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[43] ΤΙΜΟΚΛΗΣ.
Ἀλλ´, ὦ θεοῖς ἐχθρὲ σύ, τοὺς χρησμοὺς καὶ
προαγορεύσεις τῶν ἐσομένων τίνος ἔργον ἂν εἴποις
ἢ θεῶν καὶ τῆς προνοίας τῆς ἐκείνων;
ΔΑΜΙΣ.
Σιώπησον, ὦ ἄριστε, περὶ τῶν χρησμῶν, ἐπεὶ
ἐρήσομαί σε τίνος αὐτῶν μάλιστα μεμνῆσθαι
ἀξιοῖς; ἆρ´ ἐκείνου ὃν τῷ Λυδῷ ὁ Πύθιος ἔχρησεν,
ὃς ἀκριβῶς ἀμφήκης ἦν καὶ διπρόσωπος, οἷοί εἰσι
τῶν Ἑρμῶν ἔνιοι, διττοὶ καὶ ἀμφοτέρωθεν ὅμοιοι
πρὸς ὁπότερον ἂν αὐτῶν μέρος ἐπιστραφῇς; ἢ τί
γὰρ μᾶλλον ὁ Κροῖσος διαβὰς τὸν Ἅλυν τὴν
αὑτοῦ ἀρχὴν ἢ τὴν Κύρου καταλύσει; καίτοι οὐκ
ὀλίγων ταλάντων ὁ Σαρδιανὸς ἐκεῖνος ὄλεθρος τὸ
ἀμφιδέξιον τοῦτο ἔπος ἐπρίατο.
ΜΩΜΟΣ.
Αὐτά που, ὦ θεοί, ἁνὴρ διεξέρχεται λέγων ἃ
ἐδεδίειν μάλιστα. ποῦ νῦν ὁ καλὸς ἡμῖν κιθαρῳδός;
ἀπολόγησαι αὐτῷ κατελθὼν πρὸς ταῦτα.
ΖΕΥΣ.
Σὺ ἡμᾶς ἐπισφάττεις, ὦ Μῶμε, οὐκ ἐν καιρῷ
νῦν ἐπιτιμῶν.
| [43] TIMOCLÈS. Du moins, ennemi des dieux, de qui peux-tu
dire que les prédictions et les oracles soient l'ouvrage, si
ce n'est des dieux et de leur providence ?
DAMIS. Ne dis pas un mot des oracles, mon cher ami ! car
je te demanderai alors duquel tu veux spécialement parler.
Est-ce de celui qu'Apollon Pythien donna au roi de Lydie,
oracle essentiellement ambigu, à double visage, comme ces
Hermès, qui se ressemblent exactement des deux côtés, en
quelque sens qu'on se tourne ? En effet, si Crésus traverse
l'Halys, quel empire détruira-t-il, le sien ou celui de Cyrus ?
Et pourtant l'infortuné roi de Sardes avait acheté plusieurs
talents cet oracle menteur.
MOMUS. O dieux, voilà notre homme qui entre dans les
détails ! C'est ce que je craignais le plus. Où est à présent
notre beau joueur de cithare ? Qu'il descende pour se
justifier de l'accusation.
JUPITER. Tu nous assassines, Momus, avec tes reproches
hors de saison.
| [44] ΤΙΜΟΚΛΗΣ.
Ὅρα οἷα ποιεῖς, ὦ ἀλιτήριε Δᾶμι, μονονουχὶ
τὰ ἕδη αὐτὰ τῶν θεῶν ἀνατρέπεις τῷ λόγῳ καὶ
βωμοὺς αὐτῶν.
ΔΑΜΙΣ.
Οὐ πάντας ἔγωγε τοὺς βωμούς, ὦ Τιμόκλεις.
τί γὰρ καὶ δεινὸν ἀπ´ αὐτῶν γίγνεται, εἰ θυμιαμάτων
καὶ εὐωδίας μεστοί εἰσι; τοὺς δὲ ἐν Ταύροις
τῆς Ἀρτέμιδος ἡδέως ἂν ἐπεῖδον ἐκ βάθρων ἐπὶ
κεφαλὴν ἀνατρεπομένους, ἐφ´ ὧν τοιαῦτα ἡ παρθένος
εὐωχουμένη ἔχαιρεν.
ΖΕΥΣ.
Τουτὶ πόθεν ἡμῖν τὸ ἄμαχον κακὸν ἐπιχεῖ; ὡς
δαιμόνων οὐδενὸς ἁνὴρ φείδεται, ἀλλ´ ἐξ ἁμάξης
παρρησιάζεται καὶ
μάρπτει ἑξείης, ὅς τ´ αἴτιος ὅς τε καὶ οὐκί.
ΜΩΜΟΣ.
