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[31] ΑΠΟΛΛΩΝ.
Κέκλυτε μαντιπόλου τόδε θέσφατον Ἀπόλλωνος
ἀμφ´ ἔριδος κρυερῆς, τὴν ἀνέρες ἐστήσαντο
ὀξυβόαι, μύθοισι κορυσσόμενοι πυκινοῖσι.
πολλὰ γὰρ ἔνθα καὶ ἔνθα μόθου ἑτεραλκέϊ κλωγμῷ
ταρφέος ἄκρα κόρυμβα καταπλήσσουσιν ἐχέτλης.
ἀλλ´ ὅταν αἰγυπιὸς γαμψώνυχος ἀκρίδα μάρψῃ,
δὴ τότε λοίσθιον ὀμβροφόροι κλάγξουσι κορῶναι.
νίκη δ´ ἡμιόνων, ὁ δ´ ὄνος θοὰ τέκνα κορύψει.
ΖΕΥΣ.
Τί τοῦτο ἀνεκάγχασας, ὦ Μῶμε; καὶ μὴν οὐ
γελοῖα τὰ ἐν ποσί· παῦσαι κακόδαιμον, ἀποπνιγήσῃ
ὑπὸ τοῦ γέλωτος.
ΜΩΜΟΣ.
Καὶ πῶς δυνατόν, ὦ Ζεῦ, ἐφ´ οὕτω σαφεῖ καὶ
προδήλῳ τῷ χρησμῷ;
ΖΕΥΣ.
Οὐκοῦν καὶ ἡμῖν ἤδη ἑρμηνεύοις ἂν αὐτὸν ὅ τι
καὶ λέγει.
ΜΩΜΟΣ.
Πάνυ πρόδηλα, ὥστε οὐδὲν ἡμῖν Θεμιστοκλέους
δεήσει· φησὶ γὰρ τὸ λόγιον οὑτωσὶ διαρρήδην
γόητα μὲν εἶναι τοῦτον, ὑμᾶς δὲ ὄνους κανθηλίους
νὴ Δία καὶ ἡμιόνους, τοὺς πιστεύοντας αὐτῷ, οὐδ´
ὅσον αἱ ἀκρίδες τὸν νοῦν ἔχοντας.
| [31] APOLLON.
Ecoutez d'Apollon un oracle infaillible
Sur cette dispute terrible,
Qu'un couple philosophe armé jusques aux dents
De vains et subtils arguments,
Soutient de sa voix aigre et de ses cris perçants.
J'entends des deux côtés un fracas effroyable,
Un croassement de corbeaux,
Comme on entend aux champs que la tempête accable,
Bruire et les vents et les eaux.
Mais quand l'autour aura saisi la sauterelle
Entre ses deux ongles tranchants,
De la pluie à venir le messager fidèle
Redoublera ses tristes chants,
Les mulets gagneront, l'âne d'un front rebelle
Heurtera ses légers enfants.
JUPITER. Pourquoi donc éclater de rire, Momus ? Tout cela
n'a rien de bien risible. Finis donc, malheureux : tu vas
étouffer de rire.
MOMUS. Le moyen de se retenir, Jupiter, en entendant un
oracle aussi clair et aussi évident.
JUPITER. Tu pourrais donc nous expliquer ce qu'il veut dire ?
MOMUS. Très facilement : nous n'avons pas besoin pour
cela d'un Thémistocle. Cet oracle dit en termes précis
qu'Apollon est un charlatan, vous des ânes bâtés, ma foi, et
des mulets, de croire ce qu'il nous dit, et que nous n'avons
pas plus de bon sens que les sauterelles.
| [32] ΗΡΑΚΛΗΣ.
Ἐγὼ δέ, ὦ πάτερ, εἰ καὶ μέτοικός εἰμι, οὐκ
ὀκνήσω ὅμως τὰ δοκοῦντά μοι εἰπεῖν· ὁπόταν γὰρ
ἤδη συνελθόντες διαλέγωνται, τηνικαῦτα, ἢν μὲν ὁ
Τιμοκλῆς ὑπέρσχῃ, ἐάσωμεν προχωρεῖν τὴν
συνουσίαν ὑπὲρ ἡμῶν, ἢν δέ τι ἑτεροῖον ἀποβαίνῃ,
τότε ἤδη τὴν στοὰν αὐτὴν ἔγωγε, εἰ δοκεῖ,
διασείσας ἐμβαλῶ τῷ Δάμιδι, ὡς μὴ κατάρατος
ὢν ὑβρίζῃ ἐς ἡμᾶς.
ΖΕΥΣ.
