HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Le parasite

Pagagraphes 10-12

  Pagagraphes 10-12

[10] φανεῖται δὲ οὕτως· γὰρ σοφὸς Ὅμηρος τὸν τοῦ παρασίτου βίον θαυμάζων ὡς ἄρα μακάριος καὶ ζηλωτὸς εἴη μόνος, οὕτω φησίν· οὐ γὰρ ἔγωγέ τί φημι τέλος χαριέστερον εἶναι, ὅτ´ ἂν εὐφροσύνη μὲν ἔχῃ κάτα δῆμον ἅπαντα, δαιτυμόνες δ´ ἀνὰ δώματ´ ἀκουάζωνται ἀοιδοῦ ἥμενοι ἑξείης, παρὰ δὲ πλήθωσι τράπεζαι σίτου καὶ κρειῶν, μέθυ δ´ ἐκ κρητῆρος ἀφύσσων οἰνοχόος φορέῃσι καὶ ἐγχείῃ δεπάεσσι. καὶ ὡς οὐχ ἱκανῶς ταῦτα θαυμάζων μᾶλλον τὴν αὑτοῦ γνώμην ποιεῖ φανερωτέραν εὖ λέγων· τοῦτό τί μοι κάλλιστον ἐνὶ φρεσὶν εἴδεται εἶναι, οὐχ ἕτερόν τι, ἐξ ὧν φησιν, τὸ παρασιτεῖν εὔδαιμον νομίζων. καὶ μὴν οὐδὲ τῷ τυχόντι ἀνδρὶ περιτέθεικε τούτους τοὺς λόγους, ἀλλὰ τῷ σοφωτάτῳ τῶν ὅλων. καίτοι γε εἴπερ ἐβούλετο Ὀδυσσεὺς τὸ κατὰ τοὺς Στωϊκοὺς ἐπαινεῖν τέλος, ἐδύνατο ταυτὶ λέγειν ὅτε τὸν Φιλοκτήτην ἀνήγαγεν ἐκ τῆς Λήμνου, ὅτε τὸ Ἴλιον ἐξεπόρθησεν, ὅτε τοὺς Ἕλληνας φεύγοντας κατέσχεν, ὅτε εἰς Τροίαν εἰσῆλθεν ἑαυτὸν μαστιγώσας καὶ κακὰ καὶ Στωϊκὰ ῥάκη ἐνδύς· ἀλλὰ τότε οὐκ εἶπε τοῦτο τέλος χαριέστερον. ἀλλὰ μὴν καὶ ἐν τῷ τῶν Ἐπικουρείων βίῳ γενόμενος αὖθις παρὰ τῇ Καλυψοῖ, ὅτε αὐτῷ ὑπῆρχεν ἐν ἀργίᾳ τε βιοτεύειν καὶ τρυφᾶν καὶ βινεῖν τὴν Ἄτλαντος θυγατέρα καὶ κινεῖν πάσας τὰς λείας κινήσεις, οὐδὲ τότε εἶπε τοῦτο τὸ τέλος χαριέστερον, ἀλλὰ τὸν τῶν παρασίτων βίον. ἐκαλοῦντο δὲ δαιτυμόνες οἱ παράσιτοι τότε. πῶς οὖν λέγει; πάλιν γὰρ ἄξιον ἀναμνησθῆναι τῶν ἐπῶν· οὐδὲν γὰρ οἷον ἀκούειν αὐτῶν πολλάκις λεγομένων· "δαιτυμόνες καθήμενοι ἑξείης·" καί· παρὰ δὲ πλήθωσι τράπεζαι σίτου καὶ κρειῶν. [10] Ce qui le prouve, c'est le témoignage du sage Homère en admiration devant la vie du parasite, qui lui paraît pleine de félicité et la seule digne d'envie. "Il n’est point, à mon gré, de plus charmant destin, Que de voir tout un peuple assis en un festin ; Les pains avec les chairs abondent sur la table ; La coupe, à tout moment, puise un vin délectable Que porte l'échanson et qu'il verse à plein bord". Ensuite, comme s'il n'avait pas assez témoigné son admiration, il rend sa pensée encore plus claire en disant : "Je ne crois pas qu'au monde il soit rien de plus beau". Ces vers ne veulent pas dire autre chose que le bonheur est dans la vie du parasite. Or, ce n'est pas dans la bouche du premier venu que le poète met ce langage, mais il le prête au plus sage des Grecs. Cependant, si Ulysse eût voulu faire l'éloge de la fin que se proposent les Stoïciens, il aurait pu parler ainsi, quand il ramène Philoctète de Lemnos, dévaste Ilion, retient les Grecs en fuite, et qu'il entre dans Troie, après s'être flagellé lui-même, et vêtu de haillons déchirés et stoïques. Mais il ne choisit pas ce moment pour parler de charmant destin. Il y a plus : lorsqu'il passait son temps en épicurien dans l'île de Calypso, vivant en repos et en liesse, caressant la fille d'Atlas et se livrant aux plus doux mouvements de la volupté, il ne parle pas encore de ce destin charmant : il réserve cela pour la vie du parasite : car les parasites, à cette époque, se nommaient conviés. Que dit-il ? Je vais répéter ses vers : on n'en comprend bien le sens qu'en les récitant à plusieurs reprises : "Alentour sont assis de nombreux conviés : Les pains avec les chairs abondent sur la table".
