HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Toxaris ou l'Amitié

Chapitres 61-63

  Chapitres 61-63

[61] Πέμπτον ἔτι σοι τὸ Ἀβαύχα ἔργον διηγησάμενος παύσομαι. ἧκέν ποτε οὗτος Ἀβαύχας εἰς τὴν Βορυσθενιτῶν πόλιν ἐπαγόμενος καὶ γυναῖκα, ἧς ἤρα μάλιστα, καὶ παιδία δύο· τὸ μὲν ἐπιμαστίδιον ἄρρεν, τὸ δὲ ἕτερον, κόρη, ἑπτέτις ἦν. συναπεδήμει δὲ καὶ ἑταῖρος αὐτοῦ, Γυνδάνης, οὗτος μὲν καὶ νοσῶν ἀπὸ τραύματος ἐτέτρωτο κατὰ τὴν ὁδὸν ὑπὸ λῃστῶν ἐπιπεσόντων σφίσι· διαμαχόμενος γὰρ πρὸς αὐτοὺς ἐλαύνεται εἰς τὸν μηρόν, ὥστε οὐδὲ ἑστάναι ἐδύνατο ὑπὸ τῆς ὀδύνης. νύκτωρ δὲ καθευδόντωνἔτυχον δὲ ἐν ὑπερῴῳ τινὶ οἰκοῦντεςπυρκαϊὰ μεγάλη ἐξανίσταται καὶ πάντα περιεκλείετο καὶ περιεῖχεν φλὸξ ἁπανταχόθεν τὴν οἰκίαν. ἐνταῦθα δὴ ἀνεγρόμενος Ἀβαύχας καταλιπὼν τὰ παιδία κλαυθμυριζόμενα καὶ τὴν γυναῖκα ἐκκρεμαννυμένην ἀποσεισάμενος καὶ σώζειν αὑτὴν παρακελευσάμενος, ἀράμενος τὸν ἑταῖρον κατῆλθεν καὶ ἔφθη διεκπαίσας καθ´ μηδέπω τελέως ἀπεκέκαυτο ὑπὸ τοῦ πυρός. γυνὴ δὲ φέρουσα τὸ βρέφος εἵπετο, ἀκολουθεῖν κελεύσασα καὶ τὴν κόρην. δὲ ἡμίφλεκτος ἀφεῖσα τὸ παιδίον ἐκ τῆς ἀγκάλης μόλις διεπήδησε τὴν φλόγα, καὶ παῖς σὺν αὐτῇ, παρὰ μικρὸν ἐλθοῦσα κἀκείνη ἀποθανεῖν. καὶ ἐπεὶ ὠνείδισέν τις ὕστερον τὸν Ἀβαύχαν διότι προδοὺς τὰ τέκνα καὶ τὴν γυναῖκα δὲ Γυνδάνην ἐξεκόμισεν, "Ἀλλὰ παῖδας μέν," ἔφη, "καὶ αὖθις ποιήσασθαί μοι ῥᾴδιον, καὶ ἄδηλον εἰ ἀγαθοὶ ἔσονται οὗτοι· φίλον δὲ οὐκ ἂν εὕροιμι ἄλλον ἐν πολλῷ χρόνῳ τοιοῦτον οἷος Γυνδάνης ἐστίν, πεῖράν μοι πολλὴν τῆς εὐνοίας παρεσχημένος." [61] Quand je t'aurai raconté pour le cinquième exemple l'action d'Abauchas, j'aurai fini. Abauchas était venu dans une ville des Borysthénites, conduisant avec lui sa femme qu'il chérissait tendrement, et deux enfants, l'un petit garçon à la mamelle ; l'autre petite fille de sept ans. Il avait pour compagnon de voyage Gyndanès, son ami, malade encore d'une blessure reçue en les défendant contre des voleurs qui les avaient attaqués sur la route. Dans le combat qu'il avait soutenu pour eux, il avait été frappé si violemment à la cuisse, que la douleur l'empêchait de se tenir debout. La nuit, pendant leur sommeil, le feu prend à la maison, dont ils occupaient, par hasard, l'étage supérieur. L'incendie les gagne, ferme les issues, et la flamme environne la maison de toutes parts. Abauchas se réveille, et, laissant ses enfants qui criaient, repoussant même sa femme, qui s'attachait à lui et à laquelle il crie de se sauver, il court à son ami, l'emporte dans ses bras, descend et s'élance hors de la maison par un endroit que la flamme n'avait pas encore tout à fait envahi. Sa femme le suivait portant son enfant, et accompagnée de sa fille, qu'elle entraînait avec elle. Mais, à demi brûlée, elle laisse tomber son enfant de ses bras, et c'est à peine si elle peut échapper au feu, et sa fille à sa suite, après avoir été en grand danger de périr. Quelque temps après, comme on reprochait à Abauchas d'avoir abandonné sa femme et ses enfants pour sauver Gyndanès : "Il me sera aisé, répondit-il, d'avoir d'autres enfants, et je ne sais s'ils seront vertueux ; mais je ne pourrais de longtemps retrouver d'autre ami, tel que Gyndanès, et qui m'ait donné autant de preuves de son attachement."
