HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Le parasite

Pagagraphes 40-42

  Pagagraphes 40-42

[40] (ΣΙΜΩΝ) Ἵνα τοίνυν μὴ πάνυ θαυμάζῃς μηδὲ τὸ πρᾶγμά σοι δοκῇ χλεύης ἄξιον, φέρε προτυπωσώμεθα παρ´ ἡμῖν αὐτοῖς ἠγγέλθαι μὲν αἰφνίδιον εἰς τὴν χώραν ἐμβεβληκέναι πολεμίους, εἶναι δὲ ἀνάγκην ἐπεξιέναι καὶ μὴ περιορᾶν ἔξω δῃουμένην τὴν γῆν, τὸν στρατηγὸν δὲ παραγγέλλειν ἅπαντας εἰς τὸν κατάλογον τοὺς ἐν ἡλικίᾳ, καὶ δὴ χωρεῖν τοὺς ἄλλους, ἐν δὲ δὴ τούτοις φιλοσόφους τινὰς καὶ ῥήτορας καὶ παρασίτους. πρῶτον τοίνυν ἀποδύσωμεν αὐτούς· ἀνάγκη γὰρ τοὺς μέλλοντας ὁπλίζεσθαι γυμνοῦσθαι πρότερον. θεῶ δὴ τοὺς ἄνδρας, γενναῖε, καθ´ ἕκαστον καὶ δοκίμαζε τὰ σώματα. τοὺς μὲν τοίνυν αὐτῶν ὑπὸ ἐνδείας ἴδοις ἂν λεπτοὺς καὶ ὠχρούς, πεφρικότας, ὥσπερ ἤδη τραυματίας παρειμένους· ἀγῶνα μὲν γὰρ καὶ μάχην σταδιαίαν καὶ ὠθισμὸν καὶ κόνιν καὶ τραύματα μὴ γελοῖον λέγειν δύνασθαι φέρειν ἀνθρώπους ὥσπερ ἐκείνους τινὸς δεομένους ἀναλήψεως. [40] LE PARASITE. Afin de diminuer ton étonnement, et pour que la chose te paraisse moins risible, supposons qu'à l'instant même on annonce que les ennemis ont fait invasion dans le pays, qu'il faut marcher à leur rencontre et ne pas les laisser ravager impunément la campagne. Le général ordonne à tous ceux qui sont en âge de porter les armes de venir s'enrôler. Ils accourent, et, parmi eux, je vois des philosophes, des rhéteurs et des parasites. Commençons par les mettre à nu, car il faut absolument se déshabiller pour endosser une armure. Vois-moi tous ces hommes, mon cher, les uns après les autres, et inspecte leur corps. Les uns, exténués par le besoin, sont pâles, maigres ; ils donnent le frisson. On les prendrait pour des blessés abandonnés sur le champ de bataille. Mêlée, combat de pied ferme, choc, poussière, blessures, ne serait-il pas plaisant de prétendre que ces gens sont capables de supporter tout cela, eux qui ont besoin de quelque bon restaurant ?
[41] ἄθρει δὲ πάλιν μεταβὰς τὸν παράσιτον ὁποῖός τις φαίνεται. ἆρ´ οὐχ μὲν τὸ σῶμα πρῶτον πολὺς καὶ τὸ χρῶμα ἡδύς, οὐ μέλας δὲ οὐδὲ λευκόςτὸ μὲν γὰρ γυναικί, τὸ δὲ δούλῳ προσέοικενἔπειτα θυμοειδής, δεινὸν βλέπων ὁποῖον ἡμεῖς, μέγα καὶ ὕφαιμον; οὐ γὰρ καλὸν δεδοικότα καὶ θῆλυν ὀφθαλμὸν εἰς πόλεμον φέρειν. ἆρ´ οὐχ τοιοῦτος καλὸς μὲν γένοιτ´ ἂν καὶ ζῶν ὁπλίτης, καλὸς δὲ καὶ εἰ ἀποθάνοι νεκρός; [41] Passe maintenant du côté du parasite : regarde-moi cette prestance ! Ce corps n'est-il pas bien en chair, et d'un teint réjouissant ? Il n'est ni brun, ni blanc, couleurs dont l'une est d'une femme, l'autre d'un esclave : vois ensuite cet air martial, cet oeil terrible, comme le mien, ce regard farouche et sanguinaire : il ferait beau voir de porter à la guerre un oeil timide et efféminé. Un soldat de ce calibre est superbe sous les armes, et superbe encore après un superbe trépas.
