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[30] τά γέ τοι πλεῖστα εὕροιτε ἂν
αὐτοὺς ὑμῶν ἕνεκα κτωμένους, οὐχ ὅπως αὐτοὶ
χρήσωνται, ἀλλ´ ὅπως ὑμεῖς θαυμάζοιτε.
Ταῦτα ὑμᾶς παραμυθοῦμαι εἰδὼς τὸν βίον
ἑκάτερον, καὶ ἄξιον ἑορτάζειν ἐνθυμουμένους ὅτι
μετ´ ὀλίγον ἅπαντας δεήσει ἀπιέναι ἐκ τοῦ βίου
κἀκείνους τὸν πλοῦτον καὶ ὑμᾶς τὴν πενίαν
ἀφέντας. πλὴν ἐπιστελῶ γε αὐτοῖς ὥσπερ ὑπεσχόμην,
καὶ οἶδ´ ὅτι οὐκ ὀλιγωρήσουσι τῶν ἐμῶν γραμμάτων.
| [30] Vous verriez bientôt qu'ils ne possèdent pas ces
richesses pour leur propre usage, mais pour vous les
faire admirer. Voilà ce que je puis vous dire pour votre
consolation, moi qui connais les deux manières de vivre ;
et je vous engage à célébrer ma fête, en songeant
qu'avant peu il vous faudra tous quitter la vie et laisser
là, eux leurs richesses, vous votre pauvreté. Cependant je
leur écrirai, suivant ma promesse, et je suis convaincu
qu'ils tiendront compte de ma lettre.
| [31] ΚΡΟΝΟΣ ΤΟΙΣ ΠΛΟΥΣΙΟΙΣ ΧΑΙΡΕΙΝ.
Οἱ πένητες ἔναγχος ἐπεστάλκασί μοι αἰτιώμενοι
ὑμᾶς μὴ μεταδιδόναι σφίσιν ὧν ἔχετε, καὶ τὸ μὲν
ὅλον ἠξίουν με κοινὰ πᾶσι ποιεῖν τἀγαθὰ καὶ τὸ
μέρος ἕκαστον αὐτῶν ἔχειν. δίκαιον γὰρ εἶναι
ἰσοτιμίαν καθεστηκέναι καὶ μὴ τῷ μὲν πλέον, τῷ
δὲ μηδ´ ὅλως μετεῖναι τῶν ἡδέων. ἐγὼ δὲ περὶ
μὲν τούτων ἔφην ἄμεινον σκέψασθαι τὸν Δία, περὶ
δὲ τῶν παρόντων καὶ ὧν ἀδικεῖσθαι ᾤοντο κατὰ
τὴν ἑορτὴν ἑώρων ἐπ´ ἐμὲ καθήκουσαν τὴν κρίσιν,
καὶ ὑπεσχόμην γράψειν πρὸς ὑμᾶς.
Ἔστι δὲ ἅπερ ἀξιοῦσι ταῦτα μέτρια, ὡς ἐμοὶ
ἔδοξε. πῶς γάρ, φασί, ῥιγοῦντες τοσούτῳ κρύει
καὶ λιμῷ ἐχόμενοι προσέτι ἑορτάζοιμεν ἄν; εἰ
τοίνυν ἐθέλοιμι κἀκείνους μετέχειν τῆς ἑορτῆς,
ἐκέλευόν με ἀναγκάσαι ὑμᾶς ἐσθήτων τε ὧν ἔχετε
μεταδοῦναι αὐτοῖς, εἴ τινες περιτταὶ καὶ παχύτεραι
ἢ καθ´ ὑμᾶς, καὶ τοῦ χρυσίου ὀλίγον ἐπιστάξαι
αὐτοῖς. εἰ γὰρ ταῦτα, φασί, ποιήσετε, μηδὲ
ἀμφισβητεῖν ὑμῖν ἔτι τῶν ἀγαθῶν ἐπὶ τοῦ Διός, εἰ
δὲ μή, ἀπειλοῦσι προσκαλέσασθαι ἐπὶ τὸν ἀναδασμόν,
ἐπειδὰν τὸ πρῶτον δίκας ὁ Ζεὺς προθῇ.
ταῦτά ἐστιν οὐ πάνυ χαλεπὰ ὑμῖν ἀπὸ τοσούτων
ἃ καλῶς ποιοῦντες ἔχετε.
| [31] SATURNE AUX RICHES, SALUT.
Les pauvres m'ont écrit dernièrement pour vous
accuser de ne pas leur faire part de ce que vous
possédez, et ils me demandent de remettre tous les biens
en commun, afin que chacun en ait une portion égale.
"La justice veut, disent-ils, que l'égalité soit rétablie ; et
l'un ne doit pas avoir de grandes jouissances, tandis que
l'autre en est complètement sevré." J'ai répondu que ce
soin regardait Jupiter. Quant au présent et aux injustices
qu'ils disent avoir éprouvées de votre part durant ma
fête, il m'a semblé que j'en étais juge et j'ai promis de
vous en écrire. Ce qu'ils vous demandent, est, à mon
sens, très modéré : " Comment, disent-ils, pourrions-nous
célébrer une fête, quand nous gelons de froid et
que nous mourons de faim ?" Si donc je veux qu'ils
prennent part à la solennité, ils me chargent de vous
obliger à leur donner ceux de vos vêtements qui vous
sont inutiles ou trop grossiers pour vous, et à répandre
sur eux quelques gouttes de votre or. Ils promettent que,
si vous agissez ainsi, ils ne vous contesteront pas vos
biens par-devant Jupiter; sinon, ils menacent de
demander une nouvelle répartition des richesses à la
première audience que Jupiter donnera. Il me semble
que vous n'aurez pas grand'peine à détacher pour cet
usage quelques parties des biens que vous avez le
bonheur de posséder.
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