[3] Ταῦτα ὁ μὲν Ἁρμονίδης οὐκ ἔφθη ποιῆσαι.
μεταξὺ γὰρ αὐλῶν, φασίν, ὅτε τὸ πρῶτον ἠγωνίζετο,
φιλοτιμότερον ἐμφυσῶν ἐναπέπνευσε τῷ
αὐλῷ καὶ ἀστεφάνωτος ἐν τῇ σκηνῇ ἀπέθανε τὸ
αὐτὸ καὶ πρῶτον καὶ ὕστατον αὐλήσας ἐν τοῖς Διονυσίοις.
Ὁ μέντοι τοῦ Τιμοθέου λόγος οὐκ αὐληταῖς
οὐδὲ Ἁρμονίδῃ μόνον εἰρῆσθαί μοι δοκεῖ, ἀλλὰ
πᾶσιν ὅσοι δόξης ὀρέγονται δημόσιόν τι ἐπιδεικνύμενοι,
τοῦ παρὰ τῶν πολλῶν ἐπαίνου δεόμενοι.
ἔγωγ´ οὖν ὁπότε καὶ αὐτὸς ἐνενόουν τὰ ὅμοια
περὶ τῶν ἐμαυτοῦ καὶ ἐζήτουν ὅπως ἂν τάχιστα
γνωσθείην πᾶσιν, τῷ Τιμοθέου λόγῳ ἑπόμενος
ἐσκοπούμην ὅστις ὁ ἄριστος εἴη τῶν ἐν τῇ πόλει
καὶ ὅτῳ πιστεύσουσιν οἱ ἄλλοι καὶ ὃς ἀντὶ πάντων
ἀρκέσειεν ἄν. οὕτω δὲ ἄρα σὺ ἔμελλες ἡμῖν
φαίνεσθαι τῷ δικαίῳ λόγῳ, ὅ τι περ τὸ κεφάλαιον
ἀρετῆς ἁπάσης, ὁ γνώμων, φασί, καὶ ὁ ὀρθὸς
κανὼν τῶν τοιούτων. εἰ δέ σοι δείξαιμι τἀμὰ
καὶ σὺ ἐπαινέσειας αὐτά—εἴη γὰρ οὕτω φανήσεσθαι—,
καὶ δὴ ἐπὶ πέρας ἥκειν με τῆς ἐλπίδος ἐν
μιᾷ ψήφῳ τὰς ἁπάσας λαβόντα. ἢ τίνα γὰρ ἂν
πρὸ σοῦ ἑλόμενος οὐχὶ παραπαίειν ἂν δικαίως
νομισθείην; ὥστε λόγῳ μὲν ἐφ´ ἑνὸς ἀνδρὸς
ἀναρρίψομεν τὸν κύβον, τὸ δ´ ἀληθὲς ὥσπερ ἂν
εἰ τοὺς ἁπανταχόθεν ἀνθρώπους συγκαλέσας ἐς
κοινὸν θέατρον ἐπιδεικνυοίμην τοὺς λόγους. δῆλον
γὰρ ὡς καθ´ ἕνα τε καὶ συνάμα πάντων συνειλεγμένων
μόνος αὐτὸς ἀμείνων ἂν ἦσθα. οἱ μέν γε
τῶν Λακεδαιμονίων βασιλεῖς, τῶν ἄλλων ἑκάστου
μίαν ψῆφον φερόντων, ἐκεῖνοι μόνοι ἑκάτερος
αὐτῶν δύο ἔφερον, σὺ δὲ καὶ τὰς τῶν ἐφόρων καὶ
τὰς τῶν γερόντων προσέτι, καὶ ὅλως ἁπάντων ὁ
πολυψηφότατος ἐν παιδείᾳ σύ γε, καὶ μάλιστα
ὅσῳ τὴν λευκὴν ἀεὶ καὶ σώζουσαν φέρεις, ὃ καὶ
θαρρεῖν με ἐν τῷ παρόντι ποιεῖ διά γε τὸ
μέγεθος τοῦ τολμήματος καὶ πάνυ δικαίως ἂν
φοβηθέντα. κἀκεῖνο δὲ νὴ Δία προσέτι καὶ αὐτὸ
θαρρεῖν ποιεῖ, τὸ μὴ παντάπασιν ἀλλότρια τἀμὰ
εἶναί σοι, ὃς πόλεώς γε ἐκείνης εἰμί, ἣν πολλάκις
εὖ ἐποίησας, τὸ μὲν πρῶτον ἰδίᾳ, τὸ δὲ δεύτερον
κοινῇ μετὰ παντὸς τοῦ ἔθνους. ὥστε ἤν που καὶ
νῦν ἐμοὶ ἐς τὸ χεῖρον ῥέπωσιν αἱ ψῆφοι ἐν τῷ
λόγῳ καὶ ἐλάττους ὦσιν αἱ ἀμείνους, σὺ δὲ τὴν
τῆς Ἀθηνᾶς προστιθεὶς ἀναπλήρου τὸ ἐνδέον
παρὰ σεαυτοῦ καὶ τὸ ἐπανόρθωμα οἰκεῖόν σοι
δοκείτω.
