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| [10] Οὑτοσὶ δὲ ἀντιλέγει καὶ φησὶν οὐκ εὔλογον
ποιεῖν με τιμᾶσθαι θέλοντα καὶ δωρεὰν λαμβάνειν·
οὐ γὰρ εἶναι τυραννοκτόνον οὐδὲ πεπρᾶχθαί μοί
τι κατὰ τὸν νόμον, ἀλλ´ ἐνδεῖν τι τῷ ἔργῳ τῷ ἐμῷ
πρὸς ἀπαίτησιν τῆς δωρεᾶς. πυνθάνομαι τοίνυν
αὐτοῦ, "Τί λοιπὸν ἀπαιτεῖς παρ´ ἡμῶν; οὐκ
ἠβουλήθην; οὐκ ἀνῆλθον; οὐκ ἐφόνευσα; οὐκ
ἠλευθέρωσα; μή τις ἐπιτάττει; μή τις κελεύει;
μή τις ἀπειλεῖ δεσπότης; μή τίς με τῶν κακούργων
διέφυγεν; οὐκ ἂν εἴποις. ἀλλὰ πάντα
εἰρήνης μεστὰ καὶ πάντες οἱ νόμοι καὶ ἐλευθερία
σαφὴς καὶ δημοκρατία βέβαιος καὶ γάμοι ἀνύβριστοι
καὶ παῖδες ἀδεεῖς καὶ παρθένοι ἀσφαλεῖς
καὶ ἑορτάζουσα τὴν κοινὴν εὐτυχίαν ἡ πόλις.
τίς οὖν ὁ τούτων ἁπάντων αἴτιος; τίς ὁ ἐκεῖνα
μὲν παύσας, τὰ δὲ παρεσχημένος; εἰ γάρ τίς ἐστι
πρὸ ἐμοῦ τιμᾶσθαι δίκαιος, παραχωρῶ τοῦ
γέρως, ἐξίσταμαι τῆς δωρεᾶς. εἰ δὲ μόνος ἐγὼ
πάντα διεπραξάμην τολμῶν καὶ κινδυνεύων,
ἀνιών, ἀναιρῶν, κολάζων, δι´ ἀλλήλων τιμωρούμενος,
τί μου διαβάλλεις τὰ κατορθώματα;
τί δὲ ἀχάριστον πρός με τὸν δῆμον ποιεῖς εἶναι;"
 | [10] Ici mon adversaire élève une objection : il 
prétend que j'agis contre l'équité en demandant un 
honneur, en réclamant une récompense. Selon lui, 
je n'ai pas tué le tyran, je n'ai rien fait de ce 
qu'exigeait la loi ; il manque à mon oeuvre ce qui 
me donnerait le droit d'en réclamer le salaire. Mais, 
lui dirai-je à mon tour, n'ai-je pas pris la résolution 
d'agir ? Ne suis-je pas monté à la citadelle ? N'ai-je 
pas immolé le tyran ? Ne vous ai-je pas rendu la 
liberté ? Avez-vous un souverain, un maître, un 
despote ? Un seul de ces infâmes s'est-il soustrait à 
mes coups ? Vous ne pouvez répondre. Tout ici 
respire la paix : partout règnent les lois ; la liberté 
est complète ; la démocratie est assurée ; on 
n'outrage plus nos femmes ; nos enfants sont sans 
crainte ; nos filles n'ont plus rien à redouter ; la 
ville entière fête le bonheur public. Et qui donc est 
la cause de tous ces biens ? Qui a mis un terme à 
vos maux ? Qui vous a procure cette félicité ? Si 
quelqu'un vous paraît plus digne que moi de cet 
honneur, je lui cède la récompense, je renonce au 
prix qui m'est dû. Mais si c'est moi seul qui ai tout 
fait par mon audace, en affrontant le danger, en 
montant à la citadelle, en tuant, en punissant, en 
nous vengeant de l'un par le bras de l'autre, 
pourquoi calomniez-vous une si belle action, 
pourquoi engagez-vous le peuple à se montrer 
ingrat envers moi ? 
