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[19] ἀλλὰ εἰπέ μοι σύ, τί σοι τοὔνομα;
ΠΑΡΡΗΣΙΑΔΗΣ.
Ἐμοί; Παρρησιάδης Ἀληθίωνος τοῦ Ἐλεγξικλέους.
ΦΙΛΟΣΟΦΙΑ.
Πατρὶς δέ;
ΠΑΡΡΗΣΙΑΔΗΣ.
Σύρος, ὦ Φιλοσοφία, τῶν Ἐπευφρατιδίων.
ἀλλὰ τί τοῦτο; καὶ γὰρ τούτων τινὰς οἶδα τῶν
ἀντιδίκων μου οὐχ ἧττον ἐμοῦ βαρβάρους τὸ
γένος· ὁ τρόπος δὲ καὶ ἡ παιδεία οὐ κατὰ Σολέας
ἢ Κυπρίους ἢ Βαβυλωνίους ἢ Σταγειρίτας. καίτοι
πρός γε σὲ οὐδὲν ἂν ἔλαττον γένοιτο οὐδ´ εἰ
τὴν φωνὴν βάρβαρος εἴη τις, εἴπερ ἡ γνώμη ὀρθὴ
καὶ δικαία φαίνοιτο οὖσα.
| [19] Mais, dis-moi, quel est ton nom ?
LUCIEN. Parrhésiade, fils d'Aléthion, du bourg d'Elenxiclée.
LA PHILOSOPHIE. Ta patrie ?
LUCIEN. Je suis Syrien, Philosophie, des bords de
l'Euphrate. Mais que fait cela ? Je connais
plusieurs de mes adversaires qui ne sont pas
moins que moi barbares de naissance. Je n'ai pas
été élevé ni instruit comme on l'est à Soli, à
Chypre, à Babylone ou à Stagire ; mais que
t'importe qu'on ait un accent barbare, pourvu que
la doctrine soit conforme à la raison et à la justice ?
| [20] ΦΙΛΟΣΟΦΙΑ.
Εὖ λέγεις· ἄλλως γοῦν ἠρόμην. ἡ τέχνη δέ
σοι τίς; ἄξιον γὰρ ἐπίστασθαι τοῦτό γε.
ΠΑΡΡΗΣΙΑΔΗΣ.
Μισαλαζών εἰμι καὶ μισογόης καὶ μισοψευδὴς
καὶ μισότυφος καὶ μισῶ πᾶν τὸ τοιουτῶδες εἶδος
τῶν μιαρῶν ἀνθρώπων· πάνυ δὲ πολλοί εἰσιν, ὡς
οἶσθα.
ΦΙΛΟΣΟΦΙΑ.
Ἡράκλεις, πολυμισῆ τινα μέτει τὴν τέχνην.
ΠΑΡΡΗΣΙΑΔΗΣ.
Εὖ λέγεις· ὁρᾷς γοῦν ὁπόσοις ἀπεχθάνομαι
καὶ ὡς κινδυνεύω δι´ αὐτήν.
Οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ τὴν ἐναντίαν αὐτῇ πάνυ
ἀκριβῶς οἶδα, λέγω δὲ τὴν ἀπὸ τοῦ φιλο τὴν
ἀρχὴν ἔχουσαν· φιλαλήθης τε γὰρ καὶ φιλόκαλος
καὶ φιλαπλοϊκὸς καὶ ὅσα τῷ φιλεῖσθαι συγγενῆ.
πλὴν ἀλλ´ ὀλίγοι πάνυ ταύτης ἄξιοι τῆς τέχνης,
οἱ δὲ ὑπὸ τῇ ἐναντίᾳ ταττόμενοι καὶ τῷ μίσει
οἰκειότεροι πεντακισμύριοι. κινδυνεύω τοιγαροῦν
τὴν μὲν ὑπ´ ἀργίας ἀπομαθεῖν ἤδη, τὴν δὲ πάνυ
ἠκριβωκέναι.
ΦΙΛΟΣΟΦΙΑ.