[62] Εἴρηκα, Μνήσιππε, ἀπὸ πολλῶν πέντε τούτους προχειρισάμενος. ἤδη δὲ καιρὸς ἂν εἴη κεκρίσθαι ὁπότερον ἡμῶν τὴν γλῶτταν τὴν δεξιὰν ἀποτετμῆσθαι δέοι. τίς οὖν δικάσων ἐστίν; ΜΝΗΣΙΠΠΟΣ. Οὐδὲ εἷς· οὐ γὰρ ἐκαθίσαμέν τινα δικαστὴν τοῦ λόγου. ἀλλ´ οἶσθα δράσωμεν; ἐπειδὴ νῦν ἄσκοπα τετοξεύκαμεν, αὖθις ἑλόμενοι διαιτητὴν ἄλλους ἐπ´ ἐκείνῳ εἴπωμεν φίλους, εἶτα ὃς ἂν ἥττων γένηται, ἀποτετμήσεται τότε, ἐγὼ τὴν γλῶτταν σὺ τὴν δεξιάν. τοῦτο μὲν ἄγροικον, ἐπεὶ δὲ καὶ σὺ φιλίαν ἐπαινεῖν ἔδοξας, ἐγὼ δὲ οὐδὲν ἄλλο ἡγοῦμαι ἀνθρώποις εἶναι τούτου κτῆμα ἄμεινον κάλλιον, τί οὐχὶ καὶ ἡμεῖς συνθέμενοι πρὸς ἡμᾶς αὐτοὺς φίλοι τε αὐτόθεν εἶναι καὶ εἰσαεὶ ἔσεσθαι ἀγαπῶμεν ἄμφω νικήσαντες, τὰ μέγιστα ἆθλα προσλαβόντες, ἀντὶ μιᾶς γλώττης καὶ μιᾶς δεξιᾶς δύο ἑκάτερος ἐπικτησάμενοι καὶ προσέτι γε καὶ ὀφθαλμοὺς τέτταρας καὶ πόδας τέτταρας καὶ ὅλως διπλᾶ πάντα; τοιοῦτόν τι γάρ ἐστι συνελθόντες δύο τρεῖς φίλοι, ὁποῖον τὸν Γηρυόνην οἱ γραφεῖς ἐνδείκνυνται, ἄνθρωπον ἑξάχειρα καὶ τρικέφαλον· ἐμοὶ γὰρ δοκεῖν, τρεῖς ἐκεῖνοι ἦσαν ἅμα πράττοντες πάντα, ὥσπερ ἐστὶ δίκαιον φίλους γε ὄντας. [62] Ma tâche est remplie, Mnésippe ; voilà cinq histoires sur un grand nombre que je pourrais citer. Il est temps, à présent, que l'on prononce lequel de nous deux a mérité de perdre la langue ou la main. Qui décidera ? MNÉSIPPE. Personne ! car nous n'avons pas établi de juge de nos discours. Mais sais-tu ce qu'il faut faire ? Puisque nous avons lancé nos traits en l'air, nous choisirons, une autre fois, un arbitre, devant qui nous rapporterons d'autres exemples d'amitié ; et alors celui qui perdra son procès, perdra, moi la langue, et toi la main. Mais non, ce serait un procédé sauvage. Puisque tu as une si haute opinion de l'amitié, et que, moi, je la regarde comme le bien le plus précieux et le plus beau que possèdent les hommes, qui nous empêche de nous unir par un pacte solennel, d'être amis de ce moment même et de nous faire un devoir de l'être pour toujours ? Nous sommes vainqueurs tous les deux, et nous remportons un grand prix de notre victoire ; car, au lieu d'une langue et d'une main droite, chacun en aura deux, et, qui plus est, quatre yeux et quatre pieds, tout en double. Deux ou trois amis qui s'unissent deviennent quelque chose comme Géryon, que les peintres représentent avec trois têtes et six bras. C'est, à mon avis, l'emblème de trois amis qui agissent toujours de concert, comme le doivent ceux qui s'aiment.
[63] ΤΟΞΑΡΙΣ. Εὖ λέγεις· καὶ οὕτω ποιῶμεν. ΜΝΗΣΙΠΠΟΣ. Ἀλλὰ μήτε αἵματος, Τόξαρι, μήτε ἀκινάκου δεώμεθα τὴν φιλίαν ἡμῖν βεβαιώσοντος· γὰρ λόγος παρὼν καὶ τὸ τῶν ὁμοίων ὀρέγεσθαι πολὺ πιστότερα τῆς κύλικος ἐκείνης ἣν πίνετε, ἐπεὶ τά γε τοιαῦτα οὐκ ἀνάγκης ἀλλὰ γνώμης δεῖσθαί μοι δοκεῖ. ΤΟΞΑΡΙΣ. Ἐπαινῶ ταῦτα, καὶ ἤδη ὦμεν φίλοι καὶ ξένοι, ἐμοὶ μὲν σὺ ἐνταῦθα ἐπὶ τῆς Ἑλλάδος, ἐγὼ δὲ σοὶ εἴ ποτε ἐς τὴν Σκυθίαν ἀφίκοιο. ΜΝΗΣΙΠΠΟΣ. Καὶ μήν, εὖ ἴσθι, οὐκ ἂν ὀκνήσαιμι καὶ ἔτι πορρωτέρω ἐλθεῖν, εἰ μέλλω τοιούτοις φίλοις ἐντεύξεσθαι οἷος σύ, Τόξαρι, διεφάνης ἡμῖν ἀπὸ τῶν λόγων. [63] TOXARIS. Tu as raison : agissons ainsi. MNÉSIPPE. Mais pas de sang, Toxaris, pas de cimeterre; nous n'en avons pas besoin pour affermir notre amitié. L'entretien que nous venons d'avoir et la conformité de nos sentiments seront des garants plus certains de notre constance que la coupe où vous buvez : car en ceci, c'est, selon moi, la volonté, non la nécessité qui fait tout. TOXARIS. Je t'approuve : soyons donc amis, soyons hôtes; tu seras le mien en Grèce, et moi le tien, si jamais tu viens en Scythie. MNÉSIPPE. Sois-en certain : je ne balancerais pas à aller plus loin encore, si je devais y trouver des amis tels que tes discours, Toxaris, t'ont fait voir à mes yeux.


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Dernière mise à jour : 6/05/2009