[14,5] τολμῶσι γάρ τινες λέγειν ὡς οὐδεὶς ἔνοχός ἐστι λιποταξίου οὐδὲ δειλίας:
μάχην γὰρ οὐδεμίαν γεγονέναι, τὸν δὲ νόμον κελεύειν, ἐάν τις λίπῃ τὴν
τάξιν εἰς τοὐπίσω δειλίας ἕνεκα, μαχομένων τῶν ἄλλων, περὶ τούτου τοὺς στρατιώτας
δικάζειν. ὁ δὲ νόμος οὐ περὶ τούτων κελεύει μόνον, ἀλλὰ καὶ ὁπόσοι ἂν μὴ παρῶσιν ἐν
τῇ πεζῇ στρατιᾷ. Ἀνάγνωθί μοι τὸν νόμον. ΝΟΜΟΣ Ἀκούετε, ὦ ἄνδρες δικασταί, ὅτι
περὶ ἀμφοτέρων κεῖται, καὶ ὅσοι ἂν μάχης οὔσης εἰς τοὐπίσω ἀναχωρήσωσι, καὶ ὅσοι
ἂν ἐν τῇ πεζῇ στρατιᾷ μὴ παρῶσι. σκέψασθε δὲ τίνες εἰσὶν οὓς δεῖ παρεῖναι. οὐχ
οἵτινες ἂν τὴν ἡλικίαν ταύτην ἔχωσιν; οὐχ οὓς ἂν οἱ στρατηγοὶ καταλέξωσιν; ἡγοῦμαι
δ', ὦ ἄνδρες δικασταί, ὅλῳ τῷ νόμῳ μόνον αὐτὸν τῶν πολιτῶν ἔνοχον εἶναι.
ἀστρατείας μὲν γὰρ δικαίως ἂν αὐτὸν ἁλῶναι, ὅτι καταλεγεὶς ὁπλίτης οὐκ ἐξῆλθε
μεθ' ὑμῶν στρατοπεδευσόμενος, λιποταξίου δὲ ὅτι οὐ παρέσχε μετὰ τῶν ἄλλων
ἑαυτὸν τάξαι, δειλίας δέ, ὅτι δεῖν αὐτὸν μετὰ τῶν ὁπλιτῶν κινδυνεύειν ἱππεύειν
εἵλετο. καίτοι φασὶν αὐτὸν ταύτην τὴν ἀπολογίαν ποιήσεσθαι, ὡς ἐπειδήπερ ἵππευεν,
οὐδὲν ἠδίκει τὴν πόλιν. ἐγὼ δ' ἡγοῦμαι διὰ τοῦθ' ὑμᾶς δικαίως ἂν αὐτῷ ὀργίζεσθαι, ὅτι
τοῦ νόμου κελεύοντος, ἐάν τις ἀδοκίμαστος ἱππεύῃ, ἄτιμον εἶναι, ἐτόλμησεν
ἀδοκίμαστος ἱππεύειν. Καί μοι ἀνάγνωθι τὸν νόμον. ΝΟΜΟΣ Οὗτος τοίνυν εἰς τοῦτ'
ἦλθε πονηρίας, καὶ οὕτως ὑμῶν κατεφρόνησε καὶ τοὺς πολεμίους ἔδεισε καὶ ἱππεύειν
ἐπεθύμησε καὶ τῶν νόμων οὐκ ἐφρόντισεν, ὥστε οὐδὲν αὐτῷ τούτων τῶν κινδύνων
ἐμέλησεν, ἀλλ' ἐβουλήθη καὶ ἄτιμος εἶναι καὶ τὰ χρήματ' αὐτοῦ δημευθῆναι καὶ
πάσαις ταῖς κειμέναις ζημίαις ἔνοχος γενέσθαι μᾶλλον ἢ μετὰ τῶν πο λιτῶν εἶναι καὶ
ὁπλίτης γενέσθαι.
| [14,5] On ose soutenir que le délit d'abandon de
poste ou de lâcheté n'est pas possible, parce qu'il n'y a eu
aucun combat, et qu'aux termes de la loi, il faut avoir quitté
son rang et reculé par lâcheté, pendant que les autres combattaient,
pour comparaître devant le tribunal des soldats.
Mais la loi, en dehors de ce cas, s'applique aussi à tous les
hommes qui ne sont pas à leur poste dans l'infanterie. Lis-moi la loi.
Loi.
6 Vous entendez, juges : la loi vise également ceux qui
reculent pendant le combat et ceux qui ne sont pas à leur
place avec les fantassins. Or, songez-y : qui doit être à cette
place ? N'est-ce pas ceux qui ont l'âge requis ? Ceux qui ont
été inscrits par les stratèges ? 7 A mon sens, s'il est un
citoyen auquel s'appliquent tous les cas prévus par la loi,
c'est bien lui : il mérite d'être condamné pour refus de servir,
puisque, inscrit comme hoplite, il n'est pas parti pour faire
campagne avec vous ; pour abandon de poste, puisqu'il ne
s'est pas présenté avec les autres afin d'être incorporé dans son
bataillon; pour lâcheté enfin, puisque, au lieu de combattre,
comme il le devait, dans les rangs des hoplites, il a préféré
servir comme cavalier. 8 Il répondra, dit-on, pour se
justifier, que, servant dans la cavalerie, de toute façon il ne
faisait pas tort à l'État. Mais ce qui précisément mérite, à
mon avis, votre rigueur, c'est que, malgré la loi qui frappe
d'atimie quiconque sert comme cavalier sans avoir été accepté
à l'examen, il a eu l'audace d'entrer, sans cet examen préalable,
dans la cavalerie. Lis-moi la loi.
Loi.
9 Cet homme a poussé si loin l'impudence, il a eu un
tel mépris pour vous, une telle peur de l'ennemi, une telle
envie d'être cavalier, il s'est si peu soucié des lois, que,
sans s'inquiéter des risques à courir, il a préféré s'exposer
à l'atimie, {à la confiscation de ses biens} et à toutes
les peines établies par la loi, plutôt que de servir aux
côtés de ses concitoyens comme hoplite.
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