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[37] ΔΑΜΙΣ.
Καὶ πότε ἂν ἐκεῖνοι σχολὴν ἀγάγοιεν ἐπ´ ἐμέ,
τοσαῦτα, ὡς φής, πράγματα ἔχοντες καὶ τὰ ἐν τῷ
κόσμῳ ἄπειρα τὸ πλῆθος ὄντα οἰκονομούμενοι;
ὥστε οὐδὲ σέ πω ἠμύναντο ὧν ἐπιορκεῖς ἀεὶ καὶ
τῶν ἄλλων, ἵνα μὴ βλασφημεῖν καὶ αὐτὸς ἀναγκάζωμαι
παρὰ τὰ συγκείμενα. καίτοι οὐχ ὁρῶ
ἥντινα ἂν ἄλλην ἐπίδειξιν τῆς ἑαυτῶν προνοίας
μείζω ἐξενεγκεῖν ἐδύναντο ἢ σὲ κακὸν κακῶς ἐπιτρίψαντες.
ἀλλὰ δῆλοί εἰσιν ἀποδημοῦντες, ὑπὲρ
τὸν Ὠκεανὸν ἴσως μετ´ ἀμύμονας Αἰθιοπῆας· ἔθος
γοῦν αὐτοῖς συνεχῶς ἰέναι παρ´ αὐτοὺς μετὰ δαῖτα
καὶ αὐτεπαγγέλτοις ἐνίοτε.
| [37] DAMIS. Et quand en auraient-ils le temps, ayant,
comme tu dis, un si grand nombre d'affaires sur les bras, et
occupés à régler celles du monde, qui sont infinies ? C'est
pour cela qu'ils ne t'ont pas encore puni de tes parjures
continuels et de tant d'autres crimes; mais je n'en dirai
rien de peur d'être forcé à te dire des injures, malgré notre
convention. Cependant je ne vois pas que tes dieux
puissent donner une meilleure preuve de leur providence
que d'écraser et mettre à mal un mauvais homme comme
toi. On s'aperçoit bien qu'ils sont en voyage par delà
l'Océan, probablement chez les Éthiopiens irréprochables
: c'est assez leur habitude d'a1ler fréquemment se
régaler chez ce peuple, et parfois ils s'y invitent eux-mêmes.
| [38] ΤΙΜΟΚΛΗΣ.
Τί πρὸς τοσαύτην ἀναισχυντίαν εἴποιμι ἄν, ὦ Δᾶμι;
ΔΑΜΙΣ.
Ἐκεῖνο, ὦ Τιμόκλεις, ὃ πάλαι ἐγὼ ἐπόθουν
ἀκοῦσαί σου, ὅπως ἐπείσθης οἴεσθαι προνοεῖν
τοὺς θεούς.
ΤΙΜΟΚΛΗΣ.
Ἡ τάξις με πρῶτον τῶν γινομένων ἔπεισεν,
ὁ ἥλιος ἀεὶ τὴν αὐτὴν ὁδὸν ἰὼν καὶ σελήνη κατὰ
ταὐτὰ καὶ ὧραι τρεπόμεναι καὶ φυτὰ φυόμενα καὶ
ζῷα γεννώμενα καὶ αὐτὰ ταῦτα οὕτως εὐμηχάνως
κατεσκευασμένα ὡς τρέφεσθαι καὶ κινεῖσθαι καὶ
ἐννοεῖν καὶ βαδίζειν καὶ τεκταίνεσθαι καὶ σκυτοτομεῖν
καὶ τἆλλα· ταῦτα προνοίας ἔργα εἶναί μοι δοκεῖ.
ΔΑΜΙΣ.
Αὐτό που τὸ ζητούμενον, ὦ Τιμόκλεις, συναρπάζεις·
οὐδέπω γὰρ δῆλον εἰ προνοίᾳ τούτων
ἕκαστον ἀποτελεῖται. ἀλλ´ ὅτι μὲν τοιαῦτά ἐστι
τὰ γινόμενα φαίην ἂν καὶ αὐτός· οὐ μὴν αὐτίκα
πεπεῖσθαι ἀνάγκη καὶ ὑπό τινος προμηθείας αὐτὰ
γίγνεσθαι· ἔνι γὰρ καὶ ἄλλως ἀρξάμενα νῦν
ὁμοίως καὶ κατὰ ταὐτὰ συνίστασθαι, σὺ δὲ
τάξιν αὐτῶν ὀνομάζεις τὴν ἀνάγκην, εἶτα δηλαδὴ
ἀγανακτήσεις εἴ τίς σοι μὴ ἀκολουθοίη τὰ γινόμενα
μὲν ὁποῖά ἐστι καταριθμουμένῳ καὶ ἐπαινοῦντι,
οἰομένῳ δὲ ἀπόδειξιν ταῦτα εἶναι τοῦ καὶ
προνοίᾳ διατάττεσθαι αὐτῶν ἕκαστον. ὥστε κατὰ
τὸν κωμικόν·
τουτὶ μὲν ὑπομόχθηρον, ἄλλο μοι λέγε.
