[9] Ἐπεὶ τοίνυν ἔξεστιν, καὶ τοῦ μὲν ἐγκαλεῖν
μόνου ὁ πατὴρ κύριος, τοῦ κρῖναι δὲ εἰ εὔλογα
αἰτιᾶται ὑμεῖς οἱ δικάζοντες, αὐτὸ μὲν ὅ μοι
ἐπιφέρει καὶ ἐφ´ ᾧ νῦν ἀγανακτεῖ μηδέπω σκοπεῖτε,
πρότερον δὲ ἐκεῖνο ἐξετάσατε, εἰ ἔτι δοτέον
ἀποκηρύττειν αὐτῷ ἅπαξ ἀποκηρύξαντι καὶ χρησαμένῳ
τῇ παρὰ τοῦ νόμου ἐξουσίᾳ καὶ ἀποπληρώσαντι
τὴν πατρικὴν ταύτην δυναστείαν, εἶτ´
αὖθις ἀναλαβόντι καὶ λύσαντι τὴν ἀποκήρυξιν.
ἐγὼ μὲν γὰρ ἀδικώτατον εἶναί φημι τὸ τοιοῦτον,
ἀπεράντους γίνεσθαι καὶ τῶν παίδων τὰς
τιμωρίας καὶ πολλὰς τὰς καταδίκας καὶ τὸν
φόβον ἀΐδιον καὶ τὸν νόμον ἄρτι μὲν συνοργίζεσθαι,
μετὰ μικρὸν δὲ λύεσθαι, καὶ πάλιν ὁμοίως
ἰσχυρὸν εἶναι, καὶ ὅλως ἄνω καὶ κάτω στρέφεσθαι
τὰ δίκαια πρὸς τὸ ἐπὶ καιροῦ δοκοῦν πατράσιν.
ἀλλὰ τὸ μὲν πρῶτον ἄξιον ἐφιέναι καὶ ἀγανακτοῦντι
συναγανακτεῖν καὶ κύριον τῆς τιμωρίας
ποιεῖν τὸν γεγεννηκότα· ἢν δὲ ἅπαξ ἀναλώσῃ
τὴν ἐξουσίαν καὶ καταχρήσηται τῷ νόμῳ καὶ
ἐμπλησθῇ τῆς ὀργῆς, εἶτα μετὰ ταῦτα ἀναλάβῃ,
χρηστὸν εἶναι μεταπεισθείς, ἐπὶ τούτων ἀνάγκη
μένειν καὶ μηκέτι μεταπηδᾶν μηδὲ μεταβουλεύεσθαι
μηδὲ μεταποιεῖν τὴν κρίσιν.
Τοῦ μὲν γὰρ τὸν γεννηθέντα πονηρὸν ἢ χρηστὸν
ἀποβήσεσθαι οὐδέν, οἶμαι, γνώρισμα ἦν, καὶ διὰ
τοῦτο τοὺς ἀναξίους τοῦ γένους παραιτεῖσθαι
συγκεχώρηται τοῖς ὅτε ἠγνόουν ἀναθρεψαμένοις.
| [9] Puisque la loi n'accorde au père que le pouvoir de porter devant vous
l'accusation, et qu'elle vous laisse souverains maîtres de décider s'il a
le bon droit de son côté, ne considérez en ce moment ni le grief qu'il me
reproche, ni les motifs de sa colère ; commencez par rechercher s'il a le
droit de me déshériter encore, après l'avoir fait une fois déjà, en usant
du bénéfice de la loi et des privilèges de la puissance paternelle, dont
il s'est fait fort ensuite pour annuler l'exhérédation. Or, je dis que ce
serait le comble de l'injustice, si les châtiments des fils n'avaient pas
de terme, s'ils étaient soumis à des condamnations illimitées, à une
terreur perpétuelle, si la loi tantôt secondait le courroux du chef de
famille, tantôt faiblissait avec lui, pour reprendre bientôt après sa
première force, en un mot, si l'on confondait tous les principes d'équité,
pour les faire plier à la volonté momentanée des pères. Il est juste de
leur venir une première fois en aide, de partager leur indignation,
d'accorder le droit de punir à celui qui a donné la vie ; mais quand il a
usé de cette puissance que la loi lui confère, quand il a satisfait son
ressentiment, si, par la suite, il se ravise, convaincu que son fils est
sans reproche, il doit s'en tenir à ce dernier parti ; il ne lui est plus
permis de changer d'opinion, de prendre une décision nouvelle et de se
dégager. En effet, comme on ne peut connaître, je pense, à des signes
certains, si l'enfant qui vient de naître sera bon ou mauvais, on accorde
aux pères le pouvoir de rejeter de leurs familles, s'ils s'en montraient
indignes ; ceux que d'abord ils avaient élevés, sans savoir ce qu'ils
deviendraient un jour.
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