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[7] Ἀττικίζοντος δέ τινος καὶ τεθνήξει εἰπόντος ἐπὶ
τοῦ τρίτου, Βέλτιον, ἔφη, καὶ ἐνταῦθα μὴ ἀττικίζειν
καταρώμενον. καὶ πρὸς τὸν εἰπόντα δὲ στοχάζομαι
αὐτοῦ ἐπὶ τοῦ φείδομαι αὐτοῦ, Μή τι, ἔφη, διήμαρτες
βαλών; ἀφιστᾶν δέ τινος εἰπόντος καὶ
ἑτέρου ἀφιστάνειν, Ταῦτα μέν, ἔφη, οὐκ οἶδα.
πρὸς δὲ τὸν λέγοντα πλὴν εἰ μή, Ταῦτα, ἔφη,
διπλᾶ χαρίζῃ. καὶ χρᾶσθαι δέ τινος εἰπόντος,
Ψευδαττικόν, ἔφη, τὸ ῥῆμα. τῷ δὲ λέγοντι
ἔκτοτε, Καλόν, ἔφη, τὸ εἰπεῖν ἐκπέρυσι, ὁ γὰρ
Πλάτων ἐς τότε λέγει. τῷ δὲ ἰδού ἐπὶ τοῦ ἰδέ
χρωμένου τινός, Ἕτερα ἀνθ´ ἑτέρων, ἔφη, σημαίνεις.
ἀντιλαμβάνομαι δὲ ἐπὶ τοῦ συνίημι λέγοντός
τινος, θαυμάζειν ἔφη πῶς ἀντιποιούμενος τοῦ
λέγοντος φῂς μὴ ἀντιποιεῖσθαι. βράδιον δέ τινος
εἰπόντος, Οὐκ ἔστιν, ἔφη, ὅμοιον τῷ τάχιον.
βαρεῖν δέ τινος εἰπόντος, Οὐκ ἔστιν, ἔφη, τὸ
βαρύνειν ᾗ νενόμικας. λέλογχα δὲ τὸ εἴληχα
λέγοντος, Ὀλίγων, ἔφη, καὶ παρ´ οἷς ἁμαρτάνεται.
ἵπτασθαι δὲ ἐπὶ τοῦ πέτεσθαι πολλῶν λεγόντων,
Ὅτι μὲν ἀπὸ τῆς πτήσεως τὸ ὄνομα, σαφῶς
ἴσμεν. περιστερὸν δέ τινος εἰπόντος ὡς δὴ
Ἀττικόν, Καὶ τὸν φάττον ἐροῦμεν, ἔφη, φακὸν
δέ τινος εἰπόντος ἐδηδοκέναι, Καὶ πῶς ἄν, ἔφη,
φακόν τις φάγοι; ταῦτα μὲν τὰ Σωκράτεια.
| [7] Un imitateur des Attiques s'étant servi à la troisième
personne de g-tethnehxsei, tu mourras, en place de g-tethnehsetai,
il mourra : " Mieux eût valu, dit Socrate, ne pas affecter le
beau langage, pour médire un mot de mauvais augure."
Quelqu'un s'étant servi de la locution g-stochazomai g-autou, je
le vise, dans le sens de je l'épargne : "Est-ce que vous avez
mal ajusté ? " dit-il. Quelqu'un ayant employé g-aphistan, et
un autre g-aphistanein, pour g-aphistanai, entraîner à la révolte :
"Ma foi ! dit-il, je ne connais ni l'un ni l'autre." On se
servait devant lui de la locution sauf excepté que. "Voilà,
dit-il, de la prodigalité !" Un autre disant g-chrasthai au lieu
de g-chrehstai : " C'est un mot pseudattique," dit-il. "Dès
alors, disait un autre. - C'est fort beau, reprit-il, de parler
à l'ancienne mode ; Platon, en effet, a dit " Pour lors."
Un autre ayant dit g-hetera au lieu de g-heterohn : "Vous employez,
dit-il, un mot pour un autre." Quelqu'un ayant
employé g-antilambanomai , j'entends, au lieu de g-suniehmi, je
comprends : " Je m'étonne, dit Socrate, que voulant jouer
le premier rôle dans la conversation, il se condamne au
second." Un autre disant g-bradion, plus lent, au lieu de
g-bradeteron : "'Est-ce que ce n'est pas la même chose, dit-iI,
que g-tachion, plus prompt ?" Il en entendit un autre qui
se servait du mot g-barein, être à charge : "g-barynein, lui dit-il,
n'est pas aussi suranné que vous le croyez. "
Quelqu'un disait g-lelongcha au lieu d' g-eilehcha, j'ai obtenu par le
sort : " La différence est légère, dit-il, on peut s'y tromper."
