[6,30] <30> Καὶ τὸν ἄνδρα οὐ δῆμος, οὐκ ὀλιγαρχία, οὐ τύραννος, οὐ πόλις ἐθέλει δέξασθαι διὰ τέλους, ἀλλὰ πάντα τὸν χρόνον, ἐξ ὅσου ἠσέβησεν, ἀλώμενος διάγει, πιστεύων ἀεὶ μᾶλλον τοῖς ἀγνῶσι τῶν γνωρίμων διὰ τὸ ἠδικηκέναι οὓς γιγνώσκει. Τὸ δὲ τελευταῖον νῦν ἀφικόμενος εἰς τὴν πόλιν δὶς ἐν τῷ αὐτῷ ἐνδέδεικται. <31> Καὶ τὸ μὲν σῶμα ἀεὶ ἐν δεσμοῖς ἔχει, ἡ δὲ οὐσία αὐτοῦ ἐλάττων ἐκ τῶν κινδύνων γίγνεται. καίτοι ὅταν τις τὸν αὑτοῦ βίον τοῖς ἐχθροῖς καὶ τοῖς συκοφάνταις διανέμῃ, τοῦτ´ ἔστι τὸ ζῆν βίον ἀβίωτον. ἃ τούτῳ ὁ θεὸς οὐκ ἐπὶ σωτηρίᾳ ἐπινοεῖν δίδωσιν, ἀλλὰ τιμωρούμενος τῶν γεγενημένων ἀσεβημάτων. <32> Τὸ δὲ τελευταῖον νυνὶ παραδέδωκεν αὑτὸν ὑμῖν χρῆσθαι ὅ τι ἂν βούλησθε, οὐ τῷ μὴ ἀδικεῖν πιστεύων, ἀλλ´ ὑπὸ δαιμονίου τινὸς ἀγόμενος ἀνάγκης.
Οὔκουν χρὴ μὰ τὸν Δία οὔτε πρεσβύτερον ὄντα οὔτε νεώτερον, ὁρῶντας Ἀνδοκίδην ἐκ τῶν κινδύνων σῳζόμενον, συνειδότας αὐτῷ ἔργα ἀνόσια εἰργασμένῳ, ἀθεωτέρους γίγνεσθαι, ἐνθυμουμένους ὅτι ἥμισυς ὁ βίος βιῶναι κρείττων ἀλύπως ἐστὶν ἢ διπλάσιος λυπουμένῳ, ὥσπερ οὗτος. <33> Εἰς τοσοῦτον δὲ ἀναισχυντίας ἀφῖκται, ὥστε καὶ παρασκευάζεται τὰ πολιτικὰ πράττειν καὶ ἤδη δημηγορεῖ καὶ ἐπιτιμᾷ καὶ ἀποδοκιμάζει τῶν ἀρχόντων τισί, καὶ συμβουλεύει εἰς τὴν βουλὴν εἰσιὼν περὶ θυσιῶν καὶ προσόδων καὶ εὐχῶν καὶ μαντειῶν. Καίτοι τούτῳ πειθόμενοι ποίοις θεοῖς ἡγήσεσθε κεχαρισμένα ποιεῖν; μὴ γὰρ οἴεσθε, ὦ ἄνδρες δικασταί, εἰ ὑμεῖς βούλεσθε τὰ τούτῳ πεποιημένα ἐπιλαθέσθαι, καὶ τοὺς θεοὺς ἐπιλήσεσθαι. <34> Ἀξιοῖ δὲ οὐχ ὡς ἠδικηκὼς ἡσυχίαν ἔχων πολιτεύεσθαι, ἀλλ´ ὥσπερ αὐτὸς ἐξευρὼν τοὺς τὴν πόλιν ἀδικήσαντας, οὕτω διανοεῖται, καὶ παρασκευάζεται ὅπως ἑτέρων μεῖζον δυνήσεται, ὥσπερ οὐ διὰ πρᾳότητα καὶ ἀσχολίαν τὴν ὑμετέραν οὐ δεδωκὼς ὑμῖν δίκην, εἰς οὓς νῦν ἁμαρτάνων οὐ λανθάνει, ἀλλ´ ἅμα ἐξελεγχθήσεταί τε καὶ δώσει δίκην.
