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[13] Ἀλλ´ ὅτι μὲν τέχνη ἐστὶν ἡ παρασιτική, κἀκ
τούτων καὶ τῶν ἄλλων ἱκανῶς δέδεικται. λοιπὸν
ὅτι καὶ ἀρίστη δεικτέον, καὶ τοῦτο οὐχ ἁπλῶς,
ἀλλὰ πρῶτον μέν, ὅτι κοινῇ πασῶν διαφέρει τῶν
τεχνῶν, εἶτα ὅτι καὶ ἰδίᾳ ἑκάστης.
Κοινῇ μὲν οὖν ἁπασῶν οὕτω διαφέρει· πάσης
γὰρ τέχνης ἀνάγκη προάγειν μάθησιν πόνον φόβον
πληγάς, ἅπερ οὐκ ἔστιν ὅστις οὐκ ἂν ἀπεύξαιτο·
ταύτην δὲ τὴν τέχνην, ὡς ἔοικεν, μόνην
ἔξεστι μαθεῖν ἄνευ πόνου. τίς γὰρ ἀπὸ δείπνου
ποτὲ ἀπῆλθεν κλαίων, ὥσπερ τινὰς ἐκ τῶν διδασκάλων
ὁρῶμεν, τίς δ´ ἐπὶ δεῖπνον ἀπιὼν ὤφθη
σκυθρωπός, ὥσπερ οἱ εἰς διδασκαλεῖα φοιτῶντες;
καὶ μὴν ὁ μὲν παράσιτος ἑκὼν αὐτὸς ἐπὶ δεῖπνον
ἔρχεται μάλα ἐπιθυμῶν τῆς τέχνης, οἱ δὲ τὰς
ἄλλας τέχνας μανθάνοντες μισοῦσιν αὐτάς, ὥστε
ἔνιοι δι´ αὐτὰς ἀποδιδράσκουσι.
Τί δέ, οὐ κἀκεῖνο ἐννοῆσαί σε δεῖ, ὅτι καὶ τοὺς
ἐν ἐκείναις ταῖς τέχναις προκόπτοντας οἱ πατέρες
καὶ μητέρες τούτοις τιμῶσι μάλιστα, οἷς καθ´
ἡμέραν καὶ τὸν παράσιτον, "Καλῶς νὴ Δία
ἔγραψεν ὁ παῖς," λέγοντες, "δότε αὐτῷ φαγεῖν·"
"Οὐκ ἔγραψεν ὀρθῶς, μὴ δότε;" οὕτω τὸ πρᾶγμα
καὶ ἔντιμον καὶ ἐν τιμωρίᾳ μέγα φαίνεται.
| [13] La profession de parasite est un art, voilà qui est
amplement démontré par ces raisons et par les autres : il
me reste à faire voir que c'est l'art par excellence, et je ne
dis pas cela simplement, mais je le prouve en établissant
sa supériorité, d'abord sur les autres arts en général, et
ensuite sur chacun d'eux en particulier. Voici comment il
surpasse tous les arts en général. Un art, quel qu'il soit,
ne peut s'apprendre sans des travaux, des craintes, des
coups qui le font maudire de ceux qui l'étudient. L'art du
parasite, on le voit bien, est le seul qui puisse
s'apprendre sans travail. Qui est-ce qui sort, en effet,
d'un repas en pleurant, comme vous voyez chaque jour
des élèves sortant de chez leurs maîtres ? Qui est-ce qui,
se rendant à un festin, a la figure triste, comme ceux qui
vont aux écoles ? En outre, c'est toujours de son plein gré
que le parasite va s'asseoir à une table pour y faire
preuve de son talent : ceux qui étudient les autres arts les
prennent en dégoût au point que certains les
abandonnent sans retour. Que dis-je ? N'as-tu jamais
remarqué que, pour récompenser les progrès de leurs
enfants, les pères et les mères leur promettent ce qu'a
chaque jour le parasite ? "Par Jupiter ! disent-ils, mon fils
a bien écrit, donnez-lui à manger ! Il a mal écrit, ne lui en
donnez pas !" Ainsi, mon art sert tout à la fois de
récompense et de punition.