Beaucoup de gens disant g-hiptasthai, voler, au lieu de
g-petesthai : «Nous savons bien, dit-il, que ce mot vient de
g-ptehseohs." Quelqu'un ayant appelé pigeon une colombe,
afin d'être plus attique : " Nous finirons, dit-il, par
appeler cet oiseau une oie. " Un autre ayant dit qu'il avait
mangé g-phatton (au lieu de g-phakon) : " Comment peut-on dire,
s'écria Socrate, qu'on a mangé un vase d'huile." Mais
en voilà assez sur Socrate de Mopse.
| [8] Ἐπανίωμεν δέ, εἰ δοκεῖ, ἐπὶ τὴν ἅμιλλαν τῶν
προτέρων λόγων. κἀγὼ μὲν καλῶ τοὺς βελτίστους
ἰέναι ὅλους, σὺ δὲ γνώρισον· οἶμαι γάρ
σε κἂν νῦν δυνήσεσθαι τοσούτων γε ἐπακούσαντα
τῶν ἑξῆς λεγομένων.
ΣΟΦΙΣΤΗΣ.
Ἴσως μὲν οὐδὲ νῦν δυνήσομαί σου λέγοντος· ὅμως εἰπέ.
ΛΟΥΚΙΑΝΟΣ.
Καὶ πῶς φῂς οὐ δυνήσεσθαι; ἡ γὰρ θύρα σχεδὸν
ἀνέῳγέ σοι τῆς γνωρίσεως αὐτῶν.
ΣΟΦΙΣΤΗΣ.
Εἰπὲ τοίνυν.
ΛΟΥΚΙΑΝΟΣ.
Ἀλλὰ εἶπον.
ΣΟΦΙΣΤΗΣ.
Οὐδέν γε, ὥστε ἐμὲ μαθεῖν.
ΛΟΥΚΙΑΝΟΣ.
Οὐ γὰρ ἔμαθες τὸ ἀνέῳγεν;
ΣΟΦΙΣΤΗΣ.
Οὐκ ἔμαθον.
ΛΟΥΚΙΑΝΟΣ.
Τί οὖν πεισόμεθα, εἰ μηδὲ νῦν ἀκολουθήσεις
τοῖς λεγομένοις; καίτοι πρός γε τὰ κατ´ ἀρχὰς
ῥηθέντα ὑπὸ σοῦ ἐγὼ μὲν ᾤμην ἱππεῖς ἐς πεδίον
καλεῖν. σὺ δὲ τοὺς ἱππεῖς κατενόησας; ἀλλὰ
ἔοικας οὐ φροντίζειν τῶν λόγων, μάλιστα οὓς
νῦν κατὰ σφᾶς αὐτοὺς διήλθομεν.
ΣΟΦΙΣΤΗΣ.
Ἐγὼ μὲν φροντίζω, σὺ δὲ ἀδήλως αὐτοὺς
διεξέρχῃ.
| [8] Revenons, si bon te semble, à notre première
discussion. Je vais te citer les solécismes les plus notables
; reconnais-les au passage. Je pense que maintenant tu ne
seras pas embarrassé, après en avoir entendu une si belle série.
LE SOLÉCISTE. Peut-être ne pourrai-je pas te suivre.
Dis pourtant.
LYCINUS. Comment dis-tu que tu ne pourras pas ? La
porte ouvre pour toi, afin que tu puisses les reconnaître.
LE SOLÉCISTE. Dis donc.
LYCINUS. J'ai dit.
LE SOLÉCISTE. Rien au moins qui m'ait paru
extraordinaire.
LYCINUS. Tu n'as pas remarqué ouvre pour toi ?
LE SOLÉCISTE. Non !
LYCINUS. Que deviendrons-nous, si tu ne suis pas
exactement mes paroles ? En revenant à ce que tu as dit
au commencement, je croyais que j'appelais les cavaliers
dans la plaine. Eh bien ! as-tu remarqué ces cavaliers ?
Mais tu parais te soucier fort peu de ce qu'on dit ; et
même de la question qui se débat entre nous eux-mêmes.
LE SOLÉCISTE. Je m'en soucie beaucoup ; mais tu fais
tes coups à la sourdine.
| [9] ΛΟΥΚΙΑΝΟΣ.
Πάνυ γοῦν ἄδηλόν ἐστι τὸ κατὰ σφᾶς αὐτοὺς
ἐφ´ ἡμῶν λεγόμενον. ἀλλὰ τοῦτο μὲν δῆλον· σὲ
δὲ οὐδεὶς ἂν θεῶν ἀγνοοῦντα παύσειεν πλήν γε ὁ
Ἀπόλλων. μαντεύεται γοῦν ἐκεῖνος πᾶσι τοῖς
ἐρωτῶσι, σὺ δὲ οὐδὲ τὸν μαντευόμενον κατενόησας.
ΣΟΦΙΣΤΗΣ.
Μὰ τοὺς θεούς, οὐ γὰρ ἔμαθον.
ΛΟΥΚΙΑΝΟΣ.
Ἦ ἄρα καθ´ εἷς λανθάνει σε περιιών;
ΣΟΦΙΣΤΗΣ.
Ἐοίκασί γε.
ΛΟΥΚΙΑΝΟΣ.
Ὁ δὲ καθ´ εἷς πῶς παρῆλθεν;
ΣΟΦΙΣΤΗΣ.
Οὐδὲ τοῦτο ἔμαθον.
ΛΟΥΚΙΑΝΟΣ.
