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[9] Τίθει δ´ ὅμως, ὦ Ἑρμῆ, τὸ χαλεπώτερον, μὴ
τὴν ἐλάττω μοῖραν ἀπονενεμηκέναι τῷ Διί, τὴν δ´
ὅλην ὑφῃρῆσθαι· τί οὖν; διὰ τοῦτο ἐχρῆν, τὸ τοῦ
λόγου, τῇ γῇ τὸν οὐρανὸν ἀναμεμῖχθαι καὶ δεσμὰ
καὶ σταυροὺς καὶ Καύκασον ὅλον ἐπινοεῖν καὶ
ἀετοὺς καταπέμπειν καὶ τὸ ἧπαρ ἐκκολάπτειν;
ὅρα γὰρ μὴ πολλήν τινα ταῦτα κατηγορῇ τοῦ
ἀγανακτοῦντος αὐτοῦ μικροψυχίαν καὶ ἀγένειαν
τῆς γνώμης καὶ πρὸς ὀργὴν εὐχέρειαν. ἢ τί γὰρ
ἂν ἐποίησεν οὗτος ὅλον βοῦν ἀπολέσας, εἰ κρεῶν
ὀλίγων ἕνεκα τηλικαῦτα ἐργάζεται;
| [9] Mais supposé même, Mercure, ce qui est bien plus grave, que non seulement
j'aie donné à Jupiter la plus petite part, mais que j'aie enlevé la part tout
entière : quoi donc ? fallait-il pour cela, comme on dit, confondre le ciel et
la terre, songer à des chaînes, à des croix, au Caucase, et faire descendre des
aigles pour me ronger le foie ! Vois si tout ce fracas n'accuse point celui
qui se fâche de petitesse, de bassesse dans les sentiments, de penchant à la
colère. Qu'eût-il donc fait s'il eût perdu un boeuf tout entier, puisque, pour
un peu de viande, il entre dans un tel courroux ?
| [10] Καίτοι πόσῳ οἱ ἄνθρωποι εὐγνωμονέστερον διάκεινται
πρὸς τὰ τοιαῦτα, οὓς εἰκὸς ἦν καὶ τὰ ἐς
τὴν ὀργὴν ὀξυτέρους εἶναι τῶν θεῶν; ἀλλ´ ὅμως
ἐκείνων οὐκ ἔστιν ὅστις τῷ μαγείρῳ σταυροῦ ἂν
τιμήσαιτο, εἰ τὰ κρέα ἕψων καθεὶς τὸν δάκτυλον
τοῦ ζωμοῦ τι περιελιχμήσατο ἢ ὀπτωμένων ἀποσπάσας
τι κατεβρόχθισεν, ἀλλὰ συγγνώμην ἀπονέμουσιν
αὐτοῖς· εἰ δὲ καὶ πάνυ ὀργισθεῖεν, ἢ
κονδύλους ἐνέτριψαν ἢ κατὰ κόρρης ἐπάταξαν,
ἀνεσκολοπίσθη δὲ οὐδεὶς παρ´ αὐτοῖς τῶν τηλικούτων ἕνεκα.
Καὶ περὶ μὲν τῶν κρεῶν τοσαῦτα, αἰσχρὰ μὲν κἀμοὶ ἀπολογεῖσθαι,
πολὺ δὲ αἰσχίω κατηγορεῖν ἐκείνῳ.
| [10] Que les hommes, en pareil cas, se conduisent avec bien plus d'équité, eux
qui cependant devraient être plus susceptibles que les dieux ! Toutefois, il n'y
en a pas un seul qui condamnât un cuisinier à être pendu, pour avoir, en faisant
cuire des viandes, trempé son doigt dans la sauce, et l'avoir léché, ou avoir
arraché quelques lardons à un rôti et les avoir avalés. Non ; ce sont des torts
qu'on excuse ; ou, si le maître s'emporte, il donne quelques coupe de poings au
gourmand, quelques soufflets sur la joue, mais personne n’a jamais été attaché à
la potence pour semblable délit. En voilà assez de dit sur les viandes : j’ai
honte d’avoir à me défendre à ce sujet, mais il est encore plus honteux pour
Jupiter de m’accuser.
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