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[31] καὶ τὸ ἀπὸ τούτου πάντα τρόπον συνῆν
ἐπιμελούμενος αὐτοῦ καὶ θεραπεύων· παραδοὺς
γὰρ ἑαυτὸν τοῖς ἐν τῷ λιμένι ἐμπόροις ἕωθεν εἰς
μέσην ἡμέραν οὐκ ὀλίγον ἀπέφερεν ἀχθοφορῶν.
εἶτ´ ἐπανελθὼν ἂν ἐκ τοῦ ἔργου, μέρος μὲν τοῦ
μισθοῦ τῷ δεσμοφύλακι καταβαλὼν τιθασὸν αὑτῷ
καὶ εἰρηνικὸν ἀπειργάζετο αὐτόν, τὸ λοιπὸν δὲ
εἰς τὴν τοῦ φίλου θεραπείαν ἱκανῶς αὐτῷ διήρκει.
καὶ τὰς μὲν ἡμέρας συνῆν τῷ Ἀντιφίλῳ παραμυθούμενος,
ἐπεὶ δὲ νὺξ καταλάβοι, ὀλίγον πρὸ
τῆς θύρας τοῦ δεσμωτηρίου στιβάδιόν τι ποιησάμενος
καὶ φύλλα ὑποβαλόμενος ἀνεπαύετο.
Χρόνον μὲν οὖν τινα οὕτω διῆγον, εἰσιὼν μὲν
ὁ Δημήτριος ἀκωλύτως, ῥᾷον δὲ φέρων τὴν
συμφορὰν ὁ Ἀντίφιλος.
| [31] Depuis cet instant il demeure auprès de lui tout le temps qu'on lui
permet, le soignant et lui rendant tous les offices possibles. Pour cela, il se
loue sur le port à des marchands depuis le matin jusqu'à midi, et gagne un
assez gros salaire à porter des fardeaux ; puis, revenu de son travail, il
donne au geôlier une partie de son argent afin de le rendre doux et traitable,
et emploie le reste à soigner tendrement son ami. Le jour, il reste avec
Antiphile pour le consoler ; quand la nuit arrive, il va se coucher, près de la
porte de la prison, sur un lit de feuilles qu'il s'est préparé. Quelque temps
s'écoule de la sorte. Démétrius pénétrant sans difficulté auprès d'Antiphile,
Antiphile supportant plus facilement son malheur.
| [32] ὕστερον δὲ ἀποθανόντος
ἐν τῷ δεσμωτηρίῳ λῃστοῦ τινος ὑπὸ φαρμάκων,
ὡς ἐδόκει, φυλακή τε ἀκριβὴς ἐγένετο καὶ οὐκέτι
παρῄει εἰς τὸ οἴκημα οὐδὲ εἷς τῶν δεομένων.
ἐφ´ οἷς ἀπορῶν καὶ ἀνιώμενος, οὐκ ἔχων ἄλλως
παρεῖναι τῷ ἑταίρῳ, προσαγγέλλει ἑαυτὸν ἐλθὼν
πρὸς τὸν ἁρμοστήν, ὡς εἴη κεκοινωνηκὼς τῆς
ἐπὶ τὸν Ἄνουβιν ἐπιβουλῆς.
Ὡς δὲ τοῦτο εἶπεν, ἀπήγετο εὐθὺς ἐς τὸ δεσμωτήριον,
καὶ ἀχθεὶς παρὰ τὸν Ἀντίφιλον τοῦτο
γοῦν μόλις, πολλὰ ἱκετεύσας τὸν δεσμοφύλακα,
ἐξειργάσατο παρ´ αὐτοῦ, πλησίον τῷ Ἀντιφίλῳ
καὶ ὑπὸ τῷ αὐτῷ κλοιῷ δεδέσθαι. ἔνθα δὴ
καὶ μάλιστα ἔδειξε τὴν εὔνοιαν ἣν εἶχε πρὸς
αὐτόν, ἀμελῶν μὲν τῶν καθ´ ἑαυτὸν δεινῶν
(καίτοι ἐνόσησε καὶ αὐτός), ἐπιμελούμενος δὲ
ὅπως ἐκεῖνος μάλιστα καθευδήσει καὶ ἧττον
ἀνιάσεται· ὥστε ῥᾷον ἔφερον μετ´ ἀλλήλων κακοπαθοῦντες.
| [32] Peu après, un des voleurs qui étaient enfermés dans la prison étant venu
à mourir, on crut que c'était à l'aide du poison ; la garde devint plus sévère
et on ne laissa plus entrer aucun de ceux qui le demandaient. Démétrius ne
sachant plus que faire, tout pénétré de douleur et n'ayant nul autre moyen
de voir son ami, va trouver le proconsul et se dénonce à lui comme complice
du vol fait dans le temple d'Anubis. Aussitôt on le conduit en prison et on
l'enferme dans le même cachot qu'Antiphile. Il avait eu grand'peine, après
beaucoup d'instances, à obtenir du geôlier d'être placé à côté d'Antiphile et
attaché au même carcan. C'est alors surtout qu'il fit éclater la tendresse qu'il
avait pour lui, en ne s'occupant point de ses propres maux. Il était malade,
mais il employait tous ses soins pour procurer à son ami un sommeil
tranquille et quelque relâche à ses souffrances. Réunis, ils supportaient tous
deux plus aisément leurs douleurs.