 |  | [11] "Οὐ γὰρ αὐτὸν ἐφόνευσας τὸν τύραννον· ὁ δὲ
νόμος τυραννοκτόνῳ δίδωσιν τὴν δωρεάν." διαφέρει
δέ, εἰπέ μοι, τί ἢ αὐτὸν ἀνελεῖν ἢ τοῦ θανάτου
παρασχεῖν τὴν αἰτίαν; ἐγὼ μὲν γὰρ οὐδὲν
οἶμαι· ἀλλὰ τοῦτο μόνον ὁ νομοθέτης εἶδεν, τὴν
ἐλευθερίαν, τὴν δημοκρατίαν, τὴν τῶν δεινῶν
ἀπαλλαγήν. τοῦτ´ ἐτίμησεν, τοῦτ´ ἄξιον ἀμοιβῆς
ὑπέλαβεν, ὅπερ οὐκ ἂν εἴποις μὴ δι´ ἐμὲ γεγενῆσθαι.
εἰ γὰρ ἐφόνευσα δι´ ὃν ἐκεῖνος ζῆν οὐκ ἐδύνατο,
αὐτὸς εἴργασμαι τὴν σφαγήν. ἐμὸς ὁ φόνος,
ἡ χεὶρ ἐκείνου. μὴ τοίνυν ἀκριβολογοῦ ἔτι περὶ
τοῦ τρόπου τῆς τελευτῆς μηδὲ ἐξέταζε ὅπως
ἀπέθανεν, ἀλλ´ εἰ μηκέτ´ ἐστίν, εἰ δι´ ἐμὲ τὸ
μηκέτ´ εἶναι ἔχει· ἐπεὶ κἀκεῖνο προσεξετάσειν
μοι δοκεῖς καὶ συκοφαντήσειν τοὺς εὐεργέτας,
εἴ τις μὴ ξίφει, ἀλλὰ λίθῳ ἢ ξύλῳ ἢ ἄλλῳ τῷ
τρόπῳ ἀπέκτεινεν.
Τί δέ, εἰ λιμῷ ἐξεπολιόρκησα τὸν τύραννον
τὴν ἀνάγκην τῆς τελευτῆς παρέχων, ἀπῄτεις ἂν
καὶ τότε παρ´ ἐμοῦ αὐτόχειρα τὴν σφαγήν, ἢ
ἐνδεῖν ἔλεγές μοί τι πρὸς τὸν νόμον, καὶ ταῦτα
χαλεπώτερον τοῦ κακούργου πεφονευμένου; ἓν
μόνον ἐξέταζε, τοῦτο ἀπαίτει, τοῦτο πολυπραγμόνει,
τίς τῶν πονηρῶν λείπεται, ἢ τίς ἐλπὶς τοῦ
φόβου ἢ τί ὑπόμνημα τῶν συμφορῶν; εἰ δὲ
καθαρὰ πάντα καὶ εἰρηνικά, συκοφαντοῦντός ἐστιν
τῷ τρόπῳ τῶν πεπραγμένων χρώμενον ἀποστερεῖν
ἐθέλειν τὴν ἐπὶ τοῖς πεπονημένοις δωρεάν.
 | [11] Mais vous n'avez pas tué le tyran, et c'est au 
tyrannicide seulement que la loi promet une 
récompense. Eh ! quelle différence y a-t-il, je vous 
le demande, entre l'avoir tué de ma main, ou avoir 
été cause de sa mort ? Je n'en vois aucune, pour 
ma part ; et le législateur n'a eu en vue que la 
liberté, la démocratie et la délivrance de nos 
malheurs. Tel est l'objet de la récompense par lui 
proposée, et vous ne pouvez pas dire que je n'ai 
point rempli cet objet ; car si j'ai donné la mort à 
celui sans lequel le tyran ne pouvait pas vivre, je 
l'ai tué lui-même. Le meurtre est mon ouvrage, sa 
main n'en est que l'instrument. Ne jouez donc pas 
davantage sur la manière dont il a péri ; ne 
recherchez pas comment il est mort ; constatez 
qu'il n'existe plus, et que c'est grâce à moi qu'il a 
cessé d'être. Autrement, vous paraîtriez n'avoir 
d'autre intention que de calomnier le bienfaiteur de 
la patrie, en recherchant si c'est avec une épée, 
une pierre ou un bâton, qu'il en a tué l'oppresseur. 
