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[11] Πρὸς δὲ τὴν ἑτέραν ἐλθὼν εὑρήσεις πολλοὺς
καὶ ἄλλους, ἐν τούτοις δὲ καὶ πάνσοφόν τινα καὶ
πάγκαλον ἄνδρα, διασεσαλευμένον τὸ βάδισμα,
ἐπικεκλασμένον τὸν αὐχένα, γυναικεῖον τὸ
βλέμμα, μελιχρὸν τὸ φώνημα, μύρων ἀποπνέοντα,
τῷ δακτύλῳ ἄκρῳ τὴν κεφαλὴν κνώμενον, ὀλίγας
μὲν ἔτι, οὔλας δὲ καὶ ὑακινθίνας τὰς τρίχας εὐθετίζοντα,
πάναβρόν τινα Σαρδανάπαλλον ἢ Κινύραν
ἢ αὐτὸν Ἀγάθωνα, τὸν τῆς τραγῳδίας
ἐπέραστον ἐκεῖνον ποιητήν. λέγω δὲ ὡς ἀπὸ
τούτων γνωρίζοις αὐτόν, μηδέ σε οὕτω θεσπέσιον
χρῆμα καὶ φίλον Ἀφροδίτῃ καὶ Χάρισι διαλάθοι.
καίτοι τί φημί; κἂν εἰ μύοντι γάρ σοι προσελθὼν
εἴποι τι, τὸ Ὑμήττιον ἐκεῖνο ἀνοίξας στόμα, καὶ
τὴν συνήθη φωνὴν ἀφείη, μάθοις ἂν ὡς οὐχὶ τῶν
καθ´ ἡμᾶς ἐστιν, οἳ ἀρούρης καρπὸν ἔδομεν, ἀλλά
τι ξένον φάσμα δρόσῳ ἢ ἀμβροσίᾳ τρεφόμενον.
Τούτῳ τοίνυν προσελθὼν καὶ παραδοὺς σεαυτὸν
αὐτίκα μάλα ῥήτωρ καὶ περίβλεπτος καί, ὡς
ὀνομάζει αὐτός, βασιλεὺς ἐν τοῖς λόγοις ἀπονητὶ
καταστήσῃ τὰ τέθριππα ἐλαύνων τοῦ λόγου.
διδάξεται γάρ σε παραλαβὼν τὰ πρῶτα μὲν
ἐκεῖνα
| [11] Quant à toi, en arrivant à l'autre chemin, tu y trouveras une foule de
guides différents ; mais, parmi eux, il en est un qui est toute science et toute
beauté : sa démarche est mollement balancée, son cou légèrement incliné, son
regard féminin, sa voix mielleuse ; il exhale une suave odeur ; il se gratte la
tête du bout du doigt : le peu de cheveux qui lui restent sont bien frisés en
grappes d'hyacinthe ; on dirait le délicat Sardanapale, ou Cinyre ou
Agathon lui-même, cet aimable poète tragique. Tels sont les signes qui te
le feront reconnaître. Mais il n'est pas possible que ce divin personnage, cher
à Vénus et aux Grâces, échappe à tes regards. Que dis-je ? Tu aurais les yeux
fermés, et il s'approcherait de toi ouvrant cette bouche qui distille le miel de
l'Hymette, faisant entendre cette voix familière, que tu serais sûr aussitôt de
n'avoir pas devant toi un des mortels qui mangent les fruits de la terre, mais
quelque être surhumain, nourri de rosée et d'ambroisie. Va donc le trouver,
mets-toi entre ses mains et tu deviendras, aussitôt et sans peine, un rhéteur
parfait, fixant tous les regards, ou, comme il le dit lui-même, un roi de
l'éloquence, monté sur le char triomphant de la parole. Une fois avec lui, voici
d'abord ce qu'il t'enseignera.
| [12] —μᾶλλον δὲ αὐτὸς εἰπάτω πρὸς σέ·
γελοῖον γὰρ ὑπὲρ τοιούτου ῥήτορος ἐμὲ ποιεῖσθαι
τοὺς λόγους, φαῦλον ὑποκριτὴν ἴσως τῶν τοιούτων καὶ
τηλικούτων, μὴ καὶ συντρίψω που πεσὼν τὸν
ἥρωα ὃν ὑποκρίνομαι.
Φαίη τοιγαροῦν ἂν πρὸς σὲ ὧδέ πως ἐπισπασάμενος
ὁπόσον ἔτι λοιπὸν τῆς κόμης καὶ ὑπομειδιάσας
τὸ γλαφυρὸν ἐκεῖνο καὶ ἁπαλὸν οἷον
εἴωθεν, Αὐτοθαΐδα τὴν κωμικὴν ἢ Μαλθάκην ἢ
Γλυκέραν τινὰ μιμησάμενος τῷ προσηνεῖ τοῦ
φθέγματος· ἄγροικον γὰρ τὸ ἀρρενωπὸν καὶ οὐ
πρὸς ἁβροῦ καὶ ἐρασμίου ῥήτορος.
| [12] Mais laissons-le te parler lui-même : il serait ridicule que je prisse la
parole pour un tel orateur. Je ne serais que la mauvaise doublure d'un grand
talent, et je craindrais, en tombant, d'entraîner avec moi le héros dont je
jouerais le rôle. Voici comment il s'exprimera, après avoir passé légèrement la
main dans les cheveux qui lui restent, souri de ce sourire fin et gracieux qui
n'est qu'à lui ; et faisant entendre une voix douce et flatteuse qu'on dirait
empruntée à la Thaïs de la comédie, à Malthacé ou à Glycère : car un ton
mâle et brusque ne conviendrait pas à un orateur si délicat et si aimable.
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