HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Jupiter tragique

Chapitres 40-42

  Chapitres 40-42

[40] ἀτὰρ ἡδέως ἂν καὶ ἀκούσαιμι οἷστισι μάλιστα ἐπείσθης τῶν Ὁμήρου· ἆρα οἷς περὶ τοῦ Διὸς λέγει, ὡς ἐπεβούλευον συνδῆσαι αὐτὸν θυγάτηρ καὶ ἀδελφὸς καὶ γυνή; καὶ εἴ γε μὴ τὸν Βριάρεων Θέτις ἐκάλεσεν ἐπεπέδητο ἂν ἡμῖν βέλτιστος Ζεὺς συναρπασθείς. ἀνθ´ ὧν καὶ ἀπομνημονεύων τῇ Θέτιδι τὴν εὐεργεσίαν ἐξαπατᾷ τὸν Ἀγαμέμνονα ὄνειρόν τινα ψευδῆ ἐπιπέμψας, ὡς πολλοὶ τῶν Ἀχαιῶν ἀποθάνοιεν. ὁρᾷς; ἀδύνατον γὰρ ἦν αὐτῷ κεραυνὸν ἐμβαλόντι καταφλέξαι τὸν Ἀγαμέμνονα αὐτὸν ἄνευ τοῦ ἀπατεῶνα εἶναι δοκεῖν. ἐκεῖνά σε μάλιστα εἰς τὴν πίστιν ἐπεσπάσαντο, ἀκούοντα ὡς Διομήδης μὲν ἔτρωσε τὴν Ἀφροδίτην, εἶτα τὸν Ἄρη αὐτὸν Ἀθηνᾶς παρακελεύσει, μετὰ μικρὸν δὲ αὐτοὶ συμπεσόντες οἱ θεοὶ ἐμονομάχουν ἀναμὶξ ἄρρενες καὶ θήλειαι, καὶ Ἀθηνᾶ μὲν Ἄρη καταγωνίζεται ἅτε καὶ προπεπονηκότα, οἶμαι, ἐκ τοῦ τραύματος παρὰ τοῦ Διομήδους εἰλήφει, Λητοῖ δ´ ἀντέστη σῶκος ἐριούνιος Ἑρμῆς; τὰ περὶ τῆς Ἀρτέμιδός σοι πιθανὰ ἔδοξεν, ὡς ἐκείνη μεμψίμοιρος οὖσα ἠγανάκτησεν οὐ κληθεῖσα ἐφ´ ἑστίασιν ὑπὸ τοῦ Οἰνέως, καὶ διὰ τοῦτο σῦν τινα ὑπερφυᾶ καὶ ἀνυπόστατον τὴν ἀλκὴν ἐπαφῆκεν ἐπὶ τὴν χώραν αὐτοῦ; ἆρ´ οὖν τὰ τοιαῦτα λέγων σε Ὅμηρος πέπεικε; [40] Toutefois, je serais charmé de savoir par quels vers Homère a pu te persuader. Est-ce par ceux où il dit en parlant de Jupiter, que la fille, le frère et la femme de ce dieu conspirèrent un jour de l'enchaîner ; que, si Thétis, par pitié pour lui, n'eût appelé Briarée, le bon Jupiter eût été perdu pour nous et jeté en prison, et que, pour reconnaître le service de Thétis, il trompa Agamemnon et lui envoya un songe trompeur, afin de faire périr beaucoup de Grecs ? Fais bien attention ! Il lui était sans doute impossible de lancer son tonnerre et de réduire en poudre Agamemnon tout seul, sans s'exposer à passer pour un imposteur. Ta croyance aurait-elle été déterminée par les vers où tu as lu que Diomède blesse Vénus et ensuite Mars, à l'instigation de Minerve ? Ou bien lorsqu'il dit que les dieux se jettent à l'envi dans la mêlée, tous ensemble, mâles et femelles ; que Minerve met hors de combat Mars encore souffrant, sans doute, de la blessure qu'il avait reçue de Diomède, et que Mercure, excellent dieu, marche contre Latone. As-tu regardé comme très croyable ce qu'il raconte au sujet de Diane, qu'elle se fâcha de n'avoir pas été invitée au festin d'OEnée, et que, pour s'en venger, elle envoya dans le pays de ce roi un sanglier énorme, à la grosseur et à la force duquel rien ne pouvait résister ? Est-ce avec de pareils récits qu'Homère t'a convaincu ?
