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[17] ὃ δὲ μάλιστά με πνίγει τοῦτ´ ἐστίν, ὅτι μεμφόμενοι
τὴν ἀνθρωποποιίαν καὶ μάλιστά γε τὰς γυναῖκας
ὅμως ἐρᾶτε αὐτῶν καὶ οὐ διαλείπετε κατιόντες,
ἄρτι μὲν ταῦροι, ἄρτι δὲ σάτυροι καὶ κύκνοι
γενόμενοι, καὶ θεοὺς ἐξ αὐτῶν ποιεῖσθαι ἀξιοῦτε.
Ἀλλ´ ἐχρῆν μέν, ἴσως φήσεις, ἀναπεπλάσθαι
τοὺς ἀνθρώπους, ἄλλον δέ τινα τρόπον, ἀλλὰ μὴ
ἡμῖν ἐοικότας· καὶ τί ἂν ἄλλο παράδειγμα τούτου
ἄμεινον προεστησάμην, ὃ πάντως καλὸν ἠπιστάμην;
ἢ ἀσύνετον καὶ θηριῶδες ἔδει καὶ ἄγριον
ἀπεργάσασθαι τὸ ζῷον; καὶ πῶς ἂν ἢ θεοῖς
ἔθυσαν ἢ τὰς ἄλλας ὑμῖν τιμὰς ἀπένειμαν οὐχὶ
τοιοῦτοι γενόμενοι; ἀλλὰ ὑμεῖς, ὅταν μὲν ὑμῖν τὰς
ἑκατόμβας προσάγωσιν, οὐκ ὀκνεῖτε, κἂν ἐπὶ τὸν
Ὠκεανὸν ἐλθεῖν δέῃ "μετ´ ἀμύμονας Αἰθιοπῆας·"
τὸν δὲ τῶν τιμῶν ὑμῖν καὶ τῶν θυσιῶν αἴτιον ἀνεσταυρώκατε.
Περὶ μὲν οὖν τῶν ἀνθρώπων καὶ ταῦτα ἱκανά.
| [17] Mais ce qui me dépite le plus, c'est que, me reprochant d'avoir fait des
hommes, et plus encore des femmes, vous ne vous faites pas faute de les aimer,
de descendre sur la terre, tantôt changés en taureaux, tantôt en satyres, ou en
cygnes, et vous ne dédaignez pas d'en avoir des dieux. Mais il fallait,
diras-tu peut-être, faire des hommes avec une autre forme, et non pas à notre
ressemblance. Hé ! quel autre mode pouvais-je me proposer que celui qui me
paraissait le plus beau ? Devais-je faire de l'homme un être sans raison, une
brute sauvage et grossière ? Et comment les hommes auraient-ils offert des
sacrifices aux dieux ? comment nous auraient-ils rendu les autres hommages,
s'ils n'eussent pas été tels qu'ils sont ? Mais vous, sitôt qu'ils vous offrent
des hécatombes, vous ne perdez pas un instant, dussiez-vous aller à l'extrémité
de l'Océan, chez les Éthiopiens irréprochables. Et celui qui vous procure
ces honneurs et ces sacrifices, vous l'avez cloué à un rocher ! Mais en voilà
assez su sujet des hommes.
| [18] ἤδη δὲ καὶ ἐπὶ τὸ πῦρ, εἰ δοκεῖ, μέτειμι καὶ τὴν
ἐπονείδιστον ταύτην κλοπήν. καὶ πρὸς θεῶν
τοῦτό μοι ἀπόκριναι μηδὲν ὀκνήσας· ἔσθ´ ὅ τι
ἡμεῖς τοῦ πυρὸς ἀπολωλέκαμεν, ἐξ οὗ καὶ παρ´
ἀνθρώποις ἐστίν; οὐκ ἂν εἴποις. αὕτη γάρ, οἶμαι,
φύσις τουτουὶ τοῦ κτήματος, οὐδέν τι ἔλαττον
γίγνεται, εἰ καί τις ἄλλος αὐτοῦ μεταλάβοι· οὐ
γὰρ ἀποσβέννυται ἐναυσαμένου τινός· φθόνος δὲ
δὴ ἄντικρυς τὸ τοιοῦτο, ἀφ´ ὧν μηδὲν ὑμεῖς
ἠδίκησθε, τούτων κωλύειν μεταδιδόναι τοῖς δεομένοις.
καίτοι θεούς γε ὄντας ἀγαθοὺς εἶναι χρὴ
καὶ "δωτῆρας ἑάων" καὶ ἔξω φθόνου παντὸς
ἑστάναι· ὅπου γε καὶ εἰ τὸ πᾶν τοῦτο πῦρ ὑφελόμενος
κατεκόμισα ἐς τὴν γῆν μηδ´ ὅλως τι αὐτοῦ
καταλιπών, οὐ μεγάλα ὑμᾶς ἠδίκουν· οὐδὲν γὰρ
ὑμεῖς δεῖσθε αὐτοῦ μήτε ῥιγοῦντες μήτε ἕψοντες
τὴν ἀμβροσίαν μήτε φωτὸς ἐπιτεχνητοῦ δεόμενοι.
| [18] Maintenant, si tu veux bien, passons au feu et à ce larcin si amèrement
reproché. Et d'abord, au nom des dieux, réponds-moi sans hésiter. Avons-nous
perdu la moindre parcelle de ce feu, depuis qu'y est aux mains des hommes ? Tu
ne saurais répondre : telle est, en effet, la nature de cette possession,
qu'elle ne peut être diminuée par le partage ; le feu ne s'éteint pas en
allumant un autre feu : c’est donc chez vous pure jalousie de ne pas permettre
qu'on fasse part d'un bien à ceux qui en ont besoin, quand il n'en résulte pour
vous aucun dommage. N’êtes-vous donc pas des dieux, et, par conséquent, des
êtres bons, faiseurs de riches présents, étrangers à toute envie ? Et lors même
que je vous aurais dérobé tout le feu, pour le porter sur la terre, sans vous en
rien laisser, je ne vous aurais pas fait grand tort : vous n'en avez nul besoin,
vous n'avez jamais froid, vous ne faites pas cuire l'ambroisie, et vous pouvez
vous passer de lumière artificielle.
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