[30] Ἐπεὶ καὶ τῆς μανίας αὐτῆς μυρία εἴδη ἐστὶν καὶ
παμπόλλας ἔχει τὰς αἰτίας καὶ οὐδὲ τὰς προσηγορίας
αὐτὰς ὁμοίας· οὐ γὰρ ταὐτὸν παρανοεῖν καὶ
παραπαίειν καὶ λυττᾶν καὶ μεμηνέναι, ἀλλὰ ταῦτα
πάντα τοῦ μᾶλλον ἢ ἧττον ἔχεσθαι τῇ νόσῳ ὀνόματά
ἐστιν. αἰτίαι τε τοῖς μὲν ἀνδράσιν ἄλλαι, ταῖς δὲ
γυναιξὶν ἕτεραι, καὶ τῶν ἀνδρῶν αὐτῶν τοῖς μὲν νέοις
ἄλλαι, τοῖς δὲ γεγηρακόσιν διάφοροι, οἷον νέοις
μὲν πλῆθος ὡς τὸ πολύ, γέροντας δὲ καὶ διαβολὴ
ἄκαιρος καὶ ὀργὴ ἄλογος πολλάκις κατ´ οἰκείων
ἐμπεσοῦσα τὸ μὲν πρῶτον διετάραξεν, εἶτα κατ´
ὀλίγον ἐς μανίαν περιέτρεψεν. γυναικῶν δὲ πολλὰ
καθικνεῖται καὶ ῥᾳδίως ἐς τὴν νόσον ἐπάγεται,
μάλιστα δὲ μῖσος κατά τινος πολὺ ἢ φθόνος ἐπ´
ἐχθρῷ εὐτυχοῦντι ἢ λύπη τις ἢ ὀργή· κατ´ ὀλίγον
ταῦτα ὑποτυφόμενα καὶ μακρῷ χρόνῳ ἐντρεφόμενα
μανίαν ἀποτελεῖ.
| [30] Il y a mille espèces de démence : elles tiennent à des causes
innombrables et prennent différents noms ; il y a une différence entre la
déraison, le délire, la folie, le transport furieux, et cependant ce sont
toutes désignations de la même affection à des degrés plus ou moins
graves. Les causes qui les produisent ne sont pas les mêmes chez les
hommes que chez les femmes ; et, parmi les hommes, elles ne sont pas les
mêmes chez les jeunes gens que chez les vieillards. Ainsi, chez les jeunes
gens, c'est un effet de pléthore ; quant aux vieillards, il suffit d'un
faux rapport, fait à contre-temps, d'une colère qui les transporte contre
les gens de leur famille, pour les mettre hors d'eux-mêmes et les
précipiter ensuite dans la démence. Les femmes ont mille sujets qui les
tourmentent et les conduisent à cette maladie : c'est une haine, une
jalousie contre un ennemi heureux, un chagrin, un accès de colère ; ces
passions couvent, pour ainsi dire, sous les cendres, elles se nourrissent
pendant un long temps, et produisent enfin la folie.
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