|
[22] Μετὰ δὲ τούτους οὐ φαύλους ὄντας, ὡς ἔγωγ´
ἂν εἴποιμι, ἄκουσον ἤδη τρίτον ἄλλον οὐδέν τι
χείρονα αὐτῶν.
Εὐδαμίδας Κορίνθιος Ἀρεταίῳ τῷ Κορινθίῳ καὶ
Χαριξένῳ τῷ Σικυωνίῳ φίλοις ἐκέχρητο εὐπόροις
οὖσι πενέστατος αὐτὸς ὤν· ἐπεὶ δὲ ἀπέθνησκε,
διαθήκας ἀπέλιπε τοῖς μὲν ἄλλοις ἴσως γελοίους,
σοὶ δὲ οὐκ οἶδα εἰ τοιαῦται δόξουσιν ἀνδρὶ ἀγαθῷ
καὶ φιλίαν τιμῶντι καὶ περὶ τῶν ἐν αὐτῇ πρωτείων
ἁμιλλωμένῳ· ἐγέγραπτο γὰρ ἐν αὐταῖς, "Ἀπο–
λείπω Ἀρεταίῳ μὲν τὴν μητέρα μου τρέφειν καὶ
γηροκομεῖν, Χαριξένῳ δὲ τὴν θυγατέρα μου
ἐκδοῦναι μετὰ προικὸς ὁπόσην ἂν πλείστην ἐπιδοῦναι
παρ´ αὑτοῦ δύνηται"—ἦν δὲ αὐτῷ καὶ
μήτηρ πρεσβῦτις καὶ θυγάτριον ὡραῖον ἤδη γάμου—
"ἢν δέ τι ἅτερος αὐτῶν ἐν τοσούτῳ πάθῃ, τὴν
ἐκείνου μερίδα," φησίν, "ἐχέτω ὁ ἕτερος."
τούτων ἀναγνωσθεισῶν τῶν διαθηκῶν οἱ τὴν
πενίαν μὲν εἰδότες τοῦ Εὐδαμίδα, τὴν φιλίαν δὲ
ἣ πρὸς τοὺς ἄνδρας ἦν αὐτῷ ἀγνοοῦντες ἐν παιδιᾷ
τὸ πρᾶγμα ἐποιοῦντο καὶ οὐδεὶς ὅστις οὐ γελῶν
ἀπηλλάττετο, "Οἷον Ἀρεταῖος καὶ Χαρίξενος οἱ
εὐδαίμονες κλῆρον διαδέξονται," λέγοντες, "εἴπερ
ἀποτίσουσιν Εὐδαμίδᾳ καὶ ζῶντες αὐτοὶ κληρονομήσονται
ὑπὸ τοῦ νεκροῦ."
| [22] Après ces deux amis, qui ne sont pas à dédaigner, selon moi, écoute
l'histoire d'un troisième qui ne leur est pas inférieur. Eudamidas de Corinthe
avait pour amis Arétée de Corinthe et Charixène de Sicyone. Ces deux
derniers étaient riches, tandis qu'Eudamidas était fort pauvre. En mourant,
il fit un testament, qui peut paraître ridicule à bien des gens, mais qui, je
n'en doute pas, aura l'approbation d'un homme de bien, honorant, comme
toi, l'amitié et combattant maintenant pour en obtenir le prix. Ce testament
était conçu en ces termes : "Je lègue à Arétée ma mère à nourrir et à soigner
dans sa vieillesse ; à Charixène, ma fille à établir avec une dot aussi belle
que le lui permettra sa fortune." Or, la mère d'Eudamidas était déjà vieille et
sa fille en âge d'être mariée. "Si l'un des deux vient à mourir, ajoutait-il, que
l'autre prenne la place du défunt." Quand on fit lecture de ce testament, tous
ceux qui connaissaient la pauvreté d'Eudamidas, mais qui ignoraient l'amitié
qui le liait à ces deux hommes, s'amusèrent de cette affaire, et s'en allèrent
en riant. On disait : "Quel bonheur pour Arétée et pour Charixène de
recevoir un si bel héritage et de faire honneur au legs d'Eudamidas ! Vivants,
ils ont un mort pour héritier."