Que serait-ce donc, si j'eusse assiégé le tyran et 
que je l'eusse réduit à mourir de faim ? Exigeriez-vous 
qu'en pareille occurrence je l'eusse tué de 
mon propre bras ? Diriez-vous que je n'ai point 
satisfait à la loi ? Et cela, quand le scélérat eût péri 
du genre de mort le plus cruel ? Ne cherchez donc, 
ne demandez, n'examinez à fond qu'une seule 
chose : Reste-t-il encore quelqu'un de nos 
oppresseurs ? avons-nous encore quelque sujet de 
crainte ? subsiste-t-il quelque monument de nos 
infortunes ? Si l'Etat est purgé, si tout est en paix, 
c'est jouer le rôle d'un calomniateur, que de 
chicaner sur la manière dont ces faits se sont 
opérés, et de vouloir priver de sa récompense celui 
par qui ils ont été accomplis. 
 |  | [12] Ἐγὼ δὲ καὶ τοῦτο μέμνημαι διηγορευμένον
ἐν τοῖς νόμοις (ἐκτὸς εἰ μὴ διὰ τὴν πολλὴν δουλείαν
ἐπιλέλησμαι τῶν ἐν αὐτοῖς εἰρημένων) αἰτίας
θανάτου εἶναι διττάς, καὶ εἴ τις μὴ αὐτὸς μὲν
ἀπέκτεινε μηδὲ τῇ χειρὶ ἔδρασεν τὸ ἔργον,
ἠνάγκασεν δὲ καὶ παρέσχεν ἀφορμὴν τοῦ φόνου,
τὰ ἴσα καὶ τοῦτον ἀξιοῖ ὁ νόμος αὐτὸν ἀντικολάζεσθαι—μάλα
δικαίως· οὐ γὰρ ἠβούλετο τοῦ
πεπραγμένου ἥσσων γίνεσθαι τῷ τῆς ἀδείας·
καὶ περιττὴ λοιπὸν ἡ ἐξέτασις τοῦ τρόπου τῆς
σφαγῆς.
Εἶτα τὸν μὲν οὕτως ἀποκτείναντα κολάζειν ὡς
ἀνδροφόνον δικαιοῖς καὶ οὐδαμῶς ἀφεῖσθαι θέλεις,
τὸν δὲ κατὰ τὸν αὐτὸν τούτῳ τρόπον εὖ πεποιηκότα
τὴν πόλιν οὐ τῶν ὁμοίων ἀξιώσεις τοῖς εὐεργέταις;
 | [12] Pour moi, je me rappelle que nos lois disent 
formellement, a moins que notre longue servitude 
ne m'en ait fait oublier le texte, qu'il y a deux 
moyens de commettre un homicide : l'un est de 
tuer un homme de sa propre main; l'autre est de le 
forcer à se tuer lui-même, ou de lui en fournir 
l’occasion et les moyens. Ces deux crimes sont 
égaux aux yeux de la loi, elle les punit également, 
et c’est justice : elle n’a pas voulu que l’intention 
fût réputée moins criminelle que le fait. Il est donc 
superflu de chercher comment le meurtre s’est 
accompli. Quoi donc ? vous croiriez juste qu’un 
homicide semblable au mien fût puni comme un 
meurtre ordinaire, et vous ne voudriez pas que 
celui qui a employé les mêmes moyens pour servir 
se patrie fût inscrit au rang des bienfaiteurs ? 
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