[11] γε μὴν Ἐπίκουρος σφόδρα ἀναισχύντως ὑφελόμενος τὸ τῆς παρασιτικῆς τέλος τῆς καθ´ αὑτὸν εὐδαιμονίας τέλος αὐτὸ ποιεῖ. καὶ ὅτι κλοπὴ τὸ πρᾶγμά ἐστιν καὶ οὐδὲν Ἐπικούρῳ μέλει τὸ ἡδύ, ἀλλὰ τῷ παρασίτῳ, οὕτω μάθοις ἄν. ἔγωγε ἡγοῦμαι τὸ ἡδὺ πρῶτον μὲν τὸ τῆς σαρκὸς ἀόχλητον, ἔπειτα τὸ μὴ θορύβου καὶ ταραχῆς τὴν ψυχὴν ἐμπεπλῆσθαι. τούτων τοίνυν μὲν παράσιτος ἑκατέρων τυγχάνει, δὲ Ἐπίκουρος οὐδὲ θατέρου· γὰρ ζητῶν περὶ σχήματος γῆς καὶ κόσμων ἀπειρίας καὶ μεγέθους ἡλίου καὶ ἀποστημάτων καὶ πρώτων στοιχείων καὶ περὶ θεῶν, εἴτε εἰσὶν εἴτε οὐκ εἰσί, καὶ περὶ αὐτοῦ τοῦ τέλους ἀεὶ πολεμῶν καὶ διαφερόμενος πρός τινας οὐ μόνον ἐν ἀνθρωπίναις, ἀλλὰ καὶ ἐν κοσμικαῖς ἐστιν ὀχλήσεσιν. δὲ παράσιτος πάντα καλῶς ἔχειν οἰόμενος καὶ πεπιστευκὼς μὴ ἄλλως ταῦτα ἔχειν ἄμεινον ἔχει, μετὰ πολλῆς ἀδείας καὶ γαλήνης, οὐδενὸς αὐτῷ τοιούτου παρενοχλοῦντος, ἐσθίει καὶ κοιμᾶται ὕπτιος ἀφεικὼς τοὺς πόδας καὶ τὰς χεῖρας ὥσπερ Ὀδυσσεὺς τῆς Σχερίας ἀποπλέων οἴκαδε. [11] Epicure, je le sais, n'a honte de s'approprier ce bonheur, qui est la fin même où tend le parasite : mais c'est un vol ; l'agréable n'a rien de commun avec Épicure ; il est tout au parasite, et je le prouve. L'agréable, selon moi, consiste à avoir le corps exempt de douleur, l'âme libre de trouble et d'inquiétude : le parasite jouit de ces deux privilèges, l'épicurien n'a ni l'un ni l'autre. En effet, celui qui cherche à connaître la figure de la terre, l'infinité des mondes, la grandeur du soleil, les distances célestes et les premiers éléments, qui veut savoir s'il existe ou non des dieux, qui dispute sur la véritable fin de l'homme, et qui est toujours en discussion, est sans cesse préoccupé non seulement des affaires humaines, mais de celles de l'univers entier. Au contraire, le parasite, qui croit que tout est bien et ne peut pas être mieux, plein d'un calme et d'une sécurité que ne trouble aucune de ces idées, mange et dort couché sur le dos, les pieds et les bras étendus, comme Ulysse naviguant sur son radeau vers sa patrie.