| [38] TIMOCLÈS. Que puis-je répondre, Damis, à une telle
impudence ?
DAMIS. Une chose, Timoclès, que je désire depuis
longtemps entendre de ta bouche, c'est à savoir qui a pu
t'engager à croire à la providence des dieux.
TIMOCLÈS. L'ordre de l'univers, voilà ce qui m'a convaincu:
le soleil suivant toujours la même route, la lune obéissant à
la même loi, le retour périodique des saisons, le
développement des plantes, la reproduction des animaux,
leur organisation si parfaite qu'ils se nourrissent, se
meuvent, pensent, marchent, sont architectes et
cordonniers, toutes ces merveilles et autres semblables ne
te paraissent-elles pas être les effets d'une providence?
DAMIS. C'est là, comme on dit, Timoclès, une pétition de
principe, Il n'est pas du tout évident que ces merveilles
soient l'œuvre d'une providence. J'avoue que les faits sont
tels que tu dis, mais rien ne peut me forcer à croire qu'une
providence en soit l'auteur. Il se peut que, produits d'abord
par le hasard, ces phénomènes demeurent les mêmes et
obéissent à des lois constantes; mais toi tu appelles cet
ordre une nécessité, et tu te fâches ensuite contre ceux
qui ne sont pas de ton avis, quand tu fais l'énumération et
l'éloge de toutes ces merveilles, et que tu t'imagines
prouver ainsi la direction de l'univers par une volonté
providentielle. On peut te dire, comme dans la comédie:
Cela n'a pas bon goût, servez-nous-en d'un autre.
| [39] ΤΙΜΟΚΛΗΣ.
Ἐγὼ μὲν οὐκ οἶμαι καὶ ἄλλης ἐπὶ τούτοις δεῖν
ἀποδείξεως. ὅμως δ´ οὖν ἐρῶ· ἀπόκριναι γάρ μοι,
Ὅμηρός σοι δοκεῖ ἄριστος ποιητὴς γενέσθαι;
ΔΑΜΙΣ.
Καὶ μάλα.
ΤΙΜΟΚΛΗΣ.
Οὐκοῦν ἐκείνῳ ἐπείσθην τὴν πρόνοιαν τῶν θεῶν
ἐμφανίζοντι.
ΔΑΜΙΣ.
Ἀλλ´, ὦ θαυμάσιε, ποιητὴν μὲν ἀγαθὸν Ὅμηρον
γενέσθαι πάντες σοι συνομολογήσουσι, μάρτυρα
δὲ ἀληθῆ περὶ τῶν τοιούτων οὔτ´ ἐκεῖνον οὔτε ἄλλον
ποιητὴν οὐδένα· οὐ γὰρ ἀληθείας μέλει αὐτοῖς,
οἶμαι, ἀλλὰ τοῦ κηλεῖν τοὺς ἀκούοντας, καὶ διὰ
τοῦτο μέτροις τε κατᾴδουσι καὶ μύθοις κατηχοῦσι
καὶ ὅλως ἅπαντα ὑπὲρ τοῦ τερπνοῦ μηχανῶνται.
| [39] TIMOCLÈS. Je ne crois pas qu'il soit besoin d'une autre
démonstration. Cependant je vais t'interroger. Réponds-moi: Homère te semble-t-il un excellent poète ?
DAMIS. Certainement.
TIMOCLÈS. Eh bien ! c'est lui qui m'a convaincu et qui m'a
prouvé la providence des dieux.
DAMIS. Homme étonnant! Tout le monde t'accordera
qu'Homère est un excellent poète ; mais comme autorité
respectable sur ces matières, ni lui, ni aucun autre poète ne
sera accepté par personne. Ils ont moins à cœur, je pense,
de dire la vérité que de ravir les auditeurs; et voilà
pourquoi ils chantent en vers, revêtent leurs légendes de
sons harmonieux et s'ingénient de tous les moyens de plaire.
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