HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Nigrinus ou le portrait d'un philosophe

Chapitre 35

  Chapitre 35

[35] Ταῦτά τε καὶ πολλὰ ἕτερα τοιαῦτα διελθὼν κατέπαυσε τὸν λόγον. ἐγὼ δὲ τέως μὲν ἤκουον αὐτοῦ τεθηπώς, μὴ σιωπήσῃ πεφοβημένος· ἐπειδὴ δὲ ἐπαύσατο, τοῦτο δὴ τὸ τῶν Φαιάκων πάθος ἐπεπόνθειν· πολὺν γὰρ δὴ χρόνον ἐς αὐτὸν ἀπέβλεπον κεκηλημένος· εἶτα πολλῇ συγχύσει καὶ ἰλίγγῳ κατειλημμένος τοῦτο μὲν ἱδρῶτι κατερρεόμην, τοῦτο δὲ φθέγξασθαι βουλόμενος ἐξέπιπτόν τε καὶ ἀνεκοπτόμην, καὶ τε φωνὴ ἐξέλειπε καὶ γλῶττα διημάρτανε, καὶ τέλος ἐδάκρυον ἀπορούμενος· οὐ γὰρ ἐξ ἐπιπολῆς οὐδ´ ὡς ἔτυχεν ἡμῶν λόγος καθίκετο, βαθεῖα δὲ καὶ καίριος πληγὴ ἐγένετο, καὶ μάλα εὐστόχως ἐνεχθεὶς λόγος αὐτήν, εἰ οἷόν τε εἰπεῖν, διέκοψε τὴν ψυχήν. εἰ γάρ τι δεῖ κἀμὲ ἤδη φιλοσόφων προσάψασθαι λόγων, ὧδε περὶ τούτων ὑπείληφα· [35] Après avoir tenu ce discours et d'autres semblables, Nigrinus cessa de parler. En l'écoutant, j'étais frappé d'admiration, et je craignais à chaque instant qu'il ne gardât le silence. Lorsqu'il eut fini, j'éprouvai ce que ressentirent les Phéaciens : longtemps, les yeux fixés sur lui, je demeurai comme en extase ; ensuite, un trouble, une sorte de vertige me saisit, je me sentis tout en sueur ; je voulus parler, mais la voix me manqua ; les mots expirèrent sur mes lèvres, ma langue refusa d'obéir, enfin les larmes suppléèrent aux paroles. En effet, cet entretien ne m'avait pas causé une impression légère et superficielle ; la blessure était profonde, mortelle ; ses paroles, comme autant de traits lancés avec adresse, avaient pénétré mon âme ; et s'il m'est permis, à moi aussi, de parler philosophie, voici quelle est ma pensée.


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Dernière mise à jour : 30/04/2009