HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Prométhée ou le Caucase

Paragraphes 15-16

  Paragraphes 15-16

[15] Ἔτι δέ μοι, Ἑρμῆ, καὶ τόδε ἐννόησον, εἴ τι σοι δοκεῖ ἀγαθὸν ἀμάρτυρον, οἷον κτῆμα ποίημα μηδεὶς ὄψεται μηδὲ ἐπαινέσεται, ὁμοίως ἡδὺ καὶ τερπνὸν ἔσεσθαι τῷ ἔχοντι. πρὸς δὴ τί τοῦτ´ ἔφην; ὅτι μὴ γενομένων τῶν ἀνθρώπων ἀμάρτυρον συνέβαινε τὸ κάλλος εἶναι τῶν ὅλων, καὶ πλοῦτόν τινα πλουτήσειν ἐμέλλομεν οὔτε ὑπ´ ἄλλου τινὸς θαυμασθησόμενον οὔτε ἡμῖν αὐτοῖς ὁμοίως τίμιον· οὐδὲ γὰρ ἂν εἴχομεν πρὸς τι ἔλαττον παραθεωρῶμεν αὐτόν, οὐδ´ ἂν συνίεμεν ἡλίκα εὐδαιμονοῦμεν οὐχ ὁρῶντες ἀμοίρους τῶν ἡμετέρων τινάς· οὕτω γὰρ δὴ καὶ τὸ μέγα δόξειεν ἂν μέγα, εἰ τῷ μικρῷ παραμετροῖτο. ὑμεῖς δέ, τιμᾶν ἐπὶ τῷ πολιτεύματι τούτῳ δέον, ἀνεσταυρώκατέ με καὶ ταύτην μοι τὴν ἀμοιβὴν ἀποδεδώκατε τοῦ βουλεύματος. [15] Songe en outre à ceci, Mercure, qu'un bien, quel qu'il soit, possession ou oeuvre d'art, que personne ne peut voir ou louer, ne saurait être doux et agréable à celui qui le possède. Or, pourquoi parlé-je ainsi ! Pour montrer que, si les hommes n'eussent pas été créés, la beauté de l'univers serait demeurée sans témoin, et nous autres dieux nous serions riches d'une richesse que personne n'admirerait, et qui, par suite, n'aurait pour nous aucune valeur, attendu que nous ne pourrions la comparer à rien d'inférieur ; enfin nous ne comprendrions pas l'étendue de notre félicité, si nous ne voyions aucun être privé de ce bonheur : car la grandeur d'un objet ne se prouve que par sa comparaison avec un petit. Et vous, qui deviez me combler d'honneurs pour cet acte de bon citoyen, vous me clouez à un rocher en récompense de mes bonnes idées !
[16] Ἀλλὰ κακοῦργοί τινες, φής, ἐν αὐτοῖς καὶ μοιχεύουσι καὶ πολεμοῦσι καὶ ἀδελφὰς γαμοῦσι καὶ πατράσιν ἐπιβουλεύουσι. παρ´ ἡμῖν γὰρ οὐχὶ πολλὴ τούτων ἀφθονία; καὶ οὐ δήπου διὰ τοῦτο αἰτιάσαιτ´ ἄν τις τὸν Οὐρανὸν καὶ τὴν Γῆν, ὅτι ἡμᾶς συνεστήσαντο. ἔτι καὶ τοῦτο ἴσως φαίης ἄν, ὅτι ἀνάγκη πολλὰ ἡμᾶς ἔχειν πράγματα ἐπιμελουμένους αὐτῶν. οὐκοῦν διά γε τοῦτο καὶ νομεὺς ἀχθέσθω ἐπὶ τῷ ἔχειν τὴν ἀγέλην, διότι ἀναγκαῖον αὐτῷ ἐπιμελεῖσθαι αὐτῆς. καίτοι τό γε ἐργῶδες τοῦτο καὶ ἡδύ· ἄλλως καὶ φροντὶς οὐκ ἀτερπὴς ἔχουσά τινα διατριβήν. τί γὰρ ἂν ἐπράττομεν οὐκ ἔχοντες ὧν προνοοῦμεν τούτων; ἠργοῦμεν ἂν καὶ τὸ νέκταρ ἐπίνομεν καὶ τῆς ἀμβροσίας ἐνεφορούμεθα οὐδὲν ποιοῦντες. [16] Mais, dis-tu, il y a des méchants parmi les hommes : ils commettent des adultères, se font la guerre, épousent leurs soeurs, tendent des embûches à leurs pères. N'y a-t-il pas chez nous aussi abondante moisson de vices ? Et doit-on pour cela accuser Uranus et la Terre de nous avoir donné l'existence ? Tu me diras peut-être encore que c'est pour nous une rude affaire que de prendre soin des hommes. Autant vaudrait alors qu'un berger se plaignit d'être obligé de soigner son troupeau : s'il lui donne du mal, il lui procure aussi des plaisirs et une occupation qui n'en pas sans agrément. Que ferions-nous, si nous n'avions à veiller sur rien. Plongés dans l'oisiveté, nous boirions le nectar, nous nous remplirions d'ambroisie, sans rien faire.


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Dernière mise à jour : 22/11/2007