HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Le Lexiphane

Chapitres 19-21

  Chapitres 19-21

[19] ΛΕΞΙΦΑΝΗΣ. Μὴ ἐμέ, Σώπολι, ἀλλὰ τουτονὶ Λυκῖνον, ὃς περιφανῶς μακκοᾷ καὶ ἄνδρας πεφρενωμένους ὀλισθογνωμονεῖν οἴεται καὶ κατὰ τὸν Μνησάρχου τὸν Σάμιον σιωπὴν καὶ γλωτταργίαν ἡμῖν ἐπιβάλλει. ἀλλὰ μὰ τὴν ἀναίσχυντον Ἀθηνᾶν καὶ τὸν μέγαν θηριομάχον Ἡρακλέα οὐδ´ ὅσον τοῦ γρῦ καὶ τοῦ φνεῖ φροντιοῦμεν αὐτοῦ· ὀττεύομαι γοῦν μηδὲ ὅλως ἐντυγχάνειν αὐτῷ. ἔοικα δὲ καὶ ῥιναυλήσειν τοιαῦτα ἐπιτιμῶντος ἀκούων. καὶ ἤδη γε ἄπειμι παρὰ τὸν ἑταῖρον Κλεινίαν, ὅτι πυνθάνομαι χρόνου ἤδη ἀκάθαρτον εἶναι αὐτῷ τὴν γυναῖκα καὶ ταύτην νοσεῖν, ὅτι μὴ ῥεῖ. ὥστε οὐκέτι οὐδ´ ἀναβαίνει αὐτήν, ἀλλ´ ἄβατος καὶ ἀνήροτός ἐστιν. [19] LEXIPHANE. Ce n'est pas moi, Sopolis, qui suis malade, c'est ce Lycinus, qui est vraiment fou ; il s'imagine que les gens les plus sensés ont perdu la tête, et comme Samius, fils de Mnésarque, il condamne ma langue au silence et à l'immobilité. Mais par la vénérable Minerve, par Hercule le grand dompteur de monstres, nous nous soucions de lui comme de rien : aussi je souhaite de ne plus le rencontrer sur mon passage. Il me semble que mon nez se fronce de dégoût, lorsque j'entends tous ses reproches. Je vais trouver de ce pas mon camarade Clinias, dont on m'a dit que la femme ne s'est pas purgée depuis longtemps, et est atteinte d'une aménorrhée. Aussi son mari n'a-t-il pas de commerce avec elle ; c'est une route qu'il ne fréquente plus, un terrain laissé en friche.
[20] ΣΩΠΟΛΙΣ. Τί δὲ νοσεῖ, Λυκῖνε, Λεξιφάνης; ΛΥΚΙΝΟΣ. Αὐτὰ ταῦτα, Σώπολι. οὐκ ἀκούεις οἷα φθέγγεται; καὶ ἡμᾶς τοὺς νῦν προσομιλοῦντας καταλιπὼν πρὸ χιλίων ἐτῶν ἡμῖν διαλέγεται διαστρέφων τὴν γλῶτταν καὶ ταυτὶ τὰ ἀλλόκοτα συντιθεὶς καὶ σπουδὴν ποιούμενος ἐπ´ αὐτοῖς, ὡς δή τι μέγα ὄν, εἴ τι ξενίζοι καὶ τὸ καθεστηκὸς νόμισμα τῆς φωνῆς παρακόπτοι. ΣΩΠΟΛΙΣ. Μὰ Δί´ οὐ μικράν τινα λέγεις τὴν νόσον, Λυκῖνε. βοηθητέα γοῦν τῷ ἀνδρὶ πάσῃ μηχανῇ καὶκατὰ θεὸν γὰρ τῶν χολώντων τινι φάρμακον τουτὶ κερασάμενος ἀπῄειν, ὡς πιὼν ἐμέσειεφέρε πρῶτος αὐτὸς πῖθι, Λεξίφανες, ὡς ὑγιὴς ἡμῖν καὶ καθαρὸς γένοιο, τῆς τοιαύτης τῶν λόγων ἀτοπίας κενωθείς. ἀλλὰ πείσθητί μοι καὶ πῖθι καὶ ῥᾴων ἔσῃ. ΛΕΞΙΦΑΝΗΣ. Οὐκ οἶδ´ καὶ δράσετέ με, Σώπολι, σύ τε καὶ Λυκῖνος, πιπίσκοντες τουτουὶ τοῦ φαρμάκου. δέδοικα γοῦν μὴ πῶμα γένοιτό μοι τοῦτο τῶν λόγων τὸ πόμα. ΛΥΚΙΝΟΣ. Πῖθι καὶ μὴ μέλλε, ὡς ἀνθρώπινα ἤδη φρονοίης καὶ λέγοις. ΛΕΞΙΦΑΝΗΣ. Ἰδοὺ πείθομαι καὶ πίομαι. φεῦ, τί τοῦτο; πολὺς βορβορυγμός. ἐγγαστρίμυθόν τινα ἔοικα πεπωκέναι. [20] SOPOLIS. Quelle est donc, Lycinus, la maladie de Lexiphane ? LYCINUS. Eh quoi ! Sopolis, tu n'entends pas ce qu'il dit ? Sans songer à