Καὶ μὴν ὀλίγους ἄν, ὦ Ζεῦ, τοὺς ἀναιτίους
εὕροις ἐν ἡμῖν· καί που τάχα προϊὼν ὁ ἄνθρωπος
ἅψεται καὶ τῶν κορυφαίων τινός.
| [44] TIMOCLÈS. Vois ce que tu fais, scélérat de Damis : peu
s'en faut que tes discours ne renversent les temples des
dieux ainsi que leurs autels.
DAMIS. Pas tous, Timoclès. En effet, quel mal cela nous
fait-il qu'ils soient pleins de parfums et de douces senteurs
? Mais je verrais volontiers renverser de fond en comble
ceux de Diane en Tauride, sur lesquels cette vierge se plaît
aux régals que tu sais.
JUPITER. D'où nous vient encore ce coup difficile à parer.
Cet insolent n'épargne aucun des dieux ; il parle avec
autant de licence que s'il était monté sur un tombereau, et
Déchire également le coupable et le juste.
MOMUS. Ma foi ! on n'en trouverait guère parmi nous qui
fussent tout à fait innocents. Vous allez voir qu'en
continuant, notre homme va toucher à quelqu'un de nos
grands personnages.
| [45] ΤΙΜΟΚΛΗΣ.
Οὐδὲ βροντῶντος ἄρα τοῦ Διὸς ἀκούεις, ὦ
θεομάχε Δᾶμι;
ΔΑΜΙΣ.
Καὶ πῶς οὐ μέλλω βροντῆς ἀκούειν, ὦ Τιμόκλεις;
εἰ δ´ ὁ Ζεὺς ὁ βροντῶν ἐστι, σὺ ἄμεινον
ἂν εἰδείης ἐκεῖθέν ποθεν παρὰ τῶν θεῶν ἀφιγμένος·
ἐπεὶ οἵ γε ἐκ Κρήτης ἥκοντες ἄλλα ἡμῖν
διηγοῦνται, τάφον τινὰ κεῖθι δείκνυσθαι καὶ στήλην
ἐφεστάναι δηλοῦσαν ὡς οὐκέτι βροντήσειεν
ἂν ὁ Ζεὺς πάλαι τεθνεώς.
ΜΩΜΟΣ.
Τοῦτ´ ἐγὼ πρὸ πολλοῦ ἠπιστάμην ἐροῦντα τὸν
ἄνθρωπον. τί δ´ οὖν, ὦ Ζεῦ, ὠχρίακας ἡμῖν καὶ
συγκροτεῖς τοὺς ὀδόντας ὑπὸ τοῦ τρόμου; θαρρεῖν
χρὴ καὶ τῶν τοιούτων ἀνθρωπίσκων καταφρονεῖν.
ΖΕΥΣ.
Τί λέγεις, ὦ Μῶμε; καταφρονεῖν; οὐχ ὁρᾷς
ὅσοι ἀκούουσι καὶ ὡς συμπεπεισμένοι εἰσὶν ἤδη
καθ´ ἡμῶν καὶ ἀπάγει αὐτοὺς ἀναδησάμενος τῶν
ὤτων ὁ Δᾶμις;
ΜΩΜΟΣ.
Ἀλλὰ σύ, ὦ Ζεῦ, ὁπόταν θελήσῃς, σειρὴν
χρυσείην καθεὶς ἅπαντας αὐτοὺς
αὐτῇ κεν γαίῃ ἐρύσαις αὐτῇ τε θαλάσσῃ.
| [45] TIMOCLÈS. Quoi donc! Ennemi déclaré des dieux,
n'entends-tu pas tonner Jupiter ?
DAMIS. Eh ! comment n'entendrais-je pas le bruit du
tonnerre, Timoclès ? Mais est-ce bien Jupiter qui tonne ?
c'est ce que tu peux savoir mieux que nous, toi qui arrives
du séjour des dieux. Seulement ceux qui viennent de Crète
nous racontent tout autre chose: on leur a montré là
certain tombeau, surmonté d'une colonne, laquelle apprend
aux passants que Jupiter ne tonnera plus, étant mort
depuis longtemps.
MOMUS. Voilà justement ce que j'étais sûr qu'allait dire cet
homme ! Pourquoi, Jupiter, pâlis-tu ? Pourquoi tes dents
claquent-elles de peur? Il faut avoir du cœur et mépriser
ces méchants bouts d'hommes.
JUPITER. Les mépriser, Momus ? Ne vois-tu pas quelle
affluence est là pour l'écouter; combien il fait de prosélytes
qui se déclarent contre nous ; comme il tient leurs oreilles
captives, ce Demis ?
MOMUS. Oui, mais quand tu voudras, Jupiter, tu laisseras
pendre du ciel une chaîne d'or et tu les saisiras tous,
Les tenant suspendus avec la terre et l'onde.
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