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[10] ΑΦΡΟΔΙΤΗ.
Οὐκοῦν, ὦ Ἑρμῆ, κἀμὲ λαβὼν ἐν τοῖς προέδροις
που κάθιζε· χρυσῆ γάρ εἰμι.
ΕΡΜΗΣ.
Οὐχ ὅσα γε, ὦ Ἀφροδίτη, κἀμὲ ὁρᾶν, ἀλλ´
εἰ μὴ πάνυ λημῶ, λίθου τοῦ λευκοῦ, Πεντέληθεν,
οἶμαι, λιθοτομηθεῖσα, εἶτα δόξαν οὕτω Πραξιτέλει
Ἀφροδίτη γενομένη Κνιδίοις παρεδόθης.
ΑΦΡΟΔΙΤΗ.
Καὶ μὴν ἀξιόπιστόν σοι μάρτυρα τὸν Ὅμηρον
παρέξομαι ἄνω καὶ κάτω τῶν ῥαψῳδιῶν χρυσῆν
με τὴν Ἀφροδίτην εἶναι λέγοντα.
ΕΡΜΗΣ.
Καὶ γὰρ τὸν Ἀπόλλω ὁ αὐτὸς πολύχρυσον
εἶναι ἔφη καὶ πλούσιον· ἀλλὰ νῦν ὄψει κἀκεῖνον
ἐν τοῖς ζευγίταις που καθήμενον, ἀπεστεφανωμένον
τε ὑπὸ τῶν λῃστῶν καὶ τοὺς κόλλοπας
τῆς κιθάρας περισεσυλημένον. ὥστε ἀγάπα καὶ
σὺ μὴ πάνυ ἐν τῷ θητικῷ ἐκκλησιάζουσα.
| [10] VÉNUS. Alors, place-moi donc aussi sur les premiers
bancs, car je suis d'or.
MERCURE. Non pas, Vénus, autant du moins que je puis
voir. Si je ne suis pas tout à fait myope, tu es taillée, je
crois, dans un bloc de marbre blanc du Pentélique,
dont il a plu à Praxitèle de faire Vénus, et tu as été livrée
comme telle aux Cnidiens.
VÉNUS. Mais je produirai, comme un témoin digne de foi,
Homère, qui dans mille phrases de ses poèmes m'appelle
Vénus d'or.
MERCURE. Cela n'a rien d'étonnant; il donne aussi à
Apollon le nom d'abondant en or et de riche; tu peux
cependant le voir aujourd'hui assis parmi les zeugites,
dépouillé de sa couronne par les voleurs, dont les mains
sacrilèges lui ont dérobé jusqu'aux chevilles de sa lyre ;
contente-toi donc de ne pas voter dans l'assemblée avec la
classe des mercenaires.
| [11] ΚΟΛΟΣΣΟΣ ΡΟΔΙΩΝ.
Ἐμοὶ δὲ τίς ἂν ἐρίσαι τολμήσειεν Ἡλίῳ τε
ὄντι καὶ τηλικούτῳ τὸ μέγεθος; εἰ γοῦν μὴ ὑπερφυᾶ
μηδὲ ὑπέρμετρον οἱ Ῥόδιοι κατασκευάσασθαί
με ἠξίωσαν, ἀπὸ τοῦ ἴσου τελέσματος ἑκκαίδεκα
χρυσοῦς θεοὺς ἐπεποίηντο ἄν· ὥστε ἀνάλογον
πολυτελέστερος ἂν νομιζοίμην. καὶ πρόσεστιν
ἡ τέχνη καὶ τῆς ἐργασίας τὸ ἀκριβὲς ἐν μεγέθει
τοσούτῳ.
ΕΡΜΗΣ.
Τί, ὦ Ζεῦ, χρὴ ποιεῖν; δύσκριτον γὰρ ἐμοὶ
γοῦν τοῦτο· εἰ μὲν γὰρ ἐς τὴν ὕλην ἀποβλέποιμι,
χαλκοῦς ἐστιν, εἰ δὲ λογιζοίμην ἀφ´ ὁπόσων
ταλάντων κεχάλκευται, ὑπὲρ τοὺς πεντακοσιομεδίμνους
ἂν εἴη.
