|
[4] ΖΕΥΣ.
Τιμοκλῆς, ὦ Ἥρα, ὁ Στωϊκὸς καὶ Δᾶμις ὁ
Ἐπικούρειος χθές, οὐκ οἶδα ὅθεν σφίσιν ἀρξαμένου
τοῦ λόγου, προνοίας πέρι διελεγέσθην παρόντων
μάλα συχνῶν καὶ δοκίμων ἀνθρώπων, ὅπερ μάλιστα
ἠνίασέ με· καὶ ὁ μὲν Δᾶμις οὐδ´ εἶναι θεοὺς
ἔφασκεν, οὐχ ὅπως τὰ γινόμενα ἐπισκοπεῖν ἢ
διατάττειν, ὁ Τιμοκλῆς δὲ ὁ βέλτιστος ἐπειρᾶτο
συναγωνίζεσθαι ἡμῖν· εἶτα ὄχλου πολλοῦ ἐπιρρυέντος
οὐδὲν πέρας ἐγένετο τῆς συνουσίας· διελύθησαν
γὰρ εἰσαῦθις ἐπισκέψεσθαι τὰ λοιπὰ
συνθέμενοι, καὶ νῦν μετέωροι πάντες εἰσίν, ὁπότερος
κρατήσει καὶ ἀληθέστερα δόξει λέγειν. ὁρᾶτε
τὸν κίνδυνον, ὡς ἐν στενῷ παντάπασι τὰ ἡμέτερα,
ἐν ἑνὶ ἀνδρὶ κινδυνευόμενα; καὶ δυοῖν θάτερον ἢ
παρεῶσθαι ἀνάγκη, ὀνόματα μόνον εἶναι δόξαντας,
ἢ τιμᾶσθαι ὥσπερ πρὸ τοῦ, ἢν ὁ Τιμοκλῆς ὑπέρσχῃ
λέγων.
| [4] JUPITER. Hier, Junon, le stoïcien Timoclès et l'épicurien
Damis ont eu, je ne sais à quel propos, une dispute sur la
Providence, et cela devant une assemblée nombreuse et
distinguée. Ce qui m'afflige encore plus, Damis prétendait
qu'il n'y a point de dieux, qu'ils ne surveillent ni ne dirigent
en aucune façon les choses humaines, Timoclès, en
galant homme, s'est efforcé de plaider notre cause. Bientôt
la foule est accourue de tous côtés ; mais la dispute n'a pas
eu de fin : on s'est quitté, après être convenu, toutefois, de
la reprendre et de l'achever. Maintenant tous les esprits
sont en suspens : on se demande quel sera le vainqueur et
celui qui paraîtra le mieux avoir dit la vérité. Vous voyez le
danger et à quelles extrémités nous sommes réduits ; tout
dépend d'un seul homme. De deux choses l'une : ou notre
pouvoir sera méprisé et nous ne serons plus que de vains
noms, ou nous serons honorés comme par le passé, si
Timoclès a le dessus dans la discussion.
| [5] ΗΡΑ.
Δεινὰ ταῦτα ὡς ἀληθῶς, καὶ οὐ μάτην, ὦ Ζεῦ,
ἐπετραγῴδεις αὐτοῖς.
ΖΕΥΣ.
Σὺ δὲ ᾤου Δανάης τινὸς ἢ Ἀντιόπης εἶναι μοι
λόγον ἐν ταράχῳ τοσούτῳ. τί δ´ οὖν, ὦ Ἑρμῆ
καὶ Ἥρα καὶ Ἀθηνᾶ, πράττοιμεν ἄν; συνευρίσκετε
γὰρ καὶ αὐτοὶ τὸ μέρος.
ΕΡΜΗΣ.
Ἐγὼ μὲν ἐπὶ τὸ κοινόν φημι δεῖν τὴν σκέψιν
ἐπανενεγκεῖν ἐκκλησίαν συναγαγόντα.
ΗΡΑ.
Κἀμοὶ ταὐτὰ συνδοκεῖ ἅπερ καὶ τούτῳ.
ΑΘΗΝΗ.
Ἀλλ´ ἐμοὶ τἀναντία δοκεῖ, ὦ πάτερ, μὴ συνταράττειν
τὸν οὐρανὸν μηδὲ δῆλον εἶναι θορυβούμενον
τῷ πράγματι, πράττειν δὲ ἰδίᾳ ταῦτα
ἐξ ὧν κρατήσει μὲν ὁ Τιμοκλῆς λέγων, ὁ Δᾶμις
δὲ καταγελασθεὶς ἄπεισιν ἐκ τῆς συνουσίας.
ΕΡΜΗΣ.
Ἀλλ´ οὔτε ἀγνοήσεται ταῦτα, ὦ Ζεῦ, ἐν φανερῷ
ἐσομένης τῆς ἔριδος τοῖς φιλοσόφοις, καὶ δόξεις
τυραννικὸς εἶναι μὴ κοινούμενος περὶ τῶν οὕτω
μεγάλων καὶ κοινῶν ἅπασιν.
| [5] JUNON. Tout cela est fort grave, Jupiter, et tu avais
raison de prendre le ton tragique.
JUPITER. Et cependant tu croyais que ce grand trouble
venait de quelque Danaé ou d'une Antiope. Que devons-nous faire, Mercure, Junon et Minerve ? Cherchez aussi de
votre côté.
MERCURE. Je pense qu'il faut convoquer l'assemblée, afin
d'examiner l'affaire en conseil.
JUNON. Je suis de l'avis du préopinant.
MINERVE. Et moi, mon père, je suis d'un avis
complètement opposé ; il ne faut ni jeter l'alarme dans le
ciel, ni te montrer si fort troublé de cette affaire. Arrange
tout plutôt de manière que Timoclès ait le dessus, et que
Damis sorte bafoué de la discussion.
