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[11] μᾶλλον δέ, ταῦτα μὲν μηδέπω, περὶ δὲ τῆς ἀποφράδος
πρότερον. Εἰπὲ γάρ μοι, πρὸς πανδήμου καὶ Γενετυλλίδων
καὶ Κυβήβης, πῇ σοι μεμπτὸν καὶ γέλωτος
ἄξιον τοὔνομα εἶναι ἔδοξεν ἡ ἀποφράς; νὴ Δί´,
οὐ γὰρ ἦν τῶν Ἑλλήνων ἴδιον, ἀλλά ποθεν ἐπεισκωμάσαν
αὐτοῖς ἀπὸ τῆς πρὸς Κελτοὺς ἢ Θρᾷκας
ἢ Σκύθας ἐπιμιξίας, σὺ δὲ—ἅπαντα γὰρ οἶσθα τὰ
τῶν Ἀθηναίων—ἐξέκλεισας τοῦτο εὐθὺς καὶ ἐξεκήρυξας
τοῦ Ἑλληνικοῦ, καὶ ὁ γέλως ἐπὶ τούτῳ,
ὅτι βαρβαρίζω καὶ ξενίζω καὶ ὑπερβαίνω τοὺς
ὅρους τοὺς Ἀττικούς.
Καὶ μὴν τί ἄλλο οὕτως Ἀθηναίοις ἐπιχώριον
ὡς τουτὶ τοὔνομα, φαῖεν ἂν οἵ γε σοῦ μᾶλλον
τὰ τοιαῦτα εἰδότες· ὥστε θᾶττον ἂν Ἐρεχθέα καὶ
τὸν Κέκροπα ξένους ἀποφήναις καὶ ἐπήλυδας τῶν
Ἀθηνῶν ἢ τὴν ἀποφράδα δείξειας οὐκ οἰκείαν καὶ
αὐτόχθονα τῆς Ἀττικῆς.
| [11] Mais non ; parlons auparavant du mot g-apophrada.
Dis-moi, je t'en prie, au nom de la Vénus des carrefours, de
Génétyllis et de Cybèbe, que trouvais-tu donc à
reprendre dans ce mot ? En quoi t'a-t-il paru si risible, cet
g-apophras ? Par Jupiter ! n'est-il donc pas grec ? Est-ce un
intrus provenant de notre commerce avec les Celtes, les
Thraces et les Scythes ? Tu sais si bien tout ce qui
concerne Athènes, que tu n'hésites pas à exclure ce mot
et à le proclamer banni du territoire grec. Tu fais gorge
chaude de m'entendre user de locutions étrangères et
barbares, et de me voir passer les confins de l'Attique.
Mais est-il un terme plus athénien que celui-là ? te
demanderont tous ceux qui en savent plus long que toi
sur ces matières. Tu parviendrais plutôt à prouver
qu'Érechthée et Cécrops étaient des étrangers et des
intrus dans Athènes, que de démontrer qu' g-apophrada n'est
pas attique et autochtone.
| [12] πολλὰ μὲν γάρ ἐστιν
ἃ καὶ αὐτοὶ κατὰ ταὐτὰ τοῖς πᾶσιν ἀνθρώποις ὀνομάζουσιν,
ἀποφράδα δὲ μόνοι ἐκεῖνοι τὴν μιαρὰν
καὶ ἀπευκτὴν καὶ ἀπαίσιον καὶ ἄπρακτον καὶ σοὶ
ὁμοίαν ἡμέραν. ἰδού, καὶ μεμάθηκας ἤδη ὁδοῦ
πάρεργον τί βούλεται αὐτοῖς ἡ ἀποφρὰς ἡμέρα.
Ὅταν μήτε αἱ ἀρχαὶ χρηματίζωσι μήτε εἰσαγώγιμοι
αἱ δίκαι ὦσι μήτε τὰ ἱερὰ ἱερουργῆται μήθ´
ὅλως τι τῶν αἰσίων τελῆται, αὕτη ἀποφρὰς ἡμέρα.
| [12] Les Athéniens, en effet, désignent beaucoup d'objets
par des mots communs aux autres peuples de la Grèce;
mais ils sont les seuls qui appellent g-apophrada un jour
néfaste, abominable, malheureux, funeste, un jour qui te
ressemble. Tiens, voilà qu'en passant tu as appris ce que
veut dire g-apophras : lorsque les magistrats suspendent
leurs fonctions, quand les tribunaux sont fermés, qu'on
n'offre point de sacrifices, qu'on ne fait rien de ce qui
exige un augure favorable, ce jour-là s'appelle g-apophras.
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