|
[0] ΠΡΟΛΑΛΙΑ. ΗΡΑΚΛΗΣ.
| [0] PRÉFACE OU HERCULE.
| [1] Τὸν Ἡρακλέα οἱ Κελτοὶ Ὄγμιον ὀνομάζουσι
φωνῇ τῇ ἐπιχωρίῳ, τὸ δὲ εἶδος τοῦ θεοῦ πάνυ
ἀλλόκοτον γράφουσι. γέρων ἐστὶν αὐτοῖς ἐς τὸ
ἔσχατον, ἀναφαλαντίας, πολιὸς ἀκριβῶς ὅσαι
λοιπαὶ τῶν τριχῶν, ῥυσὸς τὸ δέρμα καὶ διακεκαυμένος
ἐς τὸ μελάντατον οἷοί εἰσιν οἱ θαλαττουργοὶ
γέροντες· μᾶλλον δὲ Χάρωνα ἢ Ἰαπετόν τινα τῶν
ὑποταρταρίων καὶ πάντα μᾶλλον ἢ Ἡρακλέα
εἶναι ἂν εἰκάσειας. ἀλλὰ καὶ τοιοῦτος ὢν ἔχει
ὅμως τὴν σκευὴν τὴν Ἡρακλέους· καὶ γὰρ τὴν
διφθέραν ἐνῆπται τὴν τοῦ λέοντος καὶ τὸ ῥόπαλον
ἔχει ἐν τῇ δεξιᾷ καὶ τὸν γωρυτὸν παρήρτηται, καὶ
τὸ τόξον ἐντεταμένον ἡ ἀριστερὰ προδείκνυσιν,
καὶ ὅλος Ἡρακλῆς ἐστι ταῦτά γε.
| [1] Hercule, chez les Gaulois, se nomme Ogmios dans la
langue nationale. La forme sous laquelle ils représentent ce
dieu a quelque chose de tout à fait étrange. C'est pour eux
un vieillard, d'un âge fort avancé, qui n'a de cheveux que
sur le sommet de la tête, et ceux qui lui restent tout à fait
blancs. Sa peau est ridée et brûlée par le soleil, jusqu'à
paraître noire comme celle des vieux marins. On le
prendrait pour un Charon, un Japet sorti du fond du
Tartare, pour tout enfin plutôt que pour Hercule. Cependant
tel qu'il est, il a tous les attributs de ce dieu. Il est revêtu
de la peau du lion, tient une massue dans la main droite,
porte un carquois suspendu à ses épaules, et présente de la
main gauche un arc tendu. C'est Hercule tout entier.
| [2] ᾤμην οὖν ἐφ´ ὕβρει τῶν Ἑλληνίων θεῶν τοιαῦτα παρανομεῖν
τοὺς Κελτοὺς ἐς τὴν μορφὴν τὴν Ἡρακλέους
ἀμυνομένους αὐτὸν τῇ γραφῇ, ὅτι τὴν χώραν ποτὲ
αὐτῶν ἐπῆλθεν λείαν ἐλαύνων, ὁπότε τὰς Γηρυόνου
ἀγέλας ζητῶν κατέδραμε τὰ πολλὰ τῶν ἑσπερίων γενῶν.
| [2] Je crus donc que les Gaulois voulaient se moquer des
dieux de la Grèce, en donnant cette forme à Hercule ou se
venger de lui parce qu'il avait jadis fait invasion dans leur
pays et prélevé sur eux un riche butin, lorsque, cherchant
les bœufs de Géryon, il parcourut la plus grande partie
des régions occidentales.
| [3] καίτοι τὸ παραδοξότατον οὐδέπω ἔφην
τῆς εἰκόνος· ὁ γὰρ δὴ γέρων Ἡρακλῆς ἐκεῖνος
ἀνθρώπων πάμπολύ τι πλῆθος ἕλκει ἐκ τῶν ὤτων
ἅπαντας δεδεμένους. δεσμὰ δέ εἰσιν οἱ σειραὶ
λεπταὶ χρυσοῦ καὶ ἠλέκτρου εἰργασμέναι ὅρμοις
ἐοικυῖαι τοῖς καλλίστοις. καὶ ὅμως ὑφ´ οὕτως
ἀσθενῶν ἀγόμενοι οὔτε δρασμὸν βουλεύουσι, δυνάμενοι
ἂν εὐμαρῶς, οὔτε ὅλως ἀντιτείνουσιν ἢ τοῖς
ποσὶν ἀντερείδουσι πρὸς τὸ ἐναντίον τῆς ἀγωγῆς
ἐξυπτιάζοντες, ἀλλὰ φαιδροὶ ἕπονται καὶ γεγηθότες
καὶ τὸν ἄγοντα ἐπαινοῦντες, ἐπειγόμενοι
ἅπαντες καὶ τῷ φθάνειν ἐθέλειν τὸν δεσμὸν ἐπιχαλῶντες,
ἐοικότες ἀχθεσθησομένοις εἰ λυθήσονται.
ὃ δὲ πάντων ἀτοπώτατον εἶναί μοι
ἔδοξεν, οὐκ ὀκνήσω καὶ τοῦτο εἰπεῖν· οὐ γὰρ ἔχων
ὁ ζωγράφος ὅθεν ἐξάψειε ταῖς σειραῖς τὰς ἀρχάς,
ἅτε τῆς δεξιᾶς μὲν ἤδη τὸ ῥόπαλον, τῆς λαιᾶς δὲ
τὸ τόξον ἐχούσης, τρυπήσας τοῦ θεοῦ τὴν γλῶτταν
ἄκραν ἐξ ἐκείνης ἑλκομένους αὐτοὺς ἐποίησεν, καὶ
ἐπέστραπταί γε εἰς τοὺς ἀγομένους μειδιῶν.
| [3] Cependant je ne vous ai point encore dit ce que sa figure
a de plus singulier. Cet Hercule vieillard attire à lui une
multitude considérable, qu'il tient attachée par les oreilles.
Les liens dont il se sert sont de petites chaînes d'or et
d'ambre, d'un travail délicat, et semblables à de beaux
colliers. Malgré la faiblesse de leurs chaînes, ces captifs ne
cherchent point à prendre la fuite, quoiqu'ils le puissent
aisément, et loin de résister, de roidir les pieds, de se
renverser en arrière, ils suivent avec joie celui qui les
guide, le comblent d'éloges, s'empressent de l'atteindre, et
voudraient même le devancer, mouvement qui leur fait
relâcher la chaîne et donne à croire qu'ils seraient désolés
d'en être détachés. Mais ce qui me parut le plus bizarre,
c'est ce que je veux vous dire sans délai. L'artiste ne
sachant où attacher le bout des chaînes, vu que la main
droite du héros tient une massue et la gauche un arc, a
imaginé de percer l'extrémité de la langue du dieu et de
faire attirer par elle tous les hommes qui le suivent : lui-même
se retourne de leur côté avec un sourire.
| | |