| [3] Harmonide n'eut pas le temps de mettre ces avis en
pratique. On dit que, la première fois qu'il disputa le prix, il
se laissa emporter par l'amour de la gloire, souffla trop
violemment, rendit le dernier soupir dans sa flûte, et
mourut sur la scène, sans avoir obtenu la couronne. Ainsi
ce fut tout ensemble la première et la dernière fois qu'il
parut aux fêtes de Bacchus.
Quant aux conseils de Timothée, ce n'est point
seulement aux joueurs de flûte ni au seul Harmonide qu'ils
s'adressent, selon moi, mais à tous ceux qui, avides de
renommée, veulent se montrer en public et ravir les
suffrages de la foule. Lors donc que j'eus formé un dessein
semblable au sien, et cherché le moyen de me faire
connaître, j'examinai, suivant l'avis de Timothée, quel était
dans cette ville le citoyen le plus distingué, celui en qui les
autres placent leur confiance et qui seul les représente
tous. C'est vous qui, de toute justice, deviez me paraître
ainsi, vous qui êtes, chose essentielle pour tout véritable
talent, le sûr indice et la règle certaine de ceux qui veulent
en juger. Si donc je déployais ma science devant vous, et si
j'obtenais votre approbation (plaise au ciel qu'il en soit ainsi !),
je devrais me croire parvenu au comble de mes
espérances, puisque j'obtiendrais tous les suffrages en un
seul. Or, qui peut-on vous préférer, à moins d'être fou ! Car
en apparence je jette un dé qui dépend d'un seul homme,
mais en réalité je fais entendre mes ouvrages à une
nombreuse multitude. Il est évident, en effet, que, seul ou
pris avec tous, vous n'en êtes pas moins supérieur à
chacun. Les rois de Lacédémone avaient le droit exclusif,
quand les autres citoyens ne portaient qu'un seul suffrage,
d'en porter chacun deux. Vous, vous réunissez ceux des
éphores et des vieillards, et, lorsqu'il s'agit de belles-lettres,
votre suffrage en vaut mille, puisque c'est vous qui
déposez la pierre blanche, la pierre de salut. Or, c'est là
surtout ce qui me rassure en ce moment, où la témérité de
ma démarche m'inspire une juste frayeur. Mais ce qui, par
Jupiter, me donne encore quelque confiance, c'est que je
ne vous sais point tout à fait étranger. J'ai pris naissance
dans une ville sur laquelle se sont répandus vos bienfaits,
privés d'abord, puis publics et communs à toute la nation.
Par conséquent si, après mon discours, les suffrages me
sont défavorables, et si les mauvais l'emportent sur les
bons, ajoutez-y celui de Minerve, suppléez à ce qui
peut me manquer, et considérez comme un service de
votre fonction le succès que vous m'aurez fait obtenir.
|