HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Toxaris ou l'Amitié

Chapitres 58-60

  Chapitres 58-60

[58] ἐσκοπούμεθα δὲ περὶ τῶν παρόντων τι πράξομεν, ἄποροι παντάπασιν ἐν τῇ ἀλλοδαπῇ γενόμενοι. κἀμοὶ μὲν ἐδόκει ὡς εἶχον αὐτοῦ παραβύσαντα ἐς τὴν πλευρὰν τὸν ἀκινάκην ἀπελθεῖν τοῦ βίου πρὶν ἀγεννές τι ὑποστῆναι λιμῷ δίψει πιεσθέντα, δὲ Σισίννης παρεμυθεῖτο καὶ ἱκέτευεν μηδὲν τοιοῦτο ποιεῖν· αὐτὸς γὰρ ἐπινοήσειν ὅθεν ἕξομεν ἱκανῶς τὰς τροφάς. Καὶ τότε μὲν ξύλα ἐκ τοῦ λιμένος παρεκόμισεν καὶ ἧκεν ἡμῖν ἀπὸ τοῦ μισθοῦ ἐπισιτισάμενος· ἕωθεν δὲ περιιὼν κατὰ τὴν ἀγορὰν εἶδε προπομπήν τινα, ὡς ἔφη, γενναίων καὶ καλῶν νεανίσκων. μονομαχεῖν δὲ οὗτοι ἐπὶ μισθῷ ἀνδρολογηθέντες εἰς τρίτην ἡμέραν διαγωνιεῖσθαι ἔμελλον. καὶ δὴ τὸ πᾶν ὡς εἶχεν ἀμφ´ αὐτοὺς πυθόμενος, ἐλθὼν ὡς ἐμέ, "Μηκέτι, Τόξαρι," ἔφη, "σαυτὸν πένητα λέγε, εἰς γὰρ τρίτην ἡμέραν πλούσιόν σε ἀποφανῶ." [58] Nous délibérions sur le parti à prendre en cette conjoncture, privés de tout dans un pays étranger. Pour moi ; j'étais résolu à me plonger mon cimeterre dans le flanc et à sortir de la vie, plutôt que de m'abaisser à quelque chose de vil sous l'empire de la faim et de la soif. - Mais Sisinnès relève mon courage, me supplie de n'en rien faire, et m'assure qu'il trouvera bientôt un moyen de subsister. En effet, il va sur le port, s'offre à porter du bois, et revient en nous rapportant des vivres, échangés contre le prix de son travail. Le lendemain, au point du jour, il voit, suivant son propre récit, en se promenant sur la place publique, une troupe de jeunes gens braves et bien faits. On les avait enrôlés, moyennant un salaire, pour combattre dans des jeux qui devaient avoir lieu le troisième jour. Sisinnès, instruit par eux de tout ce qui devait se passer, vient à moi : "Ne dis plus que tu es pauvre, Toxaris, me dit-il; dans trois jours je te ferai riche."
[59] Ταῦτα εἶπε, καὶ πονηρῶς τὸ μεταξὺ ἀποζήσαντες, ἐνστάσης ἤδη τῆς θέας ἐθεώμεθα καὶ αὐτοί· παραλαβὼν γάρ με ὡς ἐπὶ τερπνόν τι καὶ παράδοξον θέαμα τῶν Ἑλληνικῶν ἄγει εἰς τὸ θέατρον. καὶ καθίσαντες ἑωρῶμεν τὸ μὲν πρῶτον θηρία κατακοντιζόμενα καὶ ὑπὸ κυνῶν διωκόμενα καὶ ἐπ´ ἀνθρώπους δεδεμένους ἀφιέμενα, κακούργους τινάς, ὡς εἰκάζομεν. ἐπεὶ δὲ εἰσῆλθον οἱ μονομάχοι καί τινα παραγαγὼν κῆρυξ εὐμεγέθη νεανίσκον εἶπεν, ὅστις ἂν ἐθέλῃ τούτῳ μονομαχῆσαι, ἥκειν εἰς τὸ μέσον δραχμὰς ληψόμενον μυρίας μισθὸν τῆς μάχης, ἐνταῦθα ἐξανίσταται Σισίννης καὶ καταπηδήσας ὑπέστη μαχεῖσθαι καὶ τὰ ὅπλα ᾔτει, καὶ τὸν μισθὸν λαβών, τὰς μυρίας ἐμοὶ φέρων ἐνεχείρισε, καὶ "Εἰ μὲν κρατήσαιμι, Τόξαρι," εἶπεν, "ἅμα ἄπιμεν ἔχοντες τὰ ἀρκοῦντα, ἢν δὲ πέσω, θάψας με ὑποχώρει ὀπίσω ἐς Σκύθας." [59] Il me parle ainsi, et, durant cet intervalle, nous vivons assez misérablement. Le jour du spectacle arrivé, nous nous y rendons comme tout le monde. Sisinnès veut absolument que j'y assiste comme à un divertissement curieux et extraordinaire des Grecs. Il me conduit au théâtre. Lorsque