<35> Ἰσχυριεῖται δὲ καὶ τούτῳ τῷ λόγῳ· ἀναγκαίως γὰρ ἔχει ὑμᾶς διδάσκειν ἃ οὗτος ἀπολογήσεται, ἵν´ ἀκούσαντες παρ´ ἀμφοτέρων ἄμεινον διαγνῶτε. Φησὶ γὰρ ἀγαθὰ μεγάλα ποιῆσαι τὴν πόλιν μηνύσας καὶ ἀπαλλάξας δέους καὶ ταραχῆς τῆς τότε. Τίς δὲ τῶν μεγάλων κακῶν αἴτιος ἐγένετο; <36> Οὐκ αὐτὸς οὗτος, ποιήσας ἃ ἐποίησεν; εἶτα τῶν μὲν ἀγαθῶν δεῖ τούτῳ χάριν εἰδέναι, ὅτι ἐμήνυσε, μισθὸν ὑμῶν αὐτῷ διδόντων τὴν ἄδειαν, τῆς δὲ ταραχῆς καὶ τῶν κακῶν ὑμεῖς αἴτιοί ἐστε, ὅτι ἐζητεῖτε τοὺς ἠσεβηκότας; οὐ δήπουθεν, ἀλλ´ αὐτὸ τούτου τοὐναντίον ἐτάραξε μὲν οὗτος τὴν πόλιν, κατεστήσατε δ´ ὑμεῖς.
<37> Πυνθάνομαι δ´ αὐτὸν μέλλειν ἀπολογήσεσθαι ὡς αἱ συνθῆκαι καὶ αὐτῷ εἰσι, καθάπερ καὶ τοῖς ἄλλοις Ἀθηναίοις. καὶ τοῦτο πρόσχημα ποιούμενος οἴεται πολλοὺς ὑμῶν, δεδιότας μὴ λύσητε τὰς συνθήκας, αὐτοῦ ἀποψηφιεῖσθαι.
<38> Ὡς οὖν οὐδὲν προσήκει Ἀνδοκίδῃ τῶν συνθηκῶν, περὶ τούτου λέξω, οὔτε μὰ τὸν Δία τῶν πρὸς Λακεδαιμονίους, ἃς ὑμεῖς συνέθεσθε, οὔτε ὧν πρὸς τοὺς ἐν <τῷ> ἄστει οἱ ἐκ Πειραιῶς. Οὐδενὶ γὰρ ἡμῶν τοσούτων ὄντων τὰ αὐτὰ ἁμαρτήματα οὐδ´ ὅμοια ἦν τοῖς Ἀνδοκίδου, ὥστε καὶ τοῦτον ἡμῶν ἀπολαῦσαι. <39> Ἀλλ´ οὐ μὲν δὴ ἕνεκά γε τούτου διαφερόμενοι, ἐπειδὴ καὶ τούτῳ μετέδομεν τῶν συνθηκῶν, τότε διηλλάγημεν. Οὐ γὰρ ἕνεκα ἑνὸς ἀνδρὸς ἀλλ´ ἕνεκα ἡμῶν τῶν ἐξ ἄστεως καὶ ἐκ Πειραιῶς αἱ συνθῆκαι ἐγένοντο καὶ οἱ ὅρκοι, ἐπεί τοι δεινὸν ἂν εἴη, εἰ περὶ Ἀνδοκίδου ἀποδημοῦντος αὐτοὶ ἐνδεεῖς ὄντες ἐπεμελήθημεν, ὅπως ἐξαλειφθείη αὐτῷ τὰ ἁμαρτήματα.
