[19] Οὐκ ἔστι ταῦτα, οὐκ ἔστιν ὡς θέλεις· κακῶς
ἑρμηνεύεις, ὦ πάτερ, καλῶς κειμένους τοὺς
νόμους. οὐ πολεμεῖ φύσις καὶ νόμος ἐν ταῖς
εὐνοίαις, ἀλλ´ ἀκολουθοῦσιν ἀλλήλοις ἐνταῦθα καὶ
συναγωνίζονται τῇ λύσει τῶν ἀδικημάτων. ὑβρίζεις
τὸν εὐεργέτην, ἀδικεῖς τὴν φύσιν. τί καὶ
τοὺς νόμους συναδικεῖς τῇ φύσει; οὓς καλοὺς
καὶ δικαίους καὶ φιλόπαιδας εἶναι θέλοντας οὐ
συγχωρεῖς, καθ´ ἑνὸς παιδὸς ὡς κατὰ πολλῶν
κινῶν πολλάκις καὶ ἡσυχάζειν οὐκ ἐῶν ἐν ταῖς
τιμωρίαις τοὺς ἐν ταῖς τῶν παίδων πρὸς τοὺς
πατέρας εὐνοίαις ἡσυχάζειν ἐθέλοντας, καίτοι
γε ἐπὶ τοῖς μηδὲν ἡμαρτηκόσιν μηδὲ κειμένους.
καὶ μὴν οἵ γε νόμοι καὶ ἀχαριστίας δικάζεσθαι
διδόασιν κατὰ τῶν τοὺς εὐεργέτας μὴ ἀντευποιούντων.
ὁ δὲ πρὸς τῷ μὴ ἀμείβεσθαι καὶ ἐπ´
αὐτοῖς οἷς πέπονθε κολάζειν ἀξιῶν, σκέψασθε
εἴ τινα ὑπερβολὴν ἀδικίας ἀπολέλοιπεν.
Ὡς μὲν οὖν οὔτε ἀποκηρύττειν ἔτι τούτῳ
ἔξεστιν ἅπαξ ἤδη τὴν πατρικὴν ἐξουσίαν ἀποπληρώσαντι
καὶ χρησαμένῳ τοῖς νόμοις, οὔτε ἄλλως
δίκαιον εὐεργέτην ἐς τὰ τηλικαῦτα γεγενημένον
ἀπωθεῖσθαι καὶ τῆς οἰκίας παραιτεῖσθαι, ἱκανῶς,
οἶμαι, δέδεικται.
| [19] Non, non ; les choses ne sont point telles que vous le prétendez !
Vous interprétez mal, mon père, les lois établies : la nature et la loi ne
sont point en contradiction, quand il s'agit de tendresse : au contraire,
l'une est une conséquence de l'autre, et elles se prêtent un mutuel
secours contre l'injustice. Mais vous, vous outragez votre bienfaiteur,
vous blessez la nature ; et de plus, en manquant à la nature, vous
insultez vous-même à la loi. Les lois sont bonnes et justes, elles
garantissent les droits des enfants ; et vous ne voulez pas qu'il en soit
ainsi ! Vous les invoquez à chaque instant contre un fils comme contre
plusieurs rebelles ; vous exigez qu'elles répriment sans cesse, elles qui
veulent, au contraire, se montrer douces dans les rapports affectueux des
pères et des enfants. Et pourtant il n'y a point de lois établies contre
ceux qui n'ont commis aucune faute. Seulement, il y en a qui autorisent à
accuser d'ingratitude quiconque n'oblige pas à son tour ses bienfaiteurs.
Or, mon père, loin de reconnaître les services que je lui ai rendus, veut
en ce jour me punir de mes bienfaits : voyez s'il est possible de pousser
plus loin l'injustice ! Je dis donc qu'il ne lui est plus possible de me
déshériter, puisqu'il a usé une fois, dans toute leur plénitude, des
droits de la puissance paternelle, et du bénéfice que la loi lui confère ;
et d'autre part, je crois avoir démontré combien il serait injuste de
chasser, d'exclure de la maison paternelle le fils qui lui a rendu d'aussi
grands services.
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