nous sommes assis, nous voyons d'abord des bêtes sauvages piquées avec des traits, poursuivies par des chiens et lancées sur des hommes enchaînés, qui étaient sans doute des criminels. Ensuite ceux qui devaient combattre seul à seul s'étant avancés, un héraut qui conduisait au milieu de la lige un jeune homme de haute taille : "Si quelqu'un veut combattre avec ce jeune homme, dit-il, qu'il se présente, il recevra dix mille drachmes, pour prix du combat. " A ces mots, Sisinnès se lève, saute d'un bond dans l'arène, s'offre pour combattre, et demande des armes ; puis il prend les dix mille drachmes de salaire, les apporte, et, me les mettant dans les mains. "Si je suis vainqueur, Toxaris, me dit-il, nous aurons de quoi continuer notre voyage ; si je succombe, rends-moi les honneurs de la sépulture et retourne en Scythie." En l'entendant, je ne puis retenir mes pleurs.
[60] Ἐγὼ μὲν ἐπὶ τούτοις ἐκώκυον, δὲ λαβὼν τὰ ὅπλα τὰ μὲν ἄλλα περιεδήσατο, τὸ κράνος δὲ οὐκ ἐπέθηκεν, ἀλλ´ ἀπὸ γυμνῆς τῆς κεφαλῆς καταστὰς ἐμάχετο. καὶ τὸ μὲν πρῶτον τιτρώσκεται αὐτός, καμπύλῳ τῷ ξίφει ὑποτμηθεὶς τὴν ἰγνύαν, ὥστε αἷμα ἔρρει πολύ· ἐγὼ δὲ προετεθνήκειν ἤδη τῷ δέει. θρασύτερον δὲ ἐπιφερόμενον τηρήσας τὸν ἀντίπαλον παίει εἰς τὸ στέρνον καὶ διήλασεν, ὥστε αὐτίκα ἐπεπτώκει πρὸ τοῖν ποδοῖν αὐτοῦ. δὲ κάμνων καὶ αὐτὸς ἀπὸ τοῦ τραύματος ἐπεκάθιζε τῷ νεκρῷ, καὶ μικροῦ δεῖν ἀφῆκεν αὐτὸν ψυχή, ἀλλ´ ἐγὼ προσδραμὼν ἀνέστησα καὶ παρεμυθησάμην. ἐπεὶ δὲ ἀφεῖτο ἤδη νενικηκώς, ἀράμενος αὐτὸν ἐκόμισα εἰς τὴν οἰκίαν· καὶ ἐπὶ πολὺ θεραπευθεὶς ἐπέζησε μὲν καὶ ἔστι μέχρι νῦν ἐν Σκύθαις, γήμας τὴν ἐμὴν ἀδελφήν· χωλὸς δέ ἐστιν ὅμως ἀπὸ τοῦ τραύματος. Τοῦτο, Μνήσιππε, οὐκ ἐν Μάχλυσιν οὐδὲ ἐν Ἀλανίᾳ ἐγένετο, ὡς ἀμάρτυρον εἶναι καὶ ἀπιστεῖσθαι δύνασθαι, ἀλλὰ πολλοὶ πάρεισιν Ἀμαστριανῶν μεμνημένοι τὴν μάχην τοῦ Σισίννου. [60] Mais lui, prenant ses armes, s'en revêt ; et, dédaignant de se couvrir d'un casque, il s'avance au combat la tête nue. D'abord il est blessé ; un coup de cimeterre lui entame le genou ; le sang coule avec abondance, et je me sens glacé de frayeur. Mais Sisinnès, observant son ennemi qui s'élançait avec trop de confiance, le frappe en pleine poitrine et le renverse mort à ses pieds : bientôt, affaibli par sa blessure, il s'assied sur celui qu'il venait de tuer, et peu s'en faut qu'il n'expire lui-même. J'accours, je le relève, je le console, et, quand il a été déclaré vainqueur, je le prends et le porte à notre logis. Il se rétablit peu à peu, grâce à mes soins, et il est maintenant en Scythie, où il a épousé ma soeur, mais il est demeuré boiteux de sa blessure. Ceci, Mnésippe, ne s'est point passé chez les Machlyens ni chez les Alains, et l'on ne peut refuser de le croire, sous prétexte qu'il n'y avait pas de témoins ; mais tout Ametris y était, et se souvient encore du combat de Sisinnès.


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Dernière mise à jour : 6/05/2009