[41] ΖΕΥΣ. Βαβαί· ἡλίκον, θεοί, ἀνεβόησε τὸ πλῆθος, ἐπαινοῦντες τὸν Δᾶμιν· δ´ ἡμέτερος ἀπορουμένῳ ἔοικεν· ἰδίει γοῦν καὶ ὑποτρέμει καὶ δῆλός ἐστιν ἀπορρίψων τὴν ἀσπίδα, καὶ ἤδη περιβλέπει οἷ παρεκδὺς ἀποδράσεται. ΤΙΜΟΚΛΗΣ. Οὐδ´ Εὐριπίδης ἄρα σοι δοκεῖ λέγειν τι ὑγιές, ὁπόταν αὐτοὺς ἀναβιβασάμενος τοὺς θεοὺς ἐπὶ τὴν σκηνὴν δεικνύῃ σώζοντας μὲν τοὺς χρηστοὺς τῶν ἡρώων, τοὺς πονηροὺς δὲ καὶ κατὰ σὲ τὴν ἀσέβειαν ἐπιτρίβοντας; ΔΑΜΙΣ. Ἀλλ´, γενναιότατε φιλοσόφων Τιμόκλεις, εἰ ταῦτα ποιοῦντες οἱ τραγῳδοὶ πεπείκασί σε, ἀνάγκη δυοῖν θάτερον, ἤτοι Πῶλον καὶ Ἀριστόδημον καὶ Σάτυρον ἡγεῖσθαί σε θεοὺς εἶναι τότε τὰ πρόσωπα τῶν θεῶν αὐτὰ καὶ τοὺς ἐμβάτας καὶ τοὺς ποδήρεις χιτῶνας καὶ χλαμύδας καὶ χειρῖδας καὶ προγαστρίδια καὶ τἆλλα οἷς ἐκεῖνοι σεμνύνουσι τὴν τραγῳδίαν, ὅπερ καὶ γελοιότατον· ἐπεὶ καθ´ ἑαυτὸν ὁπόταν Εὐριπίδης, μηδὲν ἐπειγούσης τῆς χρείας τῶν δραμάτων, τὰ δοκοῦντά οἱ λέγῃ, ἀκούσῃ αὐτοῦ τότε παρρησιαζομένου, ὁρᾷς τὸν ὑψοῦ τόνδ´ ἄπειρον αἰθέρα καὶ γῆν πέριξ ἔχονθ´ ὑγραῖς ἐν ἀγκάλαις; τοῦτον νόμιζε Ζῆνα, τόνδ´ ἡγοῦ θεόν. καὶ πάλιν, Ζεύς, ὅστις Ζεύς, οὐ γὰρ οἶδα, πλὴν λόγῳ κλύων. καὶ τὰ τοιαῦτα. [41] JUPITER. Ciel ! Quels cris, grands dieux, retentissent parmi la foule en l'honneur de Damis ! Notre champion a l'air désespéré : il a peur, il tremble, on dirait qu'il va jeter son bouclier, et déjà il regarde autour de lui par où il pourra s'échapper et prendre la fuite. TIMOCLÈS. Est-ce qu'Euripide ne te semble point parler un langage sensé, lorsqu'il fait monter les dieux sur la scène, et qu'il nous les montre occupés à sauver les héros vertueux, et à punir les méchants, dont l'impiété est égale à là tienne ? DAMIS. Ah ! Timoclès, mon brave philosophe, si c'est en agissant ainsi que les poètes tragiques t'ont convaincu, il faut, de deux choses l'une, ou que Palus, Aristodème et Satyrus te paraissent des dieux, ou que ce soient leurs masques, leurs cothurnes, leurs robes traînantes, leurs casques, leurs gants, leurs ventres factices, leurs cuirasses, et le reste de l'accoutrement, dont ils rehaussent leur personne tragique. Or, je ne vois rien de plus ridicule. D'ailleurs, lorsque Euripide parle, non pas selon les besoins du drame, mais en son propre nom, écoute comme il s'exprime avec franchise : "Tu vois l'immense éther, qui s'étend dans les cieux, Dont les humides bras enveloppent l'espace : C'est là Jupiter même, il n'est pas d'autres dieux". Et ailleurs : "Jupiter ! s'il est vrai que Jupiter existe, Car je ne te connais encore que de nom". Et le reste à l'avenant.