| [14] Καὶ μὴν αἱ ἄλλαι τέχναι τὸ τέλος ὕστερον
τοῦτο ἔχουσι, μετὰ τὸ μαθεῖν καὶ τοὺς καρποὺς
ἡδέως ἀπολαμβάνουσαι· πολλὴ γὰρ "καὶ ὄρθιος
οἶμος ἐς αὐτάς·" ἡ δὲ παρασιτικὴ μόνη τῶν
ἄλλων εὐθὺς ἀπολαύει τῆς τέχνης ἐν αὐτῷ τῷ
μανθάνειν, καὶ ἅμα τε ἄρχεται καὶ ἐν τῷ τέλει ἐστίν.
Καὶ μέντοι τῶν ἄλλων τεχνῶν οὐ τινές, ἀλλὰ
πᾶσαι ἐπὶ μόνην τὴν τροφὴν γεγόνασιν, ὁ δὲ
παράσιτος εὐθὺς ἔχει τὴν τροφὴν ἅμα τῷ ἄρξασθαι
τῆς τέχνης. ἢ οὐκ ἐννοεῖς ὅτι ὁ μὲν γεωργὸς
γεωργεῖ οὐ τοῦ γεωργεῖν ἕνεκα καὶ ὁ τέκτων
τεκταίνεται οὐχὶ τοῦ τεκταίνεσθαι ἕνεκα, ὁ δὲ
παράσιτος οὐχ ἕτερον μέν τι διώκει, ἀλλὰ τὸ
αὐτὸ καὶ ἔργον μὲν ἐστὶν αὐτοῦ καὶ οὗ ἕνεκα γίγνεται;
| [14] Dans les autres arts, on n'arrive que longtemps après
les avoir étudiés à en recueillir le prix :
"Le chemin est glissant et pénible à tenir".
L'art du parasite, seul entre tous, vous procure cette
jouissance, dans le temps même de l'apprentissage : le
commencement et la perfection, s'y donnent la main. Les
autres arts ont tous été inventés pour fournir à notre
subsistance ; celui du parasite la lui assure aussitôt qu'il
commence à l'exercer. Ne vois-tu pas que si le laboureur
laboure, il ne laboure pas pour lui ; que, si le maçon
maçonne, il ne maçonne pas pour lui, tandis que le
parasite ne poursuit pas un but distinct de son travail,
l'un et l'autre se confondent ?
| [15] Καὶ μὴν ἐκεῖνά γε οὐδείς ἐστιν ὅστις οὐκ ἐπίσταται,
ὅτι οἱ μὲν τὰς λοιπὰς τέχνας ἐργαζόμενοι
τὸν μὲν ἄλλον χρόνον ταλαιπωροῦσι, μίαν δὲ ἢ
δύο μόνας τοῦ μηνὸς ἡμέρας ἱερὰς ἄγουσι, καὶ
εὐφραίνεσθαι λέγονται τότε· ὁ δὲ παράσιτος τοῦ
μηνὸς τὰς τριάκονθ´ ἡμέρας ἱερὰς ἄγει· πᾶσαι
γὰρ αὐτῷ δοκοῦσιν εἶναι τῶν θεῶν.
| [15] Il n'est personne, assurément, qui ne sache que ceux
qui exercent les autres arts, ont à passer des moments
fort durs : à peine dans un mois ont-ils deux ou trois
jours de fête ; les villes célèbrent dés solennités qui se
prolongent des mois, des années entières, et elles
prennent alors, comme on dit, du bon temps ; le parasite a
trente jours de fête par mois ; il n'y en pas un seul qui ne
lui paraisse consacré aux dieux.
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