Ἡράκλεις, ὦ Ἡράκλεις, ἄγροικον τοῦτο εἴρηκας
καὶ δεινῶς Βοιώτιον, συναπολέσαι ἑνὶ πονηρῷ
τοσούτους χρηστούς, καὶ προσέτι τὴν στοὰν αὐτῷ
Μαραθῶνι καὶ Μιλτιάδῃ καὶ Κυνεγείρῳ. καὶ
πῶς ἂν τούτων συνεμπεσόντων οἱ ῥήτορες ἔτι
ῥητορεύοιεν, τὴν μεγίστην εἰς τοὺς λόγους
ὑπόθεσιν ἀφῃρημένοι; ἄλλως τε ζῶντι μέν σοι
δυνατὸν ἴσως ἦν τι πρᾶξαι τοιοῦτον, ἀφ´ οὗ δὲ
θεὸς γεγένησαι, μεμάθηκας, οἶμαι, ὡς αἱ Μοῖραι
μόναι τὰ τοιαῦτα δύνανται, ἡμεῖς δὲ αὐτῶν
ἄμοιροί ἐσμεν.
ΗΡΑΚΛΗΣ.
Οὐκοῦν καὶ ὁπότε τὸν λέοντα ἢ τὴν ὕδραν
ἐφόνευον, αἱ Μοῖραι δι´ ἐμοῦ ἐκεῖνα ἔπραττον;
ΖΕΥΣ.
Καὶ μάλα.
ΗΡΑΚΛΗΣ.
Καὶ νῦν ἤν τις ὑβρίζῃ εἰς ἐμὲ ἢ περισυλῶν μου
τὸν νεὼν ἢ ἀνατρέπων τὸ ἄγαλμα, ἢν μὴ ταῖς
Μοίραις πάλαι δεδογμένον ᾖ, οὐκ ἐπιτρίψω
αὐτόν;
ΖΕΥΣ.
Οὐδαμῶς.
ΗΡΑΚΛΗΣ.
Οὐκοῦν ἄκουσον, ὦ Ζεῦ, μετὰ παρρησίας· ἐγὼ
γάρ, ὡς ὁ κωμικὸς ἔφη,
ἄγροικός εἰμι τὴν σκάφην σκάφην λέγων·
εἰ τοιαῦτά ἐστι τὰ ὑμέτερα, μακρὰ χαίρειν φράσας
ταῖς ἐνταῦθα τιμαῖς καὶ κνίσῃ καὶ ἱερείων αἵματι
κάτειμι εἰς τὸν Ἅιδην, ὅπου με γυμνὸν τὸ τόξον
ἔχοντα κἂν τὰ εἴδωλα φοβήσεται τῶν ὑπ´ ἐμοῦ
πεφονευμένων θηρίων.
| [32] HERCULE. Pour moi, mon père, quoique je ne sois
qu'un métèque, je n'hésiterai pas cependant à dire mon
avis. Lorsque nos deux philosophes seront aux prises, si
Timoclès a l'avantage, nous laisserons continuer la dispute,
qui tournera en notre faveur; mais si les choses vont
autrement, je me mettrai, si vous le trouvez bon, à
ébranler le portique, je le ferai tomber sur Damis, et ce
scélérat ne nous outragera plus.
MOMUS. Hercule ! ah! Hercule! voilà, qui est brutal et
terriblement béotien. Faut-il, pour un scélérat, détruire tant
de monde et, en outre, le Portique avec Marathon, Miltiade
et Cynégire? Et si tout cela n'existait plus, comment les
rhéteurs feraient-ils de la rhétorique, eux qui tirent de là
leurs plus grands effets de discours. D'ailleurs, lorsque
tu étais vivant, tu pouvais peut-être faire un exploit comme
celui-là; mais, depuis que tu es devenu dieu, tu as appris,
je pense, que les Parques seules ont une pareille puissance
et que nous-mêmes nous ne l'avons pas.
HERCULE. Ainsi, lorsque je tuais le lion ou l'hydre, c'étaient
les Parques qui exécutaient cela avec mon bras ?
JUPITER. Oui, vraiment.
HERCULE. Et maintenant si quelqu'un m'insulte, pille mon
temple, on renverse ma statue, je ne pourrai pas l'écraser
sans l'autorisation des Parques ?
JUPITER. En aucune façon.
HERCULE. Alors, Jupiter, laisse-moi te parler avec
franchise, car moi, comme dit le comique, je suis un
rustaud, qui appelle barque une barque. Si vous en êtes là,
j'envoie promener les honneurs dont on jouit ici, le fumet
et le sang des victimes, et je descends aux enfers, où les
ombres des monstres que j'ai tués me craindront nu et
armé de mon arc.
| [33] ΖΕΥΣ.
