HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Le fils déshérité

Paragraphe 18

  Paragraphe 18

[18] Τὸν οὖν ταῦτα πάντα ὑπομεμενηκότα καὶ οὕτω χαλεπῷ νοσήματι προσπαλαίσαντα καὶ πάθος ἁπάντων παθῶν τὸ δυσαλωτότατον νενικηκότα ἔτι τούτῳ ἀποκηρύττειν ἐπιτρέψετε, καὶ τοὺς νόμους ὡς βούλεται ἑρμηνεύειν κατ´ εὐεργέτου συγχωρήσετε, καὶ τῇ φύσει πολεμεῖν αὐτὸν ἐάσετε; Ἐγὼ τῇ φύσει πειθόμενος, ἄνδρες δικασταί, σώζω καὶ διαφυλάττω τὸν πατέρα ἐμαυτῷ κἂν ἀδικῇ· οὑτοσὶ δὲ τὸν εὐεργετηκότα παῖδα τοῖς νόμοις, ὥς φησιν, ἀκολουθῶν διαφθείρει καὶ τοῦ γένους ἀποστερεῖ. μισόπαις οὗτος, ἐγὼ φιλοπάτωρ γίγνομαι. ἐγὼ τὴν φύσιν ἀσπάζομαι, οὗτος τὰ τῆς φύσεως παρορᾷ καὶ καθυβρίζει δίκαια. πατρὸς μισοῦντος ἀδίκως· παιδὸς φιλοῦντος ἀδικώτερον. ἐγκαλῶ γὰρ ἐμαυτῷ, τοῦ πατρὸς ἀναγκάζοντος, ὅτι μισούμενος οὐ δέον φιλῶ καὶ φιλῶ πλέον προσῆκεν. καίτοι γε φύσις τοῖς πατράσιν τοὺς παῖδας μᾶλλον τοῖς παισὶν τοὺς πατέρας ἐπιτάττει φιλεῖν. ἀλλ´ οὗτος ἑκὼν καὶ τοὺς νόμους παρορᾷ, οἳ τοὺς οὐδὲν ἠδικηκότας παῖδας τῷ γένει φυλάττουσιν, καὶ τὴν φύσιν, τοὺς γεννήσαντας ἕλκει πρὸς πόθον τῶν γεγεννημένων πολύν. οὐχ ὅπως μείζους ἀρχὰς εὐνοίας ἔχων πρὸς ἐμὲ μείζονα τὰ δίκαιά μοι τῆς εὐνοίας ἐσφέρει καὶ ἐπιδίδωσιν, τό γε ἔλαττον ἐμὲ μιμεῖται καὶ ζηλοῖ τοῦ φίλτρου· ἀλλ´, οἴμοι τῆς συμφορᾶς, προσέτι καὶ μισεῖ φιλοῦντα καὶ ἀγαπῶντα ἐλαύνει καὶ εὐεργετοῦντα ἀδικεῖ καὶ ἀσπαζόμενον ἀποκηρύττει, καὶ τοὺς φιλόπαιδας νόμους ὡς μισόπαιδας κατ´ ἐμοῦ μεταχειρίζεται. μάχης ἣν ἐσάγεις, πάτερ, τοῖς νόμοις κατὰ τῆς φύσεως. [18] Eh bien ! celui qui a passé par toutes ces épreuves, qui a lutté contre un mal si terrible, qui a triomphé de la plus invincible maladie, souffrirez-vous qu'on le déshérite ? Permettrez-vous qu'un père interprète les lois à son gré, pour agir contre son bienfaiteur ? Le laisserez-vous outrager la nature ? Moi, docile à sa voix, je sauve, je guéris mon père, malgré ses injustices ; et lui, juges, si vous l'y autorisez, il va perdre pour obéir aux lois, comme il le prétend, ce fils qui lui a rendu un si grand service ; il va le priver des droits que lui confère sa naissance ; il va se montrer ennemi de son enfant, tandis que j'ai prouvé combien j'aime mon père. Oui, je respecte la nature, et lui, il la foule aux pieds ; il se rit de la justice. O père emporté par une coupable haine ! ô fils entraîné par une tendresse plus coupable encore ! car il faut bien que je m'accuse, mon père m’y contraint ; j'ai tort d'aimer, moi qu'on déteste, j'ai tort d'aimer plus qu'il ne m'est permis : et pourtant la nature exige que les pères aiment leurs fils, plutôt que les fils leurs pères. Mais