Οἶσθα δέ τινα μνηστευόμενον αὑτῷ γάμον;
ΣΟΦΙΣΤΗΣ.
Τί οὖν τοῦτο;
ΛΟΥΚΙΑΝΟΣ.
Ὅτι σολοικίζειν ἀνάγκη τὸν μνηστευόμενον αὑτῷ.
ΣΟΦΙΣΤΗΣ.
Τί οὖν πρὸς τοὐμὸν πρᾶγμα, εἰ σολοικίζει τις
μνηστευόμενος;
ΛΟΥΚΙΑΝΟΣ.
Ὅτι ἀγνοεῖ ὁ φάσκων εἰδέναι. καὶ τὸ μὲν οὕτως
ἔχει. εἰ δέ τις λέγοι σοι παρελθὼν ὡς
ἀπολείποι τὴν γυναῖκα, ἆρ´ ἂν ἐπιτρέποις αὐτῷ;
ΣΟΦΙΣΤΗΣ.
Τί γὰρ οὐκ ἂν ἐπιτρέποιμι, εἰ φαίνοιτο ἀδικούμενος;
ΛΟΥΚΙΑΝΟΣ.
Εἰ δὲ σολοικίζων φαίνοιτο, ἐπιτρέποις ἂν αὐτῷ τοῦτο;
ΣΟΦΙΣΤΗΣ.
Οὐκ ἔγωγε.
ΛΟΥΚΙΑΝΟΣ.
Ὀρθῶς γὰρ λέγεις· οὐ γὰρ ἐπιτρεπτέον σολοικίζοντι
τῷ φίλῳ, ἀλλὰ διδακτέον ὅπως τοῦτο μὴ
πείσεται. καὶ εἴ τίς γε νῦν ψοφοίη τὴν θύραν
ἐσιὼν ἢ ἐξιὼν κόπτοι, τί φήσομέν σε πεπονθέναι;
ΣΟΦΙΣΤΗΣ.
Ἐμὲ μὲν οὐδέν, ἐκεῖνον δὲ ἐπεσελθεῖν βούλεσθαι
ἢ ἐξιέναι.
ΛΟΥΚΙΑΝΟΣ.
Σὲ δὲ ἀγνοοῦντα τὸν κόπτοντα ἢ ψοφοῦντα
οὐδὲν ὅλως πεπονθέναι δόξομεν ἀπαίδευτον ὄντα;
ΣΟΦΙΣΤΗΣ.
Ὑβριστὴς εἶ.
ΛΟΥΚΙΑΝΟΣ.
Τί λέγεις; ὑβριστὴς ἐγώ; νῦν δὴ γενήσομαί
σοι διαλεγόμενος. ἔοικα δὲ σολοικίσαι τὸ νῦν δὴ
γενήσομαι, σὺ δ´ οὐκ ἔγνως.
| [9] LYCINUS. A la sourdine, quand je dis entre nous eux-mêmes !
C'est pourtant bien clair. Mais il me semble qu'il
n'y a pas de dieu qui puisse te dessiller les yeux, sauf
Apollon. Il prophétise à tous ceux qui le consultent :
mais tu n'as pas fait attention à cette prophétie.
LE SOLÉCISTE. Pas le moins du monde, j'en atteste les
dieux !
LYCINUS. Vraiment ! les solécismes t'échappent à la
passage ?
LE SOLÉCISTE. Complètement.
LYCINUS. Et cet à la passage, tu ne t'en es pas aperçu ?
LE SOLÉCISTE. Ma foi ! non.
LYCINUS. Mais connais-tu quelqu'un qui veuille se marier ?
LE SOLÉCISTE. Pourquoi cela ?
LYCINUS. C'est qu'il ne peut vouloir se marier sans
commettre un solécisme.
LE SOLÉCISTE. Qu'est-ce que cela me fait, je te le
demande, qu'on commette un solécisme en voulant se marier ?
LYCINUS. Cela fait qu'on ignore une chose qu'on
prétendait savoir. C'est comme cela. Mais si quelqu'un te
dit en passant qu'il divorce d'avec sa femme, le lui
permettras-tu ?
LE SOLÉCISTE. Pourquoi ne pas le lui permettre ?
LYCINUS. S'il te le dit en faisant un solécisme, le lui
permettras-tu également?
LE SOLÉCISTE. Non pas.
LYCINUS..Tu as raison. Il ne faut pas d'indulgence avec
un faiseur de solécismes ; seulement il faut lui apprendre
à les éviter. Et si quelqu'un fait crier la porte en entrant,
et qu'il y frappe en sortant, que diras-tu de lui ?
LE SOLÉCISTE. Rien, si ce n'est qu'il a voulu entrer et
sortir.
LYCINUS. Eh bien ! si tu ne vois pas la différence qu'il y
a entre faire crier la porte et y frapper, je te déclare un
ignorant.
LE SOLÉCISTE. Et toi, tu es un insolent.
LYCINUS. Que dis-tu ? comment veux-tu que je sois un
insolent en discutant avec toi ? Tiens ! je viens de faire
encore un solécisme, et tu n'en as rien vu!
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