Εὖ γε, οἴκοθεν ὁ μάρτυς, φασίν· ἀπέσωσάς γ´
ἂν οὖν τῷ Δάμιδι ταῦτα εἰπεῖν ὑποβαλών. ἀλλὰ
τίς ὁ σπουδῇ προσιὼν οὗτός ἐστιν, ὁ χαλκοῦς, ὁ εὔγραμμος
καὶ εὐπερίγραφος, ὁ ἀρχαῖος τὴν ἀνάδεσιν
τῆς κόμης; μᾶλλον δὲ ὁ σός, ὦ Ἑρμῆ, ἀδελφός
ἐστιν, ὁ ἀγοραῖος, ὁ παρὰ τὴν Ποικίλην· πίττης
γοῦν ἀναπέπλησται ὁσημέραι ἐκματτόμενος ὑπὸ
τῶν ἀνδριαντοποιῶν. τί, ὦ παῖ, δρομαῖος ἡμῖν
ἀφῖξαι; ἦ πού τι ἐκ γῆς νεώτερον ἀπαγγέλλεις;
ΕΡΜΑΓΟΡΑΣ.
Ὑπέρμεγα, ὦ Ζεῦ, καὶ μυρίας τῆς σπουδῆς
δεόμενον.
ΖΕΥΣ.
Λέγε ἤδη, εἴ τι καὶ ἄλλο ἡμᾶς ἐπανιστάμενον
λέληθεν.
ΕΡΜΑΓΟΡΑΣ.
Ἐτύγχανον μὲν ἄρτι χαλκουργῶν ὕπο
πιττούμενος στέρνον τε καὶ μετάφρενον·
θώραξ δέ μοι γελοῖος ἀμφὶ σώματι
πλασθεὶς παρῃώρητο μιμηλῇ τέχνῃ
σφραγῖδα χαλκοῦ πᾶσαν ἐκτυπούμενος·
ὁρῶ δ´ ὄχλον στείχοντα καί τινας δύο
ὠχροὺς κεκράκτας, πυγμάχους σοφισμάτων,
Δᾶμίν τε καὶ—
ΖΕΥΣ.
Παῦε, ὦ Ἑρμαγόρα βέλτιστε, τραγῳδῶν· οἶδα
γὰρ οὕστινας λέγεις. ἀλλ´ ἐκεῖνό μοι φράσον, εἰ
πάλαι συγκροτεῖται αὐτοῖς ἡ ἔρις.
ΕΡΜΑΓΟΡΑΣ.
Οὐ πάνυ, ἀλλ´ ἐν ἀκροβολισμοῖς ἔτι ἦσαν ἀποσφενδονῶντες
ἀλλήλοις πόρρωθέν ποθεν λοιδορούμενοι.
ΖΕΥΣ.
Τί οὖν ἔτι ποιεῖν λοιπόν, ὦ θεοί, ἢ ἀκροάσασθαι
ἐπικύψαντας αὐτῶν; ὥστε ἀφαιρείτωσαν αἱ
Ὧραι τὸν μοχλὸν ἤδη καὶ ἀπάγουσαι τὰ νέφη
ἀναπεταννύτωσαν τὰς πύλας τοῦ οὐρανοῦ.
| [33] JUPITER. A merveille, voilà, comme on dit, un témoin
domestique ! Tu épargnes à Damis la peine de dire tout
cela ; tu le lui suggères. Mais qui donc s'avance avec tant
d'empressement ? Quel est ce dieu d'airain, si bien dessiné,
aux contours si harmonieux, et dont les cheveux sont
relevés à l'antique ? Eh ! Mercure, c'est ton frère de
l'Agora, près du Poecilé. Il est rempli de poix, car les
statuaires en font tous les jours une empreinte. Pourquoi,
mon fils, viens-tu vers nous avec tant de hâte ? Nous
apportes-tu des nouvelles de la terre ?
HERMAGORAS. Une grande nouvelle, Jupiter, et qui
demande la plus complète attention.
JUPITER. Parle ; quelque révolte se serait-elle déclarée à
notre insu ?
HERMAGORAS.
Je me trouvais couvert d'un enduit de résine
Qu'on m'avait appliquée au dos, à la poitrine,
Cuirasse ridicule, exprimant mes contours
Aux apprentis sculpteurs, dont la main, tous les jours,
Vrai singe, de mes traits imitateur fidèle,
Vient copier mon corps qui leur sert de modèle ;
Quand je vois accourir tout le peuple : au milieu
Deux hommes qui criaient, pâles et l'œil en feu,
Hérissés d'arguments et bardés de sophismes ;
C'est Damis et...
JUPITER. Trêve, mon cher Hermagoras, à tes iambes ! Je
connais les hommes dont tu veux parler. Mais, dis-moi,
y-a-t-il longtemps que le combat est engagé ?
HERMAGORAS. Non, ils n'en sont encore qu'aux
escarmouches ; ils se battent à coups de fronde et se
lancent de loin des injures.
JUPITER. Qu'avons-nous de mieux à faire, dieux, que de les
écouter en penchant la tête de leur côté ? Que les Heures
ôtent donc la barre des cieux, et qu'elles en ouvrent les
portes en écartant les nuages.
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