[42] Ἀλλὰ τί δεῖ ταῦτα εἰκάζειν ἔχοντας αὐτῶν παραδείγματα; ἁπλῶς γὰρ εἰπεῖν, ἐν πολέμῳ τῶν πώποτε ῥητόρων φιλοσόφων οἱ μὲν οὐδὲ ὅλως ὑπέμειναν ἔξω τοῦ τείχους προελθεῖν, εἰ δέ τις καὶ ἀναγκασθεὶς παρετάξατο, φημὶ τοῦτον λείψαντα τὴν τάξιν ὑποστρέφειν. (ΤΥΧΙΑΔΗΣ) Ὡς θαυμάσια πάντα καὶ οὐδὲν ὑπισχνῇ μέτριον. λέγε δὲ ὅμως. (ΣΙΜΩΝ) Τῶν μὲν τοίνυν ῥητόρων Ἰσοκράτης οὐχ ὅπως εἰς πόλεμον ἐξῆλθέν ποτε, ἀλλ´ οὐδ´ ἐπὶ δικαστήριον ἀνέβη, διὰ δειλίαν, οἶμαι, ὅτι οὐδὲ τὴν φωνὴν διὰ τοῦτο εἶχεν ἔτι. τί δ´; οὐχὶ Δημάδης μὲν καὶ Αἰσχίνης καὶ Φιλοκράτης ὑπὸ δέους εὐθὺς τῇ καταγγελίᾳ τοῦ Φιλίππου πολέμου τὴν πόλιν προὔδοσαν καὶ σφᾶς αὐτοὺς τῷ Φιλίππῳ καὶ διετέλεσαν Ἀθήνησιν ἀεὶ τὰ ἐκείνου πολιτευόμενοι, ὃς εἴ γε καὶ ἄλλος τις Ἀθηναίοις κατὰ ταῦτα ἐπολέμει· κἀκεῖνος ἐν αὐτοῖς ἦν φίλος. Ὑπερίδης δὲ καὶ Δημοσθένης καὶ Λυκοῦργος, οἵ γε δοκοῦντες ἀνδρειότεροι κἀν ταῖς ἐκκλησίαις ἀεὶ θορυβοῦντες καὶ λοιδορούμενοι τῷ Φιλίππῳ, τι ποτε ἀπειργάσαντο γενναῖον ἐν τῷ πρὸς αὐτὸν πολέμῳ; καὶ Ὑπερίδης μὲν καὶ Λυκοῦργος οὐδὲ ἐξῆλθον, ἀλλ´ οὐδὲ ὅλως ἐτόλμησαν μικρὸν ἔξω παρακῦψαι τῶν πυλῶν, ἀλλ´ ἐντειχίδιοι ἐκάθηντο παρ´ αὐτοῖς ἤδη πολιορκούμενοι γνωμίδια καὶ προβουλευμάτια συντιθέντες. δὲ δὴ κορυφαιότατος αὐτῶν, ταυτὶ λέγων ἐν ταῖς ἐκκλησίαις συνεχῶς· "Φίλιππος γὰρ Μακεδὼν ὄλεθρος, ὅθεν οὐδὲ ἀνδράποδον πρίαιτό τίς ποτε," τολμήσας προελθεῖν εἰς τὴν Βοιωτίαν, πρὶν συμμῖξαι τὰ στρατόπεδα καὶ συμβαλεῖν εἰς χεῖρας ῥίψας τὴν ἀσπίδα ἔφυγεν. οὐδέπω ταῦτα πρότερον διήκουσας οὐδενός, πάνυ γνώριμα ὄντα οὐχ ὅπως Ἀθηναίοις, ἀλλὰ Θρᾳξὶ καὶ Σκύθαις, ὅθεν ἐκεῖνο τὸ κάθαρμα ἦν; [42] Mais qu'attendre des autres, après l'échantillon qu'ils ont montré ? Un mot résume tout : de tous les rhéteurs et de tous les philosophes qui ont été à la guerre, aucun n'a jamais osé s'avancer hors des murs, ou, s'il s'est vu forcé de s'aligner en bataille, je soutiens qu'il a abandonné son poste et tourné le dos. TYCHIADE. Tout cela m'étonne, et tu nous en promets de belles : continue pourtant. LE PARASITE. Parmi les rhéteurs, Isocrate, loin d'aller à la guerre, ne monta jamais au tribunal. Sa timidité, je pense, lui faisait perdre la voix. Te faut-il d'autres exemples ? Démade, Eschine, Philocrate, glacés d'effroi par la déclaration de guerre de Philippe, ne livrèrent-ils pas entre ses mains la république et leur propre personne ? Ne les vit-on pas demeurer à Athènes, pour gouverner l'État au gré du roi de Macédoine, au point que tout Athénien qui se déclarait le champion de Philippe, devenait leur ami ? Que dirai-je d'Hypéride, de Démosthène, de Lycurgue, qui passaient pour être plus braves ? Ils tonnaient dans les assemblées et se répandaient en invectives contre Philippe ; mais quel acte de bravoure firent-ils dans la guerre contre ce roi ? Hypéride et Lycurgue ne se mirent pas en campagne : ils n'osèrent pas même allonger la tête hors des murs ; renfermés dans les remparts, assis chez eux, et déjà serrés de près par l'ennemi, ils rédigeaient de jolis décrets et des sénatus-consultes. Et le prince des orateurs, qui ne cessait de répéter dans les assemblées : "Philippe, le fléau de la Macédoine, ce pays d'où personne ne voudrait acheter un esclave," il osa s'avancer jusqu'en Béotie ; mais avant le choc des armées, avant que l'on en vint aux mains, il jeta son bouclier et prit la fuite. Est-ce que tu n'avais pas entendu parler de ce beau trait ? Il est pourtant bien connu, je ne dis pas seulement des Athéniens, mais des Thraces et des Scythes, de qui ce lâche tirait son origine.


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Dernière mise à jour : 18/05/2009