| [6] AMI. Καὶ μὴν τοῦτό γε οὐ μεθύειν, ἀλλὰ νήφειν τε καὶ σωφρονεῖν
ἐστιν. ἐγὼ δὲ βουλοίμην ἄν, εἰ οἷόν τε, αὐτῶν ἀκοῦσαι τῶν λόγων·
οὐδὲ γὰρ οὐδὲ φθονεῖν αὐτῶν οἶμαι θέμις, ἄλλως τε εἰ καὶ φίλος
καὶ περὶ τὰ ὅμοια ἐσπουδακὼς ὁ βουλόμενος ἀκούειν εἴη.
LUCIEN. Θάρρει, ὦγαθέ· τοῦτο γάρ τοι τὸ τοῦ Ὁμήρου, "σπεύδοντα
καὶ αὐτὸν" παρακαλεῖς, καὶ εἴ γε μὴ ἔφθης, αὐτὸς ἂν ἐδεήθην
ἀκοῦσαί μου διηγουμένου· μάρτυρα γάρ σε παραστήσασθαι πρὸς
τοὺς πολλοὺς ἐθέλω, ὅτι οὐκ ἀλόγως μαίνομαι· ἄλλως τε καὶ
ἡδύ μοι τὸ μεμνῆσθαι αὐτῶν πολλάκις, καὶ ταύτην ἤδη μελέτην
ἐποιησάμην· ἐπεὶ κἄν τις μὴ παρὼν τύχῃ, καὶ οὕτω δὶς ἢ τρὶς
τῆς ἡμέρας ἀνακυκλῶ πρὸς ἐμαυτὸν τὰ εἰρημένα. 
 | [6] L'AMI. Je n'appelle point cela de l'ivresse, c'est de la sagesse et 
de la tempérance. Mais je voudrais bien, s'il est possible, entendre 
aussi ces discours ; il serait mal de repousser, surtout quand elle 
vient d'un ami, la demande de celui qui désire ardemment jouir 
d'une pareille faveur. 
LUCIEN. Ne crains rien, cher ami : tu n'as pas besoin d'exciter, 
comme dit Homère, un homme tout disposé à agir ; et si tu ne 
m'eusses prévenu, j'allais te prier d'écouter mon récit ; car je veux 
que tu puisses témoigner devant les autres hommes que mon 
enthousiasme n'est pas déraisonnable. D'un autre côté, c'est un 
plaisir pour moi de me rappeler souvent ces discours, et je me suis 
rendu cet exercice familier : aussi, quand je ne rencontre personne, 
je les repasse en moi-même deux ou trois fois par jour. 
 |