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[19] κἀκεῖνα μέμνηνται,
ὡς τὸ εἰκός, ἃ πρὸς τὸ θέατρον ἐνεανιεύου,
τοῖς ὀρχησταῖς ὑποκρινόμενος καὶ συνταγματάρχης
ἀξιῶν εἶναι. οὐδεὶς γοῦν πρὸ σοῦ ἂν εἰσῆλθεν εἰς
τὸ θέατρον οὐδ´ ἂν ἐμήνυσεν ὅ τι τοὔνομα τῷ δράματι,
ἀλλὰ σὺ κοσμίως πάνυ, χρυσᾶς ἐμβάδας
ἔχων καὶ ἐσθῆτα τυραννικήν, προεισεπέμπου εὐμένειαν
αἰτήσων παρὰ τοῦ θεάτρου, στεφάνους
κομίζων καὶ κρότῳ ἀπιών, ἤδη τιμώμενος πρὸς
αὐτῶν. ἀλλὰ νῦν ῥήτωρ καὶ σοφιστής· καὶ διὰ
τοῦτο ἢν πύθωνταί ποτε τὰ τοιαῦτα ὑπὲρ σοῦ
ἐκεῖνοι, τοῦτο δὴ τὸ ἐκ τῆς τραγῳδίας, "δύο
μὲν ἡλίους ὁρᾶν" δοκοῦσι, "δισσὰς δὲ Θήβας·"
καὶ πρόχειρον ἅπασιν εὐθὺς τὸ "Ἐκεῖνος ὁ τότε,
καὶ μετ´ ἐκεῖνα;" τοιγάρτοι καὶ αὐτὸς εὖ
ποιῶν οὐκ ἐπιβαίνεις τὸ παράπαν οὐδ´ ἐπιχωριάζεις
αὐτοῖς, ἀλλὰ φεύγεις ἑκὼν πατρίδα οὔτε χεῖμα
κακὴν οὔτε θέρει ἀργαλέαν, ἀλλὰ καλλίστην καὶ
μεγίστην τῶν ἐν Φοινίκῃ ἁπασῶν· τὸ γὰρ ἐλέγχεσθαι
καὶ τοῖς εἰδόσι καὶ μεμνημένοις τῶν πάλαι
ἐκείνων συνεῖναι βρόχος ὡς ἀληθῶς ἔστι σοι.
καίτοι τί ταῦτα ληρῶ; τίνα γὰρ ἂν αἰδεσθείης
σύ; τί δ´ ἂν αἰσχρὸν ἡγήσαιο τῶν ὑστάτων;
πυνθάνομαι δὲ καὶ κτήματα εἶναί σοι μεγάλα παρ´
αὐτοῖς, τὸ δύστηνον ἐκεῖνο πυργίον, ὡς τὸν τοῦ
Σινωπέως πίθον τὴν Διὸς αὐλὴν εἶναι πρὸς αὐτό.
Τοὺς μὲν δὴ πολίτας οὐδαμῆ οὐδαμῶς ἂν μεταπείσειας
μὴ οὐχὶ τῶν ἁπάντων βδελυρώτατόν σε
ἡγεῖσθαι, ὄνειδος κοινὸν ἁπάσῃ τῇ πόλει·
| [19] Ils n'ont pas oublié non plus, comme tu peux croire,
tes prouesses dramatiques, quand tu voulus figurer avec
les danseurs et être chef de comparses. Personne n'avait
encore paru sur le théâtre, on n'avait pas encore annoncé
le titre de la pièce, lorsque, bien costumé, chaussé de
cothurnes d'or, vêtu d'une robe de tyran, tu fus envoyé
pour réclamer l'indulgence du public ; tu te retiras
chargé de couronnes, couvert d'applaudissements,
comblé d'honneurs : et maintenant te voilà rhéteur et
sophiste. Ceux qui apprennent cette métamorphose
s'imaginent, comme dans la tragédie,
Voir deux soleils aux cieux et deux villes de Thèbes,
et ils se disent le mot si connu : "L'homme d'aujourd'hui
est-il celui d'hier ?" Ainsi, tu fais sagement de ne plus
retourner parmi tes compatriotes, de ne plus paraître
dans le pays et de t'exiler volontairement de ta patrie.
Non pas que l'hiver y soit dur et l'été insupportable :
c'est, au contraire, une des villes les plus belles et les plus
grandes de la Phénicie ; mais être en butte aux
récriminations, vivre avec des gens qui te connaissent et
se souviennent de ton passé, c'est t'attacher à une
potence. Mais que je suis fou ! Eh ! devant qui rougirais-tu ?
Que vois-tu de honteux dans tes derniers actes ?
J'entends dire que tu possèdes dans ta patrie des biens
considérables, sans doute cette misérable tourelle, en
comparaison de laquelle le tonneau du philosophe de
Sinope serait le palais de Jupiter. Néanmoins tu ne
pourras faire changer d'opinion à tes concitoyens, et les
empêcher de te regarder comme le plus débauché des
hommes et l'opprobre de leur cité.
| [20] τάχα δ´
ἂν τοὺς ἄλλους τοὺς ἐν τῇ Συρίᾳ προσλάβοις
ὁμοψήφους, εἰ λέγοις μηδὲν πονηρὸν μηδὲ ἐπαίτιον
βεβιῶσθαί σοι. Ἡράκλεις, ἡ μὲν Ἀντιόχεια
καὶ τοὖργον αὐτὸ εἶδεν, ὅτε τὸν Ταρσόθεν ἥκοντα
ἐκεῖνον νεανίσκον ἀπαγαγών—ἀλλὰ καὶ ἀναδέρειν
αὐτὰ αἰσχρὸν ἴσως ἐμοί. πλὴν ἀλλὰ ἴσασίν γε καὶ
μέμνηνται οἱ τότε ὑμῖν ἐπιστάντες καὶ σὲ μὲν ἐς
γόνυ συγκαθήμενον ἰδόντες, ἐκεῖνον δὲ οἶσθα ὅ τι
καὶ ποιοῦντα, εἰ μὴ παντάπασιν ἐπιλήσμων τις εἶ.
| [20] Mais peut-être les autres habitants de la Syrie
t'accorderont-ils leurs suffrages, si tu viens leur dire qu'il
n'y a rien de pervers, rien de blâmable dans ta conduite.
Par Hercule ! Antioche n'a-t-elle donc pas vu ton bel
exploit, lorsque tu emmenas ce jeune homme qui arrivait
de Tarse ? Mais il est trop honteux pour moi de dévoiler
de pareilles turpitudes. Au surplus, elles ne sont un
secret pour personne, et des témoins oculaires se
souviennent de t'avoir vu à genoux, tandis que ton
complice était occupé à faire ce que tu sais bien, si tu n'as
pas entièrement perdu la mémoire.
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