| [23] Οἱ κληρονόμοι δὲ οἷς ταῦτα κατελέλειπτο,
ὡς ἤκουσαν, ἧκον εὐθὺς διαιτῶντες τὰ ἐκ τῶν
διαθηκῶν. ὁ μὲν οὖν Χαρίξενος πέντε μόνας
ἡμέρας ἐπιβιοὺς ἀπέθανεν, ὁ δὲ Ἀρεταῖος ἄριστος
κληρονόμων γενόμενος τήν τε αὑτοῦ καὶ τὴν
ἐκείνου μερίδα παραλαβὼν τρέφει τε τοῦ Εὐδαμίδα
τὴν μητέρα καὶ τὴν θυγατέρα οὐ πρὸ πολλοῦ
ἐκδέδωκεν, ἀπὸ ταλάντων πέντε ὧν εἶχεν δύο μὲν
τῇ ἑαυτοῦ θυγατρί, δύο δὲ τῇ τοῦ φίλου ἐπιδούς,
καὶ τὸν γάμον γε αὐταῖν ἐπὶ μιᾶς ἡμέρας ἠξίωσε
γενέσθαι.
Τί σοι δοκεῖ, ὦ Τόξαρι, ὁ Ἀρεταῖος οὗτος;
ἆρα φαῦλον παράδειγμα φιλίας παρεσχῆσθαι τοιαῦτα
κληρονομήσας καὶ μὴ προδοὺς τὰς διαθήκας τοῦ
φίλου; ἢ τίθεμεν καὶ τοῦτον ἐν ταῖς τελείαις
ψήφοις μίαν τῶν πέντε εἶναι;
ΤΟΞΑΡΙΣ.
Καὶ οὗτος μὲν καλός· ἐγὼ δὲ τὸν Εὐδαμίδαν
πολὺ μᾶλλον ἐθαύμασα τοῦ θάρσους ὃ εἶχεν ἐπὶ
τοῖς φίλοις. ἐδήλου γὰρ ὡς καὶ αὐτὸς ἂν τὰ
ὅμοια ἔπραξεν ἐπ´ αὐτοῖς, εἰ μὴ καὶ ἐν διαθήκαις
ταῦτα ἐνεγέγραπτο, ἀλλὰ πρὸ τῶν ἄλλων ἧκεν
ἂν ἄγραφος κληρονόμος τῶν τοιούτων.
| [23] Mais à peine nos légataires ont-ils connu ce qui leur a été laissé, qu'ils
accourent, et demandent la délivrance de leur part de succession.
Cependant Charixène meurt cinq jours après : alors Arétée, se montrant le
plus généreux des héritiers, prend la part léguée à Charixène. Il nourrit la
mère d'Eudamidas, et quelque temps après marie sa fille. De cinq talents
qu'il possédait, il en donna deux à celle-ci et deux à sa propre fille, et voulut
que leur mariage fût célébré le même jour. Que dis-tu, Toxaris, de cet Arétée ?
A-t-il donné un faible exemple de son amitié, en acceptant un pareil legs,
et en ne trahissant pas les dispositions testamentaires de son ami ? Ou bien
le mettons-nous au rang de ces suffrages parfaits, dont on trouve un sur cinq ?
TOXARIS. J'avoue qu'il s'est bien conduit, mais j'admire bien plus encore la
confiance d'Eudamidas en ses amis. Elle prouve qu'il aurait fait pour eux ce
qu'ils firent pour lui, quand même il n'en aurait pas été prié par testament,
et qu'il se serait présenté avant tous les autres pour réclamer un pareil
héritage, sans en avoir été nommé légataire.
| [24] ΜΝΗΣΙΠΠΟΣ.
Εὖ λέγεις. τέταρτον δέ σοι διηγήσομαι Ζηνόθεμιν
τὸν Χαρμόλεω Μασσαλίηθεν.