| [6,30] <30> Enfin, ni peuple, ni monarque, nul état républicain ou oligarchique, ne voulaient plus admettre ce proscrit. Depuis ses sacrilèges, il ne cesse de mener une vie errante, ayant fait tant de mal à tous ceux qui le connaissent, qu'il ne peut plus se fier qu'à des inconnus. Tout récemment encore, depuis son retour, on l'a vu accusé deux fois dans la même année. <31> Sa personne est presque toujours dans les fers, et sa fortune presque entièrement épuisée par tous les procès qu'on lui intente. Mais doit-on appeler une vie, celle qu'on met à la merci de ses ennemis et des accusateurs de profession ? Voilà comme les dieux ont perverti le sens d'Andocide ; voilà les conseils qu'ils lui ont inspirés pour le perdre en punition de ses forfaits. <32> Dernièrement, il s'est livré à la discrétion du peuple, moins appuyé sur son innocence, que poussé par une certaine fatalité du sort.
Il ne faut donc pas, j'en atteste le ciel, que les vieillards et les jeunes gens instruits des impiétés de ce pervers, et le voyant échappé à tous les périls, en aient moins de respect pour les dieux. Qu'ils pensent plutôt qu'une vie courte, exempte de peines et d'afflictions, est préférable à la plus longue vie remplie de traverses, comme est celle d'Andocide. <33> Nous le voyons aujourd'hui, par un excès d'impudence, intriguer dans la ville, se mêler des affaires publiques, haranguer le peuple ; parmi les magistrats, censurer les uns, faire rejeter les autres ; paraître au sénat, y donner des conseils sur les cérémonies sacrées, sur les sacrifices, sur les prières, sur les oracles. Mais à quels dieux, je vous prie, pourrez-vous être agréables en adoptant les avis d'un tel homme ? Car ne croyez pas que, si vous fermez les yeux sur ses crimes, les dieux les fermeront de même. <34> Quoiqu'il ait offensé grièvement la ville d'Athènes, il prétend pouvoir y signaler son audace, parce qu'il est délateur de gens qui l'ont offensée ainsi que lui. Son projet est d'être plus puissant qu'aucun de nous ; comme s'il n'eût pas échappé à la peine uniquement par grâce, et à cause des embarras où se trouvaient alors les Athéniens, qui sentent maintenant qu'il les insulte et qu'il les brave ; mais le châtiment suivra de près la conviction.
<35> Voici une raison dont il s'appuiera (car il faut vous prévenir de ce qu'il peut objecter pour sa défense, afin que, nous écoutant tous deux, vous soyez plus en état de juger) : il ne manquera pas d'alléguer l'important service qu'il a rendu à cette ville en dénonçant les coupables ; et en la délivrant des craintes et du trouble où elle était plongée. Mais quel était l'auteur de tous nos maux ? n'était-ce donc pas lui-même par les excès qu'il avait commis? Faut-il lui savoir gré du service prétendu qu'il nous rendait par ses dénonciations, lorsque vous lui accordez l'impunité pour récompense ; et s'en prendre à vous de nos maux et de nos troubles, parce que vous recherchiez les coupables ? Non, sans doute ; mais c'est lui au contraire qui a troublé la ville; pour vous, Athéniens, vous y avez ramené le calme.
<37> J'apprends que pour se justifier il doit dire encore que les traités sont pour lui comme pour les autres : il s'imagine qu'avec cette raison spécieuse il déterminera plusieurs de ses juges à l'absoudre, parce qu'ils craindront de violer les traités.
<38> Je vais donc faire voir que les traités ne regardent nullement Andocide, ni celui que vous avez fait avec les Lacédémoniens, ni celui qu'ont fait entre eux les citoyens de la ville et du Pirée. En effet, aucun de vous, qui êtes en si grand nombre, n'ayant commis les mêmes crimes qu'Andocide, ni même des crimes qui approchent des siens, Andocide doit-il avoir part aux mêmes traités que vous ? <39> On ne dira pas non plus que nous étions divisés à cause de lui, et que nous nous sommes réunis lorsque nous l'avons compris dans le traité, puisque ce n'est, pas pour un seul homme, mais pour tous les citoyens, tant ceux du Pirée que de la ville, que nous avons conclu un traité scellé du serment. D'ailleurs, il serait fort étrange qu'étant éloignés de votre patrie, et manquant de tout, vous eussiez travaillé à faire oublier les crimes d'Andocide.
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