[42] ΤΙΜΟΚΛΗΣ. Οὐκοῦν ἅπαντες ἄνθρωποι καὶ τὰ ἔθνη ἐξηπάτηνται θεοὺς νομίζοντες καὶ πανηγυρίζοντες; ΔΑΜΙΣ. Εὖ γε, Τιμόκλεις, ὅτι με ὑπέμνησας τῶν κατὰ ἔθνη νομιζομένων, ἀφ´ ὧν μάλιστα συνίδοι τις ἂν ὡς οὐδὲν βέβαιον περὶ θεῶν λόγος ἔχει· πολλὴ γὰρ ταραχὴ καὶ ἄλλοι ἄλλα νομίζουσι, Σκύθαι μὲν ἀκινάκῃ θύοντες καὶ Θρᾷκες Ζαμόλξιδι, δραπέτῃ ἀνθρώπῳ ἐκ Σάμου ὡς αὐτοὺς ἥκοντι, Φρύγες δὲ Μήνῃ καὶ Αἰθίοπες Ἡμέρᾳ καὶ Κυλλήνιοι Φάλητι καὶ Ἀσσύριοι περιστερᾷ καὶ Πέρσαι πυρὶ καὶ Αἰγύπτιοι ὕδατι. καὶ τοῦτο μὲν ἅπασι κοινὸν τοῖς Αἰγυπτίοις τὸ ὕδωρ, ἰδίᾳ δὲ Μεμφίταις μὲν βοῦς θεός, Πηλουσιώταις δὲ κρόμμυον, καὶ ἄλλοις ἶβις κροκόδειλος καὶ ἄλλοις κυνοκέφαλος αἴλουρος πίθηκος· καὶ ἔτι κατὰ κώμας τοῖς μὲν δεξιὸς ὦμος θεός, τοῖς δὲ κατ´ ἀντιπέρας οἰκοῦσιν ἅτερος· καὶ ἄλλοις κεφαλῆς ἡμίτομον, καὶ ἄλλοις ποτήριον κεραμεοῦν τρύβλιον. ταῦτα πῶς οὐ γέλως ἐστίν, καλὲ Τιμόκλεις; ΜΩΜΟΣ. Οὐκ ἔλεγον, θεοί, ταῦτα πάντα ἥξειν εἰς τοὐμφανὲς καὶ ἀκριβῶς ἐξετασθήσεσθαι; ΖΕΥΣ. Ἔλεγες, Μῶμε, καὶ ἐπετίμας ὀρθῶς, καὶ ἔγωγε πειράσομαι ἐπανορθώσασθαι αὐτά, ἢν τὸν ἐν ποσὶ τοῦτον κίνδυνον διαφύγωμεν. [42] TIMOCLÈS. Tous les hommes, tous les peuples sont donc dans l'erreur, quand ils reconnaissent des dieux et célèbrent des fêtes ? DAMIS. Tu as raison, Timoclès, de me rappeler les usages des différents peuples : rien n'est plus propre à faire comprendre tout ce qu'il y a d'incertitudes dans ce que l'on dit des dieux. Ce n'est que confusion : les uns s'en font une idée, les autres une autre. Les Scythes offrent des sacrifices au Cimeterre ; les Thraces à Zamolxis, esclave de Samos qui s'est enfui chez eux ; les Phrygiens adorent Men ; les Ethiopiens, le Jour ; les Cyllèniens, Phalès ; les Assyriens, une colombe ; les Perses, le Feu, et les Égyptiens, l'Eau, quand je dis l'Eau, c'est la divinité commune aux Égyptiens, mais en particulier Memphis reconnaît un bœuf pour dieu ; Peluse, l'oignon ; d'autres cités, l'ibis ou le crocodile : chez d'autres, c'est un cynocéphale, un chat, un singe. Dans les villages, les uns regardent l'épaule droite comme un dieu, tandis que leurs voisins d'en face adorent l'épaule gauche. Ceux-ci révèrent la moitié de la tête, ceux-là un pot de terre ou un plat. Comment ne pas trouver tout cela ridicule, beau Timocles ? MOMUS. Ne disais-je pas, ô dieux, que tout cela se découvrirait un jour et qu'on en ferait un examen sévère ? JUPITER. Tu l'as dit, Momus, et tu as eu raison de nous le reprocher ; aussi j'essayerai d'y mettre bon ordre, si nous échappons au danger actuel.


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Dernière mise à jour : 27/05/2009