Aussi Batrachus, le plus méchant des hommes, si l'on en excepte Andocide, Batrachus qui fut dénonciateur sous les Trente, quoique compris dans les traités et dans les serments comme tous les citoyens d'Eleusis, se retira-t-il de lui-même dans un autre pays, par égard pour ses compatriotes qu'il avait offensés. Et Andocide qui a offensé les dieux mêmes, a moins respecté les dieux que Batrachus ne respectait les hommes, puisqu'il a eu le front de reparaître dans leurs temples. Devez-vous donc, Athéniens, ménager quelqu'un qui est plus méchant et moins sensé qu'un Batrachus ; et n'est- ce point assez qu'on lui ait laissé la vie ?
<46> Mais enfin, par quelle considération voudriez-vous absoudre Andocide ? Serait-ce en qualité de brave guerrier ? Mais il ne sortit jamais de la ville pour aucune expédition, dans la cavalerie, ni dans l'infanterie, comme commandant de vaisseau, ni comme simple soldat, avant ni après nos disgrâces, quoiqu'il ait passé l'âge de 40 ans, <47> et quoique d'autres exilés partageaient avec nous les dépenses et les périls dans le combat de l'Hellespont. Rappelez-vous, Athéniens, de quelle guerre et de quels maux vous vous délivrâtes vous et la république, par les travaux sans nombre que vous avez essuyés, par l'argent du trésor et des contributions que vous avez prodigué, par la mort d'une foule de braves citoyens qui périrent dans les combats, et que vous honorâtes d'une sépulture publique. <48> Andocide, qui a refusé de partager nos maux, qui ne contribua jamais en rien au salut d'Athènes, prétend aujourd'hui participer aux droits d'une ville qu'il a souillée par ses impiétés !
II nous a servis, dira-t-on peut-être, par ses richesses, et par ses liaisons intimes avec des princes et des monarques : il vantera tout-à-l'heure ces liaisons quoiqu'il connaisse vos mœurs. Mais de quels services veut-on parler ? Quand ils seraient véritables, quels avantages doivent-ils procurer à un homme qui, faisant commerce avec un vaisseau, <46> voyant les troubles qui agiraient sa patrie et les extrémités où elle était réduite, n'a pas cherché à la secourir en y transportant des provisions de blé ? Les étrangers cependant, domiciliés et autres, se sont crus obligés, par reconnaissance, de transporter des grains à Athènes. Mais vous, Andocide, quel bien avez-vous fait à votre ville ? par quels services avez-vous réparé vos crimes ? comment avez-vous payé à la patrie ce que lui doit chacun de ses enfants ?
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