Καὶ μὴν οὐκ ἐχρῆν· τοῦ γὰρ αὐτοῦ καὶ τάδε,
φασί, καὶ τάδε· ὥστε μὴ διαίρει τὼ τέχνα· μία
γὰρ ἐστὸν δύ´ εἶναι δοκούσα.
ΠΑΡΡΗΣΙΑΔΗΣ.
Ἄμεινον σὺ ταῦτα οἶσθα, ὦ Φιλοσοφία. τὸ
μέντοι ἐμὸν τοιοῦτόν ἐστιν, οἷον τοὺς μὲν πονηροὺς
μισεῖν, ἐπαινεῖν δὲ τοὺς χρηστοὺς καὶ φιλεῖν.
| [20] LA PHILOSOPHIE. C'est vrai ; ma question était
inopportune. Quelle est ta profession ? c'est une
chose du moins qu'il faut que je sache.
LUCIEN. Je fais métier de haïr la forfanterie, le
charlatanisme, le mensonge, l'orgueil et toute
l'engeance des hommes infectés de ces vices. Ils
sont nombreux, comme tu sais.
LA PHILOSOPHIE. Par Hercule ! C'est un métier qui
expose beaucoup à la haine.
LUCIEN. Tu as raison : aussi tu vois que de gens
me haïssent et à quels périls ce métier m'expose.
Cependant je connais aussi parfaitement la
profession opposée, c'est-à-dire celle dont l'amour
est le principe. J'aime, en effet, la vérité, la probité,
la simplicité, et tout ce qui est aimable de sa
nature. Mais je trouve peu de gens avec qui je
puisse exercer ce talent. Au contraire, le nombre de
ceux qui sont dans l'autre camp, et dignes de
haine, dépasse cinquante mille ; de sorte que je
cours risque d'oublier le second métier, vu la rareté
des occasions, et de devenir trop fort dans l'autre.
LA PHILOSOPHIE. C'est ce qu'il ne faut pas ; car,
comme l'on dit, aimer et haïr sont deux sentiments
du même cœur. Ne les sépare donc point. Ils ne
font qu'un seul art, tout en paraissant en faire deux.
LUCIEN. Tu le sais mieux que moi, Philosophie.
Telle est ce pendant mon humeur, que je hais les
méchants, tandis que j'aime et loue les gens de bien.
| [21] ΦΙΛΟΣΟΦΙΑ.
Ἄγε δή, πάρεσμεν γὰρ ἔνθα ἐχρῆν, ἐνταῦθά
που ἐν τῷ προνάῳ τῆς Πολιάδος δικάσωμεν. ἡ
Ἱέρεια διάθες ἡμῖν τὰ βάθρα, ἡμεῖς δὲ ἐν τοσούτῳ
προσκυνήσωμεν τὴν θεόν.
ΠΑΡΡΗΣΙΑΔΗΣ.
Ὦ Πολιάς, ἐλθέ μοι κατὰ τῶν ἀλαζόνων
σύμμαχος ἀναμνησθεῖσα ὁπόσα ἐπιορκούντων
ὁσημέραι ἀκούεις αὐτῶν· καὶ ἃ πράττουσι δὲ
μόνη ὁρᾷς ἅτε δὴ ἐπὶ σκοπῆς οἰκοῦσα. νῦν
καιρὸς ἀμύνασθαι αὐτούς. ἐμὲ δὲ ἤν που κρατούμενον
ἴδῃς καὶ πλείους ὦσιν αἱ μέλαιναι, σὺ
προσθεῖσα τὴν σεαυτῆς σῶζέ με.
| [21] LA PHILOSOPHIE. Mais nous voici arrivés où
nous allions. C'est ici, sous le portique du temple
de Minerve Poliade, que nous allons juger.
Prêtresse, fais-nous préparer des sièges, et nous,
pendant ce temps, adorons la déesse.
LUCIEN. Minerve Poliade viens à mon aide
contre les charlatans ; souviens-toi de tous les
parjures qu'ils font entendre chaque jour ; seule, tu
vois leurs crimes, qui ne peuvent tromper ta
vigilance : c'est le moment de t'en venger. Pour moi,
si tu me vois près de succomber, si les pierres
noires sont en plus grand nombre que les
blanches, ajoute à celles-ci la tienne, et sauve-moi.
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