nous qui vivons avec lui, il nous parle un jargon qui date de plus de mille ans, bouleverse la langue actuelle, compose des mots baroques et donne tous ses soins à cet exercice, comme si c'était une rare prouesse de se singulariser ainsi et d'altérer la monnaie courante du langage ordinaire. SOPOLIS. Par Jupiter ! voilà, Lycinus, une affection grave ! Il faut de tout notre pouvoir venir en aide à ce pauvre homme par une inspiration divine, j'ai préparé cette potion pour un atrabilaire, et je me rendais chez lui, afin de la lui faire boire et de provoquer un vomissement. Allons, voyons, buvez tout de suite, Lexiphane, pour devenir pur et sain, et expulser cette absurdité de langage. Obéissez, buvez, et vous vous trouverez mieux. LEXIPHANE. Je ne sais ce que vous voulez faire de moi, Sopolis, et toi, Lycinus, en me contraignant à boire cette potion ; j'ai peur que ce breuvage ne me fasse perdre l'usage des mots. LYCINUS. Obéis, bois vite, afin de raisonner et de parler en homme. LEXIPHANE. Allons, c'est fait ; je bois. Grands dieux ! Qu'est-ceci ? Quel vacarme dans mes intestins ! Il me semble que j'ai avalé un ventriloque.
[21] ΣΩΠΟΛΙΣ. Ἄρξαι δὴ ἐμεῖν. βαβαί. πρῶτον τουτὶ τὸ μῶν, εἶτα μετ´ αὐτὸ ἐξελήλυθεν τὸ κᾆτα, εἶτα ἐπ´ αὐτοῖς τὸ δ´ ὅς καὶ ἀμηγέπη καὶ λῷστε καὶ δήπουθεν καὶ συνεχὲς τὸ ἄττα. βίασαι δ´ ὅμως, καὶ κάθες εἰς τὴν φάρυγγα τοὺς δακτύλους. οὐδέπω τὸ ἴκταρ ἐμήμεκας οὐδὲ τὸ σκορδινᾶσθαι οὐδὲ τὸ τευτάζεσθαι οὐδὲ τὸ σκύλλεσθαι. πολλὰ ἔτι ὑποδέδυκε καὶ μεστή σοι αὐτῶν γαστήρ. ἄμεινον δέ, εἰ καὶ κάτω διαχωρήσειεν ἂν ἔνια· γοῦν σιληπορδία μέγαν τὸν ψόφον ἐργάσεται συνεκπεσοῦσα μετὰ τοῦ πνεύματος. Ἀλλ´ ἤδη μὲν καθαρὸς οὑτοσὶ πλὴν εἴ τι μεμένηκεν ὑπόλοιπον ἐν τοῖς κάτω ἐντέροις. σὺ δὲ τὸ μετὰ τοῦτο παραλαβὼν αὐτόν, Λυκῖνε, μεταπαίδευε καὶ δίδασκε χρὴ λέγειν. [21] SOPOLIS. Commencez à vomir. Bien! Voici un g-mohn, puis un g-kata qui sort ; maintenant, c'est d' g-hos suivi d’ g-amehgepeh, de g-lohste, de g-dehpouthen et de l'éternel g-atta. Allons, faites-vous un peu de violence, mettez-vous les doigts dans le gosier. Vous n'avez pas encore vomi g-iktar (25), ni g-skordinasthai, ni g-teutazesthai, ni g-skullesthai. Il y en a beaucoup tout au fond, et votre ventre est plein. Il ne sera pas mauvais qu'il en sorte quelques-uns par en bas. g-Silehpordia produira un bruit énorme en se dégageant avec du vent. Allons, notre homme est sauvé. sauf quelques bribes qui sont demeurées dans le bas des intestins. A présent c'est à vous, Lycinus, de le prendre, de lui donner une autre éducation et de lui montrer à parler.


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Dernière mise à jour : 7/05/2009