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[25] ἐξωσθεὶς δὲ ἐπὶ κεφαλὴν ὅμως οὐδὲ τότε ἠπόρησα τῶν
ἀναγκαίων, ἀλλὰ καὶ ῥήτωρ δοκῶ κἀν ταῖς δίκαις
ἐξετάζομαι προδιδοὺς τὰ πολλὰ καὶ τοὺς δικαστὰς
τοῖς ἀνοήτοις καθυπισχνούμενος, καὶ ἡττῶμαι
μὲν τὰ πλεῖστα, οἱ φοίνικες δὲ ἐπὶ τῇ θύρᾳ
χλωροὶ καὶ ἐστεφανωμένοι· τούτοις γὰρ ἐπὶ τοὺς
δυστυχεῖς χρῶμαι τοῖς δελέασιν. ἀλλὰ καὶ τὸ
μισεῖσθαι πρὸς ἁπάντων καὶ ἐπίσημον εἶναί με
ἐπὶ τῇ μοχθηρίᾳ τοῦ τρόπου καὶ πολὺ πρότερον
τῶν λόγων καὶ τὸ δείκνυσθαι τῷ δακτύλῳ τοῦτον
ἐκεῖνον τὸν ἀκρότατον ἐν πάσῃ κακίᾳ λεγόμενον,
οὐ μικρὸν εἶναι ἐμοί γε δοκεῖ.
"Ταῦτά σοι παραινῶ, νὴ τὴν πάνδημον, πολὺ
πρότερον ἐμαυτῷ παραινέσας καὶ χάριν ἐμαυτῷ
οὐ μικρὰν ἐπιστάμενος."
| [25] "On me pousse à la porte la tête la première ; mais je n'ai manqué, malgré
cela, d'aucune des choses nécessaires à la vie. Je me donne pour rhéteur ; je me
fais voir dans les tribunaux, trahissant, en toute occasion, la cause de la
justice, et promettant la faveur des juges à ceux qui sont assez insensés pour
me croire. Je perds presque toujours : n'importe, l'entrée de ma maison n'en est
pas moins décorée d'une palme verte, tressée en couronne. C'est une amorce pour
les pauvres clients. Je suis l'objet de la haine et du mépris général ; j'ai une
réputation détestable pour mes moeurs et plus encore pour mes discours ; on me
montre au doigt, et l'on dit que je suis passé maître en toute espèce de
méchancetés ; eh bien ! tout cela n'est pas d'un médiocre avantage. Tels sont,
par la Vénus publique, les conseils que j'ai à vous donner ; je me les suis,
depuis longtemps, donnés à moi-même, et je me sais un gré infini de les avoir
suivis."
| [26] Εἶεν· ὁ μὲν γεννάδας εἰπὼν ταῦτα πεπαύσεται·
σὺ δὲ ἢν πεισθῇς τοῖς εἰρημένοις, καὶ δὴ παρεῖναι
νόμιζε οἷπερ ἐξ ἀρχῆς ἐπόθεις ἐλθεῖν, καὶ οὐδέν
σε κωλύσει ἑπόμενον τοῖς νόμοις ἔν τε τοῖς
δικαστηρίοις κρατεῖν καὶ ἐν τοῖς πλήθεσιν
εὐδοκιμεῖν καὶ ἐπέραστον εἶναι καὶ γαμεῖν οὐ
γραῦν τινα τῶν κωμικῶν, καθάπερ ὁ νομοθέτης
καὶ διδάσκαλος, ἀλλὰ καλλίστην γυναῖκα τὴν
Ῥητορικήν, ὡς τὸ τοῦ Πλάτωνος ἐκεῖνο πτηνὸν
ἅρμα ἐλαύνοντα φέρεσθαι σοὶ μᾶλλον πρέπειν
περὶ σεαυτοῦ εἰπεῖν ἢ ἐκείνῳ περὶ τοῦ Διός· ἐγὼ
δὲ—ἀγεννὴς γὰρ καὶ δειλός εἰμι—ἐκστήσομαι τῆς
ὁδοῦ ὑμῖν καὶ παύσομαι τῇ Ῥητορικῇ ἐπιπολάζων,
ἀσύμβολος ὢν πρὸς αὐτὴν τὰ ὑμέτερα· μᾶλλον
δὲ ἤδη πέπαυμαι, ὥστε ἀκονιτὶ ἀνακηρύττεσθε
καὶ θαυμάζεσθε, μόνον τοῦτο μεμνημένοι, ὅτι μὴ
τῷ τάχει ἡμῶν κεκρατήκατε ὠκύτεροι φανέντες,
ἀλλὰ τῷ ῥᾴστην καὶ πρανῆ τραπέσθαι τὴν ὁδόν.
| [26] Mais en voilà assez : le galant t'en dira davantage. Si tu te conformes à
ses avis, sois sûr d'arriver au but que tu désires atteindre ; rien ne
t'empêchera, guidé par ses préceptes, de régner dans les tribunaux, de briller
aux yeux de la multitude, d'être aimé de tous, et d'épouser, non pas, comme ton
législateur et ton maître, une vieille de comédie, mais une très belle femme, la
Rhétorique ; alors tu t'appliqueras avec plus de justesse à toi-même, que Platon
ne l'a fait à Jupiter, le mot "voler sur un char aux ailes rapides." Quant
à moi, timide et sans courage, je cède la route à vous autres ; et je renonce à
m'élever jusqu'à la Rhétorique : je ne puis lui payer le même tribut que vous.
Désormais j'ai fini. Faites-vois proclamer vainqueurs, sans vous être couverts
de poussière ; offrez-vous à l'admiration générale ; seulement n'oubliez pas
que, si vous remportez la victoire, vous la devez moins à votre vitesse qui vous
a fait gagner le prix de la course, qu'aux chances d'une route très facile et
toute en pente.
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