| [14,15] ἀλλ' ὅμως οὐκ ἐτολμᾶτε 
ἀπολιπεῖν τὰς τάξεις οὐδὲ τἀρεστὰ ὑμῖν αὐτοῖς αἱρεῖσθαι, ἀλλὰ πολὺ μᾶλλον 
ἐφοβεῖσθε τοὺς τῆς πόλεως νόμους ἢ τὸν πρὸς τοὺς πολεμίους κίνδυνον. ὧν χρὴ 
μεμνημένους ὑμᾶς νυνὶ τὴν ψῆφον φέρειν, καὶ πᾶσι φανερὸν ποιεῖν ὅτι Ἀθηναίων οἱ 
μὴ βουλόμενοι τοῖς πολεμίοις μάχεσθαι ὑφ' ὑμῶν κακῶς πείσονται.   
Ἡγοῦμαι δέ, ὦ ἄνδρες δικασταί, περὶ μὲν τοῦ νόμου καὶ ῎ αὐτοῦ τοῦ πράγματος οὐχ 
ἕξειν αὐτοὺς ὅ τι λέξουσιν: ἀναβαίνοντες δ' ὑμᾶς ἐξαιτήσονται καὶ ἀντιβολήσουσιν, 
οὐκ   ἀξιοῦντες τοῦ Ἀλκιβιάδου ὑέος τοσαύτην δειλίαν καταγνῶναι, ὡς ἐκεῖνον 
πολλῶν ἀγαθῶν ἀλλ' οὐχὶ πολλῶν κακῶν αἴτιον γεγενημένον, ὃν εἰ τηλικοῦτον ὄντα 
ἀπεκτείνατε, ὅτε πρῶτον εἰς ὑμᾶς ἐλάβετε ἐξαμαρτάνοντα, οὐκ ἂν  ἐγένοντο 
συμφοραὶ τοσαῦται τῇ πόλει. δεινὸν δέ μοι δοκεῖ, ὦ ἄνδρες δικασταί, εἶναι, εἰ αὐτοῦ 
μὲν ἐκείνου θάνατον κατέγνωτε, τοῦ δὲ ὑέος ἀδικοῦντος δι' ἐκεῖνον ἀποψηφιεῖσθε, ὃς 
αὐτὸς μὲν οὐκ ἐτόλμα μεθ' ὑμῶν μάχεσθαι, ὁ δὲ πατὴρ αὐτοῦ μετὰ τῶν πολεμίων 
ἠξίου στρατεύεσθαι. καὶ ὅτε μὲν παῖς ὢν οὔπω δῆλος ἦν ὁποῖός τις ἔσται, διὰ τὰ τοῦ 
πατρὸς ἁμαρτήματα ὀλίγου τοῖς ἕνδεκα παρεδόθη: ἐπειδὴ δὲ πρὸς τοῖς ἐκείνῳ 
πεπραγμένοις ἐπίστασθε καὶ τὴν τούτου  πονηρίαν, διὰ τὸν πατέρα ἐλεεῖν αὐτὸν 
ἀξιώσετε; οὐκ οὖν δεινόν, ὦ ἄνδρες δικασταί, τούτους μὲν οὕτως εὐτυχεῖς εἶναι ὥστ', 
ἐπειδὰν ἐξαμαρτάνοντες ληφθῶσι, διὰ τὸ αὑτῶν γένος σῴζεσθαι, ἡμᾶς δέ, εἰ 
ἐδυστυχήσαμεν διὰ τοὺς οὕτως ἀτακτοῦντας, μηδένα ἂν δύνασθαι παρὰ τῶν 
πολεμίων ἐξαι τήσασθαι μηδὲ διὰ τὰς τῶν προγόνων ἀρετάς; καίτοι πολλαὶ καὶ 
μεγάλαι καὶ ὑπὲρ ἁπάντων τῶν Ἑλλήνων γεγόνασι, καὶ οὐδὲν ὅμοιαι τοῖς ὑπὸ τούτων 
περὶ τὴν πόλιν πεπραγμένοις, ὦ ἄνδρες δικασταί. εἰ δ' ἐκεῖνοι δοκοῦσι βελτίους εἶναι 
σῴζοντες τοὺς φίλους, δῆλον ὅτι καὶ ὑμεῖς  ἀμείνους δόξετε εἶναι τιμωρούμενοι τοὺς 
ἐχθρούς. 
 | [14,15] 15 Cependant, vous n'avez pas osé quitté votre corps, et 
choisir ce qui vous plaisait : vous redoutiez bien plus les lois de la cité 
que les coups de l'ennemi. Ce souvenir doit inspirer aujourd'hui 
votre vote. Que tout le monde le sache bien : ceux des 
Athéniens qui refusent de combattre contre les ennemis 
seront frappés par vous.
16 Sur la loi, juges, et sur l'affaire même, je pense que 
mes adversaires n'auront rien à dire. Mais ils viendront à la 
tribune intercéder pour l'accusé et vous conjurer de lui 
faire grâce. Ils ne voudront pas qu'on reconnaisse coupable 
d'une telle lâcheté le fils d'Alcibiade, d'un homme à qui 
vous devez tant ! Comme si, au contraire, il ne vous avait 
pas fait beaucoup de mal ! Ah ! si vous l'aviez exécuté la 
première fois que vous l'avez pris en faute, à l'âge où est
son fils, vous auriez épargné bien des malheurs à la cité. 17 
Il serait étrange, me semble-t-il, qu'après avoir condamné à 
mort le père, vous alliez, en souvenir de lui, acquitter son 
fils également coupable. Celui-ci n'a pas eu le courage de 
combattre à vos côtés ; le père avait osé marcher contre vous 
aux côtés des ennemis. Tout enfant, quand on ne voyait 
pas encore ce qu'il serait un jour, cet homme a failli être 
livré aux Onze à cause des crimes paternels, et aujourd'hui, 
sachant qu'à ces crimes il a ajouté sa propre indignité, 
vous vous croirez tenus d'avoir pitié de lui, en souvenir 
de son père ! 18 N'est-ce pas inadmissible, juges ? 
Ces gens-là, quand on les prend en faute, sont assez heureux 
pour se tirer d'affaire, grâce à leur naissance ; mais vous 
autres, si leur indiscipline vous fait éprouver quelque revers, 
rien ne peut fléchir vos ennemis, pas même les exploits de 
vos ancêtres. 19 Et pourtant ces exploits furent nombreux, 
éclatants, ils intéressaient tous les Grecs, et ils ne 
ressemblent pas du tout à la conduite de ces gens-là envers 
la cité, juges. Et si, eux, on les estime davantage de chercher 
à sauver leurs amis, il est évident qu'on aura aussi plus 
d'estime pour vous si vous punissez vos ennemis. 
 |