HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Nigrinus ou le portrait d'un philosophe

Chapitre 13

  Chapitre 13

[13] Ἐμέμνητο γοῦν τινος τῶν πολυχρύσων, ὃς ἐλθὼν Ἀθήναζε μάλ´ ἐπίσημος καὶ φορτικὸς ἀκολούθων ὄχλῳ καὶ ποικίλῃ ἐσθῆτι καὶ χρυσῷ αὐτὸς μὲν ᾤετο ζηλωτὸς εἶναι πᾶσι τοῖς Ἀθηναίοις καὶ ὡς ἂν εὐδαίμων ἀποβλέπεσθαι· τοῖς δ´ ἄρα δυστυχεῖν ἐδόκει τὸ ἀνθρώπιον, καὶ παιδεύειν ἐπεχείρουν αὐτὸν οὐ πικρῶς οὐδ´ ἄντικρυς ἀπαγορεύοντες ἐν ἐλευθέρᾳ τῇ πόλει καθ´ ὅντινα τρόπον βούλεται μὴ βιοῦν· ἀλλ´ ἐπεὶ κἀν τοῖς γυμνασίοις καὶ λουτροῖς ὀχληρὸς ἦν θλίβων τοῖς οἰκέταις καὶ στενοχωρῶν τοὺς ἀπαντῶντας, ἡσυχῇ τις ἂν ὑπεφθέγξατο προσποιούμενος λανθάνειν, ὥσπερ οὐ πρὸς αὐτὸν ἐκεῖνον ἀποτείνων, Δέδοικε μὴ παραπόληται μεταξὺ λουόμενος· καὶ μὴν εἰρήνη γε μακρὰ κατέχει τὸ βαλανεῖον· οὐδὲν οὖν δεῖ στρατοπέδου. δὲ ἀκούων ἦν μεταξὺ ἐπαιδεύετο. τὴν δὲ ἐσθῆτα τὴν ποικίλην καὶ τὰς πορφυρίδας ἐκείνας ἀπέδυσαν αὐτὸν ἀστείως πάνυ τὸ ἀνθηρὸν ἐπισκώπτοντες τῶν χρωμάτων, Ἔαρ ἤδη, λέγοντες, καί, Πόθεν ταὼς οὗτος; καί, Τάχα τῆς μητρός ἐστιν αὐτοῦ· καὶ τὰ τοιαῦτα. καὶ τὰ ἄλλα δὲ οὕτως ἀπέσκωπτον, τῶν δακτυλίων τὸ πλῆθος τῆς κόμης τὸ περίεργον τῆς διαίτης τὸ ἀκόλαστον· ὥστε κατὰ μικρὸν ἐσωφρονίσθη καὶ παρὰ πολὺ βελτίων ἀπῆλθε δημοσίᾳ πεπαιδευμένος. [13] Il me raconta qu'un de ces hommes, qui sont tout cousus d'or, vint jadis à Athènes suivi d'une foule incommode de serviteurs, vêtu d'étoffes brodées et dorées : il espérait exciter l'admiration des Athéniens et se faire regarder comme un homme heureux ; mais on ne vit en lui qu'un pauvre homme : on essaya de le corriger sans amertume, sans le contrarier ouvertement, puisqu'on était dans une ville libre, où chacun peut vivre à sa guise. Seulement, lorsqu'il gênait aux gymnases et aux bains par le nombre de ses esclaves, qui foulaient les passants ; quelqu'un disait à voix basse, en feignant de se cacher et de ne pas s'agresser à lui : "Il a peur d'être assassiné en se baignant : la tranquillité la plus grande règne cependant aux bains ; on n'y a pas besoin d'une armée." Notre homme, entendant ainsi la vérité, profitait de la leçon. On lui fit quitter aussi ses habits brodés, cette pourpre magnifique, en raillant avec esprit l'éclat fleuri des couleurs. "Voici le printemps," disait-on, ou bien : "D'où nous arrive ce paon ?" ou bien encore : " il a mis la robe de sa mère," et autres plaisanteries du même genre. On employa le même moyen pour se moquer du grand nombre de ses bagues, du soin recherché de sa chevelure, du dérèglement de sa conduite : c'est ainsi qu'on le ramena par degrés à la sagesse, et il s'en alla meilleur qu'il n'était venu, grâce à cette leçon donnée par tout le monde.


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Dernière mise à jour : 30/04/2009