HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Toxaris ou l'Amitié

Chapitres 4-6

  Chapitres 4-6

[4] ΜΝΗΣΙΠΠΟΣ. Λέγοις ἂν ἤδη τι τὸ σεμνὸν καὶ θεῖον ἄλλο ἐξειργάσαντο· ἐπεὶ ὅσον ἐπὶ τῷ πλῷ καὶ τῇ ἀποδημίᾳ πολλοὺς ἄν σοι θειοτέρους ἐκείνων ἀποδείξαιμι, τοὺς ἐμπόρους, καὶ μάλιστα τοὺς Φοίνικας αὐτῶν, οὐκ εἰς τὸν Πόντον οὐδὲ ἄχρι τῆς Μαιώτιδος καὶ τοῦ Βοσπόρου μόνον ἐσπλέοντας, ἀλλὰ πανταχοῦ τῆς Ἑλληνικῆς καὶ βαρβαρικῆς θαλάττης ναυτιλλομένους· ἅπασαν γὰρ οὗτοι ἀκτὴν καὶ πάντα αἰγιαλόν, ὡς εἰπεῖν, διερευνησάμενοι καθ´ ἕκαστον ἔτος ὀψὲ τοῦ μετοπώρου εἰς τὴν αὐτῶν ἐπανίασιν. οὓς κατὰ τὸν αὐτὸν λόγον θεοὺς νόμιζε, καὶ ταῦτα καπήλους καὶ ταριχοπώλας, εἰ τύχοι, τοὺς πολλοὺς αὐτῶν ὄντας. [4] MNÉSIPPE. Dis-moi donc ce qu'ils ont fait de si grand et de si divin. Si c'est leur navigation et leur voyage que tu admires, je pourrais te montrer des marchands qui mériteraient mieux vos autels ; les Phéniciens, entre autres, qui ne naviguent pas seulement sur l'Euxin, jusqu'aux Méotides et au Bosphore, mais qui parcourent toutes les mers grecques et barbares, visitent, durant l'été, tout rivage, toute plage, pour ainsi dire, et ne retournent chez eux que vers la fin de l'automne. A ton compte il faut aussi les regarder comme des dieux, et ce ne sont tout bonnement pour la plupart que des trafiquants et des marchands de poisson salé.
[5] ΤΟΞΑΡΙΣ. Ἄκουε δή, θαυμάσιε, καὶ σκόπει καθ´ ὅσον ἡμεῖς οἱ βάρβαροι εὐγνωμονέστερον ὑμῶν περὶ τῶν ἀγαθῶν ἀνδρῶν κρίνομεν, εἴ γε ἐν Ἄργει μὲν καὶ Μυκήναις οὐδὲ τάφον ἔνδοξον ἔστιν ἰδεῖν Ὀρέστου Πυλάδου, παρ´ ἡμῖν δὲ καὶ νεὼς ἀποδέδεικται αὐτοῖς ἅμα ἀμφοτέροις, ὥσπερ εἰκὸς ἦν, ἑταίροις γε οὖσι, καὶ θυσίαι προσάγονται καὶ ἄλλη τιμὴ ἅπασα, κωλύει τε οὐδὲν ὅτι ξένοι ἦσαν ἀλλὰ μὴ Σκύθαι ἀγαθοὺς κεκρίσθαι καὶ ὑπὸ Σκυθῶν τῶν ἀρίστων θεραπεύεσθαι. οὐ γὰρ ἐξετάζομεν ὅθεν οἱ καλοὶ καὶ ἀγαθοί εἰσιν, οὐδὲ φθονοῦμεν εἰ μὴ φίλοι ὄντες ἀγαθὰ εἰργάσαντο, ἐπαινοῦντες δὲ ἔπραξαν, οἰκείους αὐτοὺς ἀπὸ τῶν ἔργων ποιούμεθα. " δὲ δὴ μάλιστα καταπλαγέντες τῶν ἀνδρῶν ἐκείνων ἐπαινοῦμεν τοῦτό ἐστιν, ὅτι ἡμῖν ἔδοξαν φίλοι οὗτοι δὴ ἄριστοι ἁπάντων γεγενῆσθαι καὶ τοῖς ἄλλοις νομοθέται καταστῆναι ὡς χρὴ τοῖς φίλοις ἁπάσης τύχης κοινωνεῖν. [5] TOXARIS. Apprends, mon cher, que les Scythes, traités par vous de barbares, ont conçu des hommes de bien une plus haute idée que les Grecs. On ne pourrait pas trouver dans Argos ou à Mycènes un tombeau remarquable d’Oreste et de Pylade, et chez nous ils ont un temple consacré à tous les deux à la fois, en leur qualité d'amis. Nous leur offrons des victimes, nous leur rendons toutes sortes d’honneurs ; et rien n'empêche, parce qu'ils sont étrangers, et non pas Scythes, que nous les estimions hommes de bien. Nous ne nous informons pas de quel pays sont les gens vertueux, et nous ne sommes pas jaloux, fussent-ils nos ennemis, des belles actions qu'ils ont faites. En louant leur conduite, nous leur accordons pour leurs oeuvres le droit de cité. Mais ce que nous estimons surtout dans ces hommes éminents, c'est qu'ils sont, à nos yeux, les plus parfaits de tous les amis : on peut les proposer aux autres comme des législateurs qui leur apprennent comment il faut partager la bonne et la mauvaise fortune, et mériter ainsi le respect des Scythes les plus vertueux.
[6] καὶ γε μετ´ ἀλλήλων ὑπὲρ ἀλλήλων ἔπαθον ἀναγράψαντες οἱ πρόγονοι ἡμῶν ἐπὶ στήλης χαλκῆς ἀνέθεσαν εἰς τὸ Ὀρέστειον, καὶ νόμον ἐποιήσαντο πρῶτον τοῦτο μάθημα καὶ παίδευμα τοῖς παισὶ τοῖς σφετέροις εἶναι τὴν στήλην ταύτην καὶ τὰ ἐπ´ αὐτῆς γεγραμμένα διαμνημονεῦσαι. θᾶττον γοῦν τοὔνομ´ ἂν ἕκαστος αὐτῶν ἐπιλάθοιτο τοῦ πατρὸς τὰς Ὀρέστου καὶ Πυλάδου πράξεις ἀγνοήσειεν. Ἀλλὰ καὶ ἐν τῷ περιβόλῳ τοῦ νεὼ τὰ αὐτὰ ὁπόσα στήλη δηλοῖ γραφαῖς ὑπὸ τῶν παλαιῶν εἰκασμένα δείκνυται, πλέων Ὀρέστης ἅμα τῷ φίλῳ, εἶτα ἐν τοῖς κρημνοῖς διαφθαρείσης αὐτῷ τῆς νεὼς συνειλημμένος καὶ πρὸς τὴν θυσίαν παρεσκευασμένος, καὶ Ἰφιγένεια ἤδη κατάρχεται αὐτῶν. καταντικρὺ δὲ ἐπὶ τοῦ ἑτέρου τοίχου ἤδη ἐκδεδυκὼς τὰ δεσμὰ γέγραπται καὶ φονεύων τὸν Θόαντα καὶ πολλοὺς ἄλλους τῶν Σκυθῶν, καὶ τέλος ἀποπλέοντες, ἔχοντες τὴν Ἰφιγένειαν καὶ τὴν θεόν. οἱ Σκύθαι δὲ ἄλλως ἐπιλαμβάνονται τοῦ σκάφους ἤδη πλέοντος, ἐκκρεμαννύμενοι τῶν πηδαλίων καὶ ἐπαναβαίνειν πειρώμενοι· εἶτ´ οὐδὲν ἀνύσαντες οἱ μὲν αὐτῶν τραυματίαι, οἱ δὲ καὶ δέει τούτου, ἀπονήχονται πρὸς τὴν γῆν. ἔνθα δὴ καὶ μάλιστα ἴδοι τις ἂν ὁπόσην ὑπὲρ ἀλλήλων εὔνοιαν ἐπεδείκνυντο, ἐν τῇ πρὸς τοὺς Σκύθας συμπλοκῇ. πεποίηκεν γὰρ γραφεὺς ἑκάτερον ἀμελοῦντα μὲν τῶν καθ´ ἑαυτὸν πολεμίων, ἀμυνόμενον δὲ τοὺς ἐπιφερομένους θατέρῳ καὶ πρὸ ἐκείνου ἀπαντᾶν πειρώμενον τοῖς τοξεύμασιν καὶ παρ´ οὐδὲν τιθέμενον εἰ ἀποθανεῖται σώσας τὸν φίλον καὶ τὴν ἐπ´ ἐκεῖνον φερομένην πληγὴν προαρπάσας τῷ ἑαυτοῦ σώματι. [6] L'histoire de ce qu'ils ont souffert ensemble, ou l'un pour l'autre, a été gravée par nos ancêtres sur une colonne d'airain, placée dans le temple d'Oreste, et il a été ordonné par une loi que l'inscription de cette colonne servirait au premier enseignement, à l'éducation élémentaire des enfants, tenus d'apprendre par coeur le récit qui s'y trouve gravé. Aussi un enfant oublierait plutôt le nom de son père, qu'il n'ignorerait les actions d'Oreste et de Pylade. Outre cela, tout ce qui est inscrit sur la colonne est représenté sur le pourtour du temple dans des peintures qu'ont fait faire nos aïeux. On y voit Oreste naviguant avec son ami : bientôt leur vaisseau est brisé contre les écueils. Oreste est pris : il est tout prêt à être immolé, déjà même Iphigénie va frapper les victimes. Vis-à-vis, sur le mur parallèle, Oreste est figuré délivré de ses chaînes et tuant Thoas avec une foule d'autres Scythes. Enfin les deux amis se rembarquent, emmenant avec eux Iphigénie et la déesse. Les Scythes veulent en vain arrêter le vaisseau, qui fend déjà les vagues ; ils se suspendent au gouvernail, ils essayent de monter ; mais leurs efforts sont inutiles ; les uns blessés, les autres craignant de l'être, regagnent en nageant le rivage. C'est ici surtout qu'on voit éclater la tendresse des deux amis l'un pour l'autre dans ce combat contre les Scythes. Le peintre les a représentés tous deux, négligeant le soin de leur propre vie pour repousser les ennemis qui attaquent l'autre. Chacun essaye de s'avancer au-devant des flèches dirigées contre son ami ; il compte la mort pour rien, s'il le sauve, et lui dérobe les coups en le couvrant de son corps.


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Dernière mise à jour : 6/05/2009