Ἐδείχθη δέ μοι ἐν Ἰταλίᾳ πρεσβεύοντι ὑπὲρ
τῆς πατρίδος, καλὸς ἀνὴρ καὶ μέγας καὶ πλούσιος,
ὡς ἐδόκει· παρεκάθητο δὲ αὐτῷ γυνὴ ἐπὶ ζεύγους
ὁδοιποροῦντι τά τε ἄλλα εἰδεχθὴς καὶ ξηρὰ τὸ
ἥμισυ τὸ δεξιὸν καὶ τὸν ὀφθαλμὸν ἐκκεκομμένη,
παλλώβητόν τι καὶ ἀπρόσιτον μορμολυκεῖον. εἶτα
ἐπεὶ ἐθαύμασα εἰ καλὸς οὗτος καὶ ὡραῖος ὢν
ἀνέχεται παροχουμένην τοιαύτην αὐτῷ γυναῖκα,
ὁ δείξας αὐτὸν διηγεῖτό μοι τὴν ἀνάγκην τοῦ
γάμου ἀκριβῶς εἰδὼς ἕκαστα· Μασσαλιώτης δὲ
καὶ αὐτὸς ἦν.
"Μενεκράτει γάρ," ἔφη, "τῷ πατρὶ τῆς δυσμόρφου
ταύτης φίλος ἦν ὁ Ζηνόθεμις, πλουτοῦντι καὶ
τιμωμένῳ ὁμότιμος ὤν. χρόνῳ δὲ ὁ Μενεκράτης
ἀφῃρέθη τὴν οὐσίαν ἐκ καταδίκης, ὅτεπερ καὶ
ἄτιμος ἐγένετο ὑπὸ τῶν ἑξακοσίων ὡς ἀποφηνάμενος
γνώμην παράνομον. οὕτω δὲ οἱ Μασσαλιῶται
κολάζομεν," ἔφη, "εἴ τις παράνομα γράψειεν.
ἐλυπεῖτο οὖν ὁ Μενεκράτης καὶ ἐπὶ τῇ καταδίκῃ,
ἐπεὶ ἐκ πλουσίου πένης καὶ ἐξ ἐνδόξου ἄδοξος ἐν
ὀλίγῳ ἐγένετο· μάλιστα δὲ αὐτὸν ἠνία θυγάτηρ
αὕτη, ἐπίγαμος ἤδη καὶ ὀκτωκαιδεκαέτις οὖσα,
ἣν οὐδὲ μετὰ πάσης τῆς οὐσίας τοῦ πατρὸς ἣν
πρὸ τῆς καταδίκης ἐκέκτητο ἠξίωσεν ἄν τις τῶν
γε εὐγενῶν καὶ πενήτων ῥᾳδίως παραλαβεῖν,
οὕτως κακοδαίμονα οὖσαν τὴν ὄψιν. ἐλέγετο δὲ
καὶ καταπίπτειν πρὸς τὴν σελήνην αὐξανομένην.
| [24] MNÉSIPPE. Tu as raison. Ma quatrième histoire est celle de Zénothémis,
de Massalie, fils de Charmolée. On me l'a montré, il y a quelque temps,
en Italie, où j'étais envoyé en députation par mes concitoyens. C'était un bel
homme, d'une grande taille, et qui semblait riche. A côté de lui était assise,
sur son char, une femme, affreusement laide : la moitié droite de son corps
était desséchée, elle avait un oeil éraillé ; en un mot, c'était un monstre
horriblement traité par la nature, un spectre effrayant. Je m'étonnais de ce
qu'un si bel homme eût à ses côtés une pareille femme ; mais celui qui
m'avait montré Zénothémis m'apprit la nécessité où il avait été de contracter
ce mariage ; il connaissait parfaitement toute cette histoire, étant lui-même
de Massalie. "Zénothémis, me dit-il, avait pour ami Ménécrate, père de cette
femme si laide ; c'était un homme riche, honoré, et d'un rang égal à celui de
Zénothémis. Plus tard Ménécrate se vit privé de son bien par une
condamnation du conseil des Six-Cents pour avoir proposé un décret
contraire aux lois. C'est ainsi que nous autres Massaliotes , ajouta-t-il, nous
punissons ceux qui font des propositions illégales. Ménécrate fut sensible à
une condamnation qui, en si peu de temps, de riche le faisait pauvre, et nul
de considérable qu'il était. Mais ce qui surtout le chagrinait, c'était de ne
plus pouvoir marier sa fille, déjà nubile, âgée de dix-huit ans, dont personne,
fût-ce le dernier des roturiers et des pauvres, n'aurait voulu avec tout le bien
que possédait son père, avant sa condamnation, vu sa laideur si repoussante.
On disait de plus qu'elle tombait du haut mal au croissant de la lune.
| | |