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[0] ΤΥΡΑΝΝΟΚΤΟΝΟΣ.
| [0] Le TYRANNICIDE.
| [1] Δύο τυράννους ἀποκτείνας, ὦ ἄνδρες δικασταί,
μιᾶς ἡμέρας, τὸν μὲν ἤδη παρηβηκότα, τὸν δὲ
ἀκμάζοντα καὶ πρὸς διαδοχὴν τῶν ἀδικημάτων
ἑτοιμότερον, ἥκω μίαν ὅμως ἐπ´ ἀμφοτέροις
αἰτήσων δωρεὰν μόνος τῶν πώποτε τυραννοκτόνων
πληγῇ μιᾷ δύο πονηροὺς ἀποσκευασάμενος καὶ
φονεύσας τὸν μὲν παῖδα τῷ ξίφει, τὸν πατέρα δὲ
τῇ πρὸς τὸν υἱὸν φιλοστοργίᾳ. ὁ μὲν οὖν τύραννος
ἀνθ´ ὧν ἐποίησεν ἱκανὴν ἡμῖν δέδωκε τιμωρίαν,
ζῶν μὲν τὸν υἱὸν ἐπιδὼν προανῃρημένον παρὰ τὴν
τελευτήν, τελευταῖον δὲ ἠναγκασμένος, τὸ παραδοξότατον,
αὐτὸς αὑτοῦ γενέσθαι τυραννοκτόνος.
ὁ παῖς δὲ ὁ ἐκείνου τέθνηκεν μὲν ὑπ´ ἐμοῦ, ὑπηρέτησε
δέ μοι καὶ ἀποθανὼν πρὸς ἄλλον φόνον,
ζῶν μὲν συναδικῶν τῷ πατρί, μετὰ θάνατον δὲ
πατροκτονήσας, ὡς ἐδύνατο.
| [1] Juges, deux tyrans en un seul jour sont tombés
sous mes coups : l'un déjà vieux, l'autre florissant
de jeunesse, mais n'en étant que plus apte à
recueillir un héritage de forfaits : je viens
aujourd'hui vous demander une simple
récompense pour ce double meurtre. Seul de tous
ceux qui ont tué des tyrans, je vous ai, d'un coup,
débarrassés de deux pervers, en faisant périr le fils
par l'épée, le père par la tendresse qu'il avait pour
son fils. Le tyran a suffisamment expié les maux
qu'il nous a faits, lui qui, de son vivant, à la fin de
ses jours, a vu son fils tué avant lui, et a été forcé,
chose étonnante, de devenir lui-même tyrannicide.
Son fils est mort de ma main, mais il m'a servi,
mort, à accomplir un autre meurtre. Durant sa vie,
complice des crimes de son père ; après sa mort,
parricide autant qu'il pouvait l'être.
| [2] Τὴν μὲν οὖν τυραννίδα ὁ παύσας εἰμὶ ἐγὼ καὶ
τὸ ξίφος ὃ πάντα εἴργασται ἐμόν, τὴν δὲ τάξιν
ἐνήλλαξα τῶν φόνων καὶ τὸν τρόπον ἐκαινοτόμησα
τῆς τῶν πονηρῶν τελευτῆς, τὸν μὲν ἰσχυρότερον
καὶ ἀμύνασθαι δυνάμενον αὐτὸς ἀνελών,
τὸν γέροντα δὲ μόνῳ παραχωρήσας τῷ ξίφει.
| [2] Celui donc qui a mis fin à la tyrannie, c'est moi ;
et l'épée qui a tout fait, c'est la mienne. Seulement,
j'ai changé l'ordre des meurtres ; j'ai pris une route
nouvelle, pour punir deux scélérats : le premier,
plus vigoureux et capable de se défendre, je l'ai tué
de ma main ; à l'égard du vieillard, j'en ai remis le
soin à mon épée.
| [3] Ἐγὼ μὲν οὖν καὶ περιττότερόν τι ἐπὶ τούτοις
ᾤμην γενήσεσθαί μοι παρ´ ὑμῶν καὶ δωρεὰς
λήψεσθαι ἰσαρίθμους τοῖς ἀνῃρημένοις, ὡς ἂν
οὐ τῶν παρόντων ἀπαλλάξας ὑμᾶς μόνον, ἀλλὰ
καὶ τῆς τῶν μελλόντων κακῶν ἐλπίδος, καὶ τὴν
ἐλευθερίαν βέβαιον παρασχών, οὐδενὸς παραλελειμμένου
κληρονόμου τῶν ἀδικημάτων· μεταξὺ δὲ
κινδυνεύω τοσαῦτα κατορθώσας ἀγέραστος ἀπελθεῖν
παρ´ ὑμῶν καὶ μόνος στερέσθαι τῆς παρὰ τῶν
νόμων ἀμοιβῆς, οὓς διεφύλαξα.
Ὁ μὲν οὖν ἀντιλέγων οὑτοσὶ δοκεῖ μοι οὐ κηδόμενος,
ὥς φησι, τῶν κοινῶν αὐτὸ ποιεῖν, ἀλλ´
ἐπὶ τοῖς τετελευτηκόσι λελυπημένος καὶ ἀμυνόμενος
τὸν ἐκείνοις τοῦ θανάτου αἴτιον γεγενημένον.
| [3] J'espérais donc obtenir de vous aujourd'hui,
pour une pareille action, une récompense plus
généreuse, et j'attendais au moins des présents
égaux par leur nombre à celui de mes victimes, moi
qui ne vous ai pas seulement délivrés de vos maux
actuels, mais de la crainte de ceux qui vous
menaçaient dans l'avenir, et qui ai consolidé la
liberté de tous, en ne laissant respirer aucun
héritier de tant de crimes. Voici pourtant que je
cours le risque, après un si grand service, de me
retirer sans que vous m'en ayez accordé le prix, et
de me voir frustré au nom des lois mêmes que j'ai
maintenues. Aussi semble-t-il que mon adversaire,
quoi qu'il prétende, agisse moins pour servir
l'intérêt public que parce qu'il regrette ceux que j'ai
immolés et qu'il veut les venger sur l'auteur de leur
perte.
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