MERCURE. Mais cela se saura, Jupiter, puisque la dispute
de ces philosophes doit avoir lieu au grand jour, et l'on
t'accusera d'usurper un pouvoir tyrannique, en ne
communiquant pas à tous une affaire aussi importante et
d'un intérêt commun.
| [6] ΖΕΥΣ.
Οὐκοῦν ἤδη κήρυττε καὶ παρέστωσαν ἅπαντες·
ὀρθῶς γὰρ λέγεις.
ΕΡΜΗΣ.
Ἰδοὺ δὴ εἰς ἐκκλησίαν συνέλθετε οἱ θεοί· μὴ
μέλλετε, συνέλθετε πάντες, ἥκετε, περὶ μεγάλων
ἐκκλησιάσομεν.
ΖΕΥΣ.
Οὕτω ψιλά, ὦ Ἑρμῆ, καὶ ἁπλοϊκὰ καὶ πεζὰ
κηρύττεις, καὶ ταῦτα ἐπὶ τοῖς μεγίστοις συγκαλῶν;
ΕΡΜΗΣ.
Ἀλλὰ πῶς γάρ, ὦ Ζεῦ, ἀξιοῖς;
ΖΕΥΣ.
Ὅπως ἀξιῶ; ἀποσέμνυνε, φημί, τὸ κήρυγμα
μέτροις τισὶ καὶ μεγαλοφωνίᾳ ποιητικῇ, ὡς μᾶλλον
συνέλθοιεν.
ΕΡΜΗΣ.
Ναί. ἀλλ´ ἐποποιῶν, ὦ Ζεῦ, καὶ ῥαψῳδῶν τὰ
τοιαῦτα, ἐγὼ δὲ ἥκιστα ποιητικός εἰμι· ὥστε
διαφθερῶ τὸ κήρυγμα ἢ ὑπέρμετρα ἢ ἐνδεᾶ συνείρων,
καὶ γέλως ἔσται παρ´ αὐτοῖς ἐπὶ τῇ ἀμουσίᾳ
τῶν ἐπῶν· ὁρῶ γοῦν καὶ τὸν Ἀπόλλω γελώμενον
ἐπ´ ἐνίοις τῶν χρησμῶν, καίτοι ἐπικρυπτούσης
τὰ πολλὰ τῆς ἀσαφείας, ὡς μὴ πάνυ σχολὴν
ἄγειν τοὺς ἀκούοντας ἐξετάζειν τὰ μέτρα.
ΖΕΥΣ.
Οὐκοῦν, ὦ Ἑρμῆ, τῶν Ὁμήρου ἐπῶν ἐγκαταμίγνυε
τὰ πολλὰ τῷ κηρύγματι, οἷς ἐκεῖνος ἡμᾶς
συνεκάλει· μεμνῆσθαι δέ σε εἰκός.
ΕΡΜΗΣ.
Οὐ πάνυ μὲν οὕτω σαφῶς καὶ προχείρως· πειράσομαι
δὲ ὅμως.
Μήτε τις οὖν θήλεια θεὸς ... μήτε τις ἄρσην,
μηδ´ αὖ τῶν ποταμῶν μενέτω νόσφ´ Ὠκεανοῖο
μηδέ τε νυμφάων, ἀλλ´ ἐς Διὸς ἔλθετε πάντες
εἰς ἀγορήν, ὅσσοι τε κλυτὰς δαίνυσθ´ ἑκατόμβας,
ὅσσοι τ´ αὖ μέσατοι ἢ ὕστατοι ἢ μάλα πάγχυ
νώνυμνοι βωμοῖσι παρ´ ἀκνίσοισι κάθησθε.
| [6] JUPITER. Eh bien ! convoque l'assemblée, et que tous y
soient présents : tu as raison.
MERCURE. Holà ! venez vite à l'assemblée, les dieux !
Qu'on se dépêche ! Venez tous, accourez ! Nous nous
réunissons pour une affaire de conséquence.
JUPITER. Quelle trivialité, Mercure, quelle bassesse, quel
prosaïsme dans ta proclamation, et cela quand tu
convoques pour une chose des plus importantes !
MERCURE. Et comment veux-tu donc que je fasse, Jupiter ?
JUPITER. Comment je veux ? Il me semble qu'il faudrait
rehausser ta proclamation par quelques vers, quelques
grands mots poétiques qui feraient accourir plus vite.
MERCURE. Oui, Jupiter ; mais c'est l'affaire des poètes
épiques et des rhapsodes, et moi je n'y entends rien. Je
gâterais la proclamation en composant des vers trop longs
ou trop courts, et l'on se moquerait de mon ignorance en
fait de poésie. Je vois déjà qu'on rit parfois d'Apollon et de
ses oracles, malgré l'obscurité dont il les enveloppe, afin
que ceux qui les écoutent n'aient pas le loisir d'en examiner
la versification.
JUPITER. Tu peux au moins, Mercure, mêler à ta
proclamation plusieurs vers d'Homère, ceux qu'il emploie
pour nous convoquer. Tu dois t'en souvenir.
MERCURE. Pas très nettement, je ne les ai pas tous sous la
main ; je vais essayer pourtant.
Qu'aucune déité, soit mâle, soit femelle,
Fleuve. Nymphe, Fontaine, enfant de l'Océan,
Ne s'absente aujourd'hui... Que la troupe immortelle
Autour de Jupiter se rassemble à l’instant !
Venez, accourez tous, vous qui de cent génisses
Aspirez au complet le savoureux honneur,
Dieux d'en bas, et vous dieux de moyenne grandeur,
Enfin, dieux innommés, qui dans les sacrifices,
Assis près des autels, n'avez droit qu'à l'odeur.
| | |