[12] Καὶ μὴν οὐχὶ κατὰ ταῦτα μόνον οὐδὲν προσήκει τὸ ἡδὺ τῷ Ἐπικούρῳ, ἀλλὰ καὶ κατ´ ἐκεῖνα· γὰρ Ἐπίκουρος οὗτος, ὅστις ποτέ ἐστιν σοφός, ἤτοι φαγεῖν ἔχει οὔ· εἰ μὲν οὐκ ἔχει, οὐχ ὅπως ἡδέως ζήσεται, ἀλλ´ οὐδὲ ζήσεται· εἰ δὲ ἔχει, εἴτε παρ´ ἑαυτοῦ εἴτε παρ´ ἄλλου· εἰ μὲν οὖν παρ´ ἄλλου τὸ φαγεῖν ἔχοι, παράσιτός ἐστι καὶ οὐχ ὃς λέγει· εἰ δὲ παρ´ ἑαυτοῦ, οὐχ ἡδέως ζήσεται. (ΤΥΧΙΑΔΗΣ) Πῶς οὐχ ἡδέως; (ΣΙΜΩΝ) Εἰ γὰρ ἔχοι τὸ φαγεῖν παρ´ ἑαυτοῦ, πολλά τοι, Τυχιάδη, τὰ ἀηδέα τῷ τοιούτῳ βίῳ παρακολουθεῖν ἀνάγκη· καὶ ἄθρει πόσα. δεῖ τὸν μέλλοντα βιώσεσθαι καθ´ ἡδονὴν τὰς ἐγγιγνομένας ὀρέξεις ἁπάσας ἀναπληροῦν. τί φής; (ΤΥΧΙΑΔΗΣ) Κἀμοὶ δοκεῖ. (ΣΙΜΩΝ) Οὐκοῦν τῷ μὲν συχνὰ κεκτημένῳ ἴσως τοῦτο παρέχει, τῷ δὲ ὀλίγα καὶ μηδὲν οὐκέτι· ὥστε πένης οὐκ ἂν σοφὸς γένοιτο οὐδὲ ἐφίκοιτο τοῦ τέλους, λέγω δὴ τοῦ ἡδέος. ἀλλ´ οὐδὲ μὴν πλούσιος, παρὰ τῆς οὐσίας ἀφθόνως ταῖς ἐπιθυμίαις χορηγῶν, δυνήσεται τοῦδε ἐφικέσθαι. τί δή ποτε; ὅτι πᾶσα ἀνάγκη τὸν ἀναλίσκοντα τὰ ἑαυτοῦ πολλαῖς περιπίπτειν ἀηδίαις, τοῦτο μὲν τῷ μαγείρῳ κακῶς σκευάσαντι τὸ ὄψον μαχόμενον εἰ μὴ μάχοιτο φαῦλα παρὰ τοῦτο ἐσθίοντα τὰ ὄψα καὶ τοῦ ἡδέος ὑστεροῦντα, τοῦτο δὲ τῷ οἰκονομοῦντι τὰ κατὰ τὴν οἰκίαν, εἰ μὴ καλῶς οἰκονομοίη, μαχόμενον. οὐχ οὕτως; (ΤΥΧΙΑΔΗΣ) Νὴ Δία, κἀμοὶ δοκεῖ. (ΣΙΜΩΝ) Τῷ μὲν οὖν Ἐπικούρῳ πάντα συμβαίνειν εἰκός, ὥστε οὐδέποτε τεύξεται τοῦ τέλους· τῷ δὲ παρασίτῳ οὔτε μάγειρός ἐστιν χαλεπήναι, οὔτε ἀγρὸς οὔτε οἶκος οὔτε ἀργύρια, ὑπὲρ ὧν ἀπολλυμένων ἀχθεσθείη, ὥστε καὶ φάγοι καὶ πίοι μόνος οὗτος ὑπὸ μηδενός, ὧν ἐκείνους ἀνάγκη, ἐνοχλούμενος. [12] Mais ce n'est pas seulement sous ce rapport que l'agréable n'a rien de commun avec Épicure ; voici encore ce qui les sépare. Cet Épicure, un sage, je le veux bien, a de quoi manger ou non. S'il n'a rien, il ne peut vivre heureux, il ne vivra même pas : s'il a de quoi, cela lui vient de lui ou d'un autre. Si cela lui vient d'un autre, il est parasite, et non plus ce qu'il prétend : si c'est de lui, il ne vit pas heureux. TYCHIADE. Et pourquoi pas ? LE PARASITE. Si c'est par lui-même qu'il a de quoi manger, ce genre de vie, Tychiade, entraîne une foule d'embarras. Considères-en le nombre. Ne faut-il pas que celui qui veut vivre agréablement satisfasse tous ses désirs ? Qu'en dis-tu ? TYCHIADE. Je le crois. LE PARASITE. Peut-être y parviendra-t-il, s'il possède de grands biens ; mais s'il a peu de chose, s'il n'a rien, c'est impossible : il sera un mendiant et non un philosophe, et ne pourra plus arriver à son but ; je veux dire à l'agréable. Mais je le suppose riche, en état de dépenser largement pour contenter ses désirs, il ne parviendra pas davantage à son but. Pourquoi cela ? Parce que, de toute nécessité, celui qui dépense son bien est en proie à mille tracasseries. Tantôt, il lui faut batailler avec son cuisinier pour un ragoût mal accommodé, ou, s'il ne bataille pas, il sera forcé de manger un mauvais plat et de se passer de plaisir ; tantôt il a maille à partir avec son intendant pour la mauvaise gestion du ménage. N'est-ce pas cela ? TYCHIADE. Par Jupiter ! c'est bien cela ! LE PARASITE. Si toutes ces contrariétés arrivent à Épicure, et c'est tout naturel, il ne parviendra jamais à son but. Le parasite n'a pas de cuisinier contre lequel il s'emporte, pas de champs, pas d'intendant, pas d'argenterie dont la perte lui cause un vif chagrin, mais il a tout ce qu'il lui faut pour manger et pour boire, et seul il n'est jamais exposé aux ennuis qui viennent nécessairement assaillir les autres.


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site de Philippe Remacle |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 18/05/2009