ΖΕΥΣ.
Τί γὰρ ἔδει παρεῖναι καὶ τοῦτον ἐλέγξοντα
τὴν τῶν ἄλλων μικρότητα καὶ ἐνοχλήσοντα τῇ
καθέδρᾳ; πλὴν ἀλλ´, ὦ Ῥοδίων ἄριστε, εἰ καὶ
ὅτι μάλιστα προτιμητέος εἶ τῶν χρυσῶν, πῶς
ἂν καὶ προεδρεύοις, εἰ μὴ δεήσει ἀναστῆναι
πάντας ὡς μόνος καθέζοιο, τὴν Πνύκα ὅλην
θατέρᾳ τῶν πυγῶν ἐπιλαβών; ὥστε ἄμεινον
ποιήσεις ὀρθοστάδην ἐκκλησιάζων, ἐπικεκυφὼς
τῷ συνεδρίῳ.
| [11] LE COLOSSE DE RHODES. Et qui oserait me disputer le
premier rang, à moi qui suis le Soleil et dont la taille est si
gigantesque ? Si les Rhodiens n'eussent pas voulu me
donner une grandeur énorme et prodigieuse, ils se seraient
fait faire seize dieux d'or pour le même prix ; je puis donc,
avec quelque raison, passer pour le plus riche : d'ailleurs,
l'art et la perfection de l'ouvrage s'unissent en moi à une
pareille grosseur.
MERCURE. Que dois-je faire, Jupiter ? La chose est difficile
à juger. Si je considère la matière, il n'est que d'airain ;
mais si je calcule combien de talents il a coûté à fabriquer,
il aura le pas sur ceux qui ont cinq cents médimnes de
revenu.
JUPITER. Qu'avait-il besoin de venir, celui-là, pour faire
ressortir la petitesse des autres et déranger toute
l'assemblée ? Dis-moi donc, excellent Rhodien, en
supposant que tu l'emportes de beaucoup sur les dieux
d'or, comment ferais-tu pour t'asseoir au premier rang, à
moins d'obliger tous les autres à se lever, et de t'y laisser
seul ? Une seule de tes fesses occuperait le pnyx tout
entier. Tu ferais bien mieux de te tenir debout, au milieu de
l'assistance, la tête penchée du côté où siège le sénat.
| [12] ΕΡΜΗΣ.
Ἰδοὺ πάλιν ἄλλο δύσλυτον καὶ τοῦτο· χαλκῶ
μὲν γὰρ ἀμφοτέρω ἐστὸν καὶ τέχνης τῆς αὐτῆς,
Λυσίππου ἑκάτερον τὸ ἔργον, καὶ τὸ μέγιστον,
ὁμοτίμω τὰ ἐς γένος, ἅτε δὴ Διὸς παῖδε, ὁ
Διόνυσος οὑτοσὶ καὶ Ἡρακλῆς. πότερος οὖν
αὐτῶν προκαθίζει; φιλονεικοῦσι γάρ, ὡς ὁρᾷς.
ΖΕΥΣ.
Διατρίβομεν, ὦ Ἑρμῆ, πάλαι δέον ἐκκλησιάζειν·
ὥστε νῦν μὲν ἀναμὶξ καθιζόντων, ἔνθ´ ἂν ἕκαστος
ἐθέλῃ, εἰσαῦθις δὲ ἀποδοθήσεται περὶ τούτων ἐκκλησία,
κἀγὼ εἴσομαι τότε ἥντινα χρὴ ποιήσασθαι
τὴν τάξιν ἐπ´ αὐτοῖς.
| [12] MERCURE. Allons ! voici autre chose qui n'est pas moins
embarrassant. Ces deux dieux sont d'airain, faits avec le
même art, tous deux œuvre de Lysippe, et, qui plus est,
égaux en noblesse ; ce sont deux fils de Jupiter, Bacchus et
Hercule. Lequel aura la préséance ? Tu vois qu'ils se la
disputent.
JUPITER. Nous perdons notre temps, Mercure ! il y a
longtemps que l'assemblée devrait être assise. Qu'on
s'asseye donc pêle-mêle, où chacun voudra. Une autre fois,
on réglera les rangs, et je saurai alors quel ordre je dois
établir entre eux.
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