| [33] Χρόνῳ δὲ καὶ τοιόνδε τι προσπεσὸν ἔπαυσεν
ἐπὶ πλέον αὐτοὺς δυστυχοῦντας. εἷς γὰρ τῶν
δεδεμένων, οὐκ οἶδ´ ὅθεν ῥίνης εὐπορήσας καὶ
συνωμότας πολλοὺς τῶν δεσμωτῶν προσλαβών,
ἀποπρίει τε τὴν ἅλυσιν ᾗ ἐδέδεντο ἑξῆς, τῶν
κλοιῶν εἰς αὐτὴν διειρομένων, καὶ ἀπολύει ἅπαντας·
οἱ δὲ ἀποκτείναντες εὐμαρῶς ὀλίγους ὄντας τοὺς
φύλακας ἐκπηδῶσιν ἀθρόοι. ἐκεῖνοι μὲν οὖν τὸ
παραυτίκα ἔνθα ἐδύναντο ἕκαστος διασπαρέντες
ὕστερον συνελήφθησαν οἱ πολλοί· ὁ Δημήτριος
δὲ καὶ ὁ Ἀντίφιλος κατὰ χώραν ἔμειναν, καὶ τοῦ
Σύρου λαβόμενοι ἤδη ἀπιόντος. ἐπεὶ δὲ ἡμέρα
ἐγένετο, μαθὼν ὁ τὴν Αἴγυπτον ἐπιτετραμμένος
τὸ συμβεβηκὸς ἐπ´ ἐκείνους μὲν ἔπεμψεν τοὺς
διωξομένους, μεταστειλάμενος δὲ τοὺς ἀμφὶ τὸν
Δημήτριον ἀπέλυσε τῶν δεσμῶν, ἐπαινέσας ὅτι
μόνοι οὐκ ἀπέδρασαν.
Ἀλλ´ οὐκ ἐκεῖνοί γε ἠγάπησαν οὕτως ἀφιέμενοι,
ἐβόα δὲ ὁ Δημήτριος καὶ δεινὰ ἐποίει,
ἀδικεῖσθαι σφᾶς οὐ μικρὰ εἰ δόξουσι κακοῦργοι
ὄντες ἐλέῳ ἢ ἐπαίνῳ τοῦ μὴ ἀποδρᾶναι ἀφεῖσθαι·
καὶ τέλος ἠνάγκασαν τὸν δικαστὴν ἀκριβῶς τὸ
πρᾶγμα ἐξετάσαι. ὁ δὲ ἐπεὶ ἔμαθεν οὐδὲν ἀδικοῦντας,
ἐπαινέσας αὐτούς, τὸν Δημήτριον δὲ
καὶ πάνυ θαυμάσας, ἀφίησι παραμυθησάμενος
ἐπὶ τῇ κολάσει ἣν ἠνέσχοντο ἀδίκως δεθέντες,
καὶ ἑκάτερον δωρησάμενος παρ´ αὑτοῦ, δραχμαῖς
μὲν μυρίαις τὸν Ἀντίφιλον, δὶς τοσαύταις δὲ τὸν Δημήτριον.
| [33] Enfin un événement imprévu vint mettre un terme à leur infortune. Un
prisonnier étant parvenu, je ne sais comment, à se procurer une lime,
associe à son projet la plupart de ses compagnons, rompt la chaîne qui
retenait les autres aux carcans, et les délivre tous. Ils tuent alors sans
difficulté les gardiens qui étaient peu nombreux, et s'échappent en foule.
Dans le premier moment, ils se dispersent où ils peuvent, mais le lendemain
on en reprend le plus grand nombre. Démétrius et Antiphile étaient restés à
leur place, et même ils avaient empêché Syrus de s'échapper. Dès que le jour
parut, le gouverneur de l'Égypte, informé de ce qui était arrivé, envoie à la
poursuite des autres voleurs, et faisant venir Démétrius et Antiphile,
ordonne de briser leurs fers et les félicite d'être les seuls qui ne se fussent
point enfuis. Mais ceux-ci ne se contentent pas d'être renvoyés de la sorte.
Démétrius, d'une voix ferme, se plaint vivement de l'injustice criante qu'on
leur fait, en les regardant comme des malfaiteurs qu'on ne renvoie que par
pitié ou pour les récompenser de n'avoir pas pris la fuite ; enfin ils obligent le
juge à examiner soigneusement leur affaire. Celui-ci, reconnaissant leur
innocence, les comble d'éloges, et, admirant surtout Démétrius, il leur rend
la liberté et les console de l'injuste punition qu'ils ont subie, en leur faisant à
chacun un présent de ses propres deniers, dix mille drachmes à Antiphile, et
deux fois autant à Démétrius.
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