| 
       
   | 
    
       
       
        
| [0] ΤΟΞΑΡΙΣ Η ΦΙΛΙΑ.
 | [0] TOXARIS OU L'AMITIÉ.
 |  | [1] ΜΝΗΣΙΠΠΟΣ.
Τί φής, ὦ Τόξαρι; θύετε Ὀρέστῃ καὶ Πυλάδῃ
ὑμεῖς οἱ Σκύθαι καὶ θεοὺς εἶναι πεπιστεύκατε
αὐτούς;
ΤΟΞΑΡΙΣ.
Θύομεν, ὦ Μνήσιππε, θύομεν, οὐ μὴν θεούς
γε οἰόμενοι εἶναι, ἀλλὰ ἄνδρας ἀγαθούς.
ΜΝΗΣΙΠΠΟΣ.
Νόμος δὲ ὑμῖν καὶ ἀνδράσιν ἀγαθοῖς ἀποθανοῦσι
θύειν ὥσπερ θεοῖς;
ΤΟΞΑΡΙΣ.
Οὐ μόνον, ἀλλὰ καὶ ἑορταῖς καὶ πανηγύρεσιν
τιμῶμεν αὐτούς.
ΜΝΗΣΙΠΠΟΣ.
Τί θηρώμενοι παρ´ αὐτῶν; οὐ γὰρ δὴ ἐπ´
εὐμενείᾳ θύετε αὐτοῖς, νεκροῖς γε οὖσιν.
ΤΟΞΑΡΙΣ.
Οὐ χεῖρον μὲν ἴσως, εἰ καὶ οἱ νεκροὶ ἡμῖν
εὐμενεῖς εἶεν· οὐ μὴν ἀλλὰ πρὸς τοὺς ζῶντας
ἄμεινον οἰόμεθα πράξειν μεμνημένοι τῶν ἀρίστων,
καὶ τιμῶμεν ἀποθανόντας, ἡγούμεθα γὰρ οὕτως
ἂν ἡμῖν πολλοὺς ὁμοίους αὐτοῖς ἐθελῆσαι γενέσθαι.
 | [1] MNÉSIPPE. Que dis-tu, Toxaris ? Vous sacrifiez à Oreste et à Pylade, 
vous autres Scythes ? vous les regardez comme des dieux ? 
TOXARIS. Oui, Mnésippe, nous leur sacrifions, sans cependant les regarder 
comme des dieux, mais comme des hommes de bien. 
MNÉSIPPE. Est-ce donc chez vous un usage de sacrifier aux gens de bien, 
après leur mort, comme à des dieux ? 
TOXARIS. Certainement, et de plus nous les honorons dans nos fêtes et dans 
nos réunions solennelles. 
MNÉSIPPE. Et quel est votre but ? Ce n'est pas, sans doute, pour vous les 
rendre favorables que vous leur sacrifiez, puisqu'ils sont morts. 
TOXARIS. C'est toujours un avantage de se rendre les morts favorables ; 
mais nous croyons, en outre, faire une chose très utile aux vivants, en leur 
rappelant le souvenir des grands hommes et en les honorant quand ils ne 
sont plus. Nous espérons qu'un grand nombre de nos concitoyens voudront 
les imiter. 
 |  | [2] ΜΝΗΣΙΠΠΟΣ.
Ἀλλὰ ταῦτα μὲν ὀρθῶς γιγνώσκετε. Ὀρέστην
δὲ καὶ Πυλάδην τίνος μάλιστα θαυμάσαντες
ἰσοθέους ἐποιήσασθε, καὶ ταῦτα ἐπήλυδας ὑμῖν
ὄντας καὶ τὸ μέγιστον πολεμίους; οἵ γε, ἐπεὶ
σφᾶς ναυαγίᾳ περιπεσόντας οἱ τότε Σκύθαι συλλαβόντες
ἀπῆγον ὡς τῇ Ἀρτέμιδι καταθύσοντες,
ἐπιθέμενοι τοῖς δεσμοφύλαξι καὶ τῆς φρουρᾶς
ἐπικρατήσαντες τόν τε βασιλέα κτείνουσι καὶ
τὴν ἱέρειαν παραλαβόντες, ἀλλὰ καὶ τὴν Ἄρτεμιν
αὐτὴν ἀποσυλήσαντες ᾤχοντο ἀποπλέοντες,
καταγελάσαντες τοῦ κοινοῦ τῶν Σκυθῶν. ὥστε
εἰ διὰ ταῦτα τιμᾶτε τοὺς ἄνδρας, οὐκ ἂν φθάνοιτε
πολλοὺς ὁμοίους αὐτοῖς ἐξεργασάμενοι. καὶ τοὐντεῦθεν
αὐτοὶ ἤδη πρὸς τὰ παλαιὰ σκοπεῖτε, εἰ
καλῶς ἔχει ὑμῖν πολλοὺς ἐς τὴν Σκυθίαν Ὀρέστας
καὶ Πυλάδας καταίρειν. ἐμοὶ μὲν γὰρ δοκεῖτε
τάχιστα ἂν οὕτως ἀσεβεῖς αὐτοὶ καὶ ἄθεοι γενέσθαι,
τῶν περιλοίπων θεῶν τὸν αὐτὸν τρόπον ὑμῖν
ἐκ τῆς χώρας ἀποξενωθέντων. εἶτ´, οἶμαι, ἀντὶ
τῶν θεῶν ἁπάντων τοὺς ἐπ´ ἐξαγωγῇ αὐτῶν
ἥκοντας ἄνδρας ἐκθειάσετε καὶ ἱεροσύλοις ὑμῶν
οὖσιν θύσετε ὡς θεοῖς.
 | [2] MNÉSIPPE. C'est une pensée fort judicieuse. Toutefois, d'où vient pour 
Oreste et Pylade une admiration qui vous a fait mettre au rang des dieux 
non seulement des étrangers, mais, qui plus est, des ennemis ? Jetés sur 
vos côtes par un naufrage, ils furent pris par les Scythes de ce temps-là, et 
emmenés pour être immolés à Diane ; mais eux, rompant leurs fers, 
renversèrent la garde du roi et le tuèrent, puis, saisissant la prêtresse et 
arrachant Diane elle-même de son sanctuaire, ils s'enfuirent sur leur 
vaisseau, en se moquant de la nation des Scythes. Si c'est pour cela que 
vous les honorez, vous ne manquerez pas de gens qui feront comme eux ; et 
voyez maintenant, d'après ces anciens traits d'histoire, s'il vous est 
avantageux que beaucoup d'Orestes et de Pylades abordent en Scythie. Il me 
semble que vous ne tarderez pas à n'avoir, ni religion ni dieux, si ceux qui 
vous restent sont enlevés de la même manière. Il est vrai qu'à la place de 
tous vos dieux vous honorerez leurs ravisseurs, et que vous offrirez des 
sacrifices divins à ces sacrilèges. 
 |  | [3] Εἰ γὰρ μὴ ἀντὶ τούτων Ὀρέστην καὶ Πυλάδην
τιμᾶτε, ἀλλ´ εἰπέ, τί ἄλλο, ὦ Τόξαρι, ἀγαθὸν
ὑμᾶς εἰργάσαντο ἀνθ´ ὅτου, πάλαι οὐ θεοὺς εἶναι
δικαιώσαντες αὐτούς, νῦν τὸ ἔμπαλιν θύσαντες
αὐτοῖς θεοὺς νενομίκατε, καὶ ἱερείοις ὀλίγου δεῖν
τότε γενομένοις ἱερεῖα νῦν προσάγετε; γελοῖα
γὰρ ἂν ταῦτα δόξειε καὶ ὑπεναντία τοῖς πάλαι.
ΤΟΞΑΡΙΣ.
Καὶ ταῦτα μέν, ὦ Μνήσιππε, γενναῖα τῶν
ἀνδρῶν ἐκείνων ἃ κατέλεξας. τὸ γὰρ δύο ὄντας
οὕτω μέγα τόλμημα τολμῆσαι καὶ τοσοῦτον
ἀπὸ τῆς αὐτῶν ἀπάραντας ἐκπλεῦσαι ἐς τὸν
Πόντον ἀπείρατον ἔτι τοῖς Ἕλλησιν ὄντα πλὴν
μόνων τῶν ἐπὶ τῆς Ἀργοῦς ἐς τὴν Κολχίδα
στρατευσάντων, μὴ καταπλαγέντας μήτε τοὺς
μύθους τοὺς ἐπ´ αὐτῷ μήτε τὴν προσηγορίαν καταδείσαντας
ὅτι ἄξενος ἐκαλεῖτο, οἷα, οἶμαι, ἀγρίων
ἐθνῶν περιοικούντων, καὶ ἐπειδὴ ἑάλωσαν, οὕτως
ἀνδρείως χρήσασθαι τῷ πράγματι καὶ μὴ ἀγαπῆσαι
εἰ διαφεύξονται μόνον, ἀλλὰ τιμωρησαμένους
τὸν βασιλέα τῆς ὕβρεως καὶ τὴν Ἄρτεμιν ἀναλαβόντας
ἀποπλεῦσαι, πῶς ταῦτα οὐ θαυμαστὰ καὶ
θείας τινὸς τιμῆς ἄξια παρὰ πάντων ὁπόσοι
ἀρετὴν ἐπαινοῦσιν; ἀτὰρ οὐ ταῦτα ἡμεῖς Ὀρέστῃ
καὶ Πυλάδῃ ἐνιδόντες ἥρωσιν αὐτοῖς χρώμεθα.
 | [3] Mais si ce n'est pas pour de pareilles actions que vous honorez Oreste et 
Pylade, dis-moi, Toxaris, quel autre bien vous ont-ils donc fait pour que, 
sans les avoir d'abord regardés comme des dieux, vous leur sacrifiiez 
maintenant, en les mettant au rang de vos divinités, et en immolant des 
victimes à des hommes qui ont manqué eux-mêmes d'en servir ? Cela paraît 
ridicule et contraire à vos anciens usages. 
TOXARIS. Tout ce que tu viens de nous raconter de ces deux hommes n'est-il 
donc pas, Mnésippe, le fait de coeurs généreux ? Ils n'étaient que deux, et ils 
ont osé l'entreprise la plus hardie. Quittant leur patrie pour naviguer 
jusqu'au Pont-Euxin, voyage qu’aucun Grec n'avait entrepris depuis 
l'expédition des Argonautes en Colchide, ils ne furent effrayés ni des récits 
qui circulaient au sujet de cette mer, ni du surnom d'inhospitalière quelle a 
reçu, sans doute à cause des peuples barbares répandus sur ses rivages. 
Une fois prisonniers, ils se conduisirent avec tant de bravoure, qu'après 
avoir brisé leurs fers ils crurent que c'était peu de s'échapper ; aussi 
vengèrent-ils leur outrage sur le roi et s'emparèrent-ils de Diane, avant de 
remettre à la voile. Comment ne pas admirer de semblables exploits ? 
Comment ne recevraient-ils pas les honneurs divins de la part de tous ceux 
qui respectent la vertu ? Et cependant ce n'est pas là ce que nous 
considérons dans Oreste et dans Pylade, ni ce qui nous les fait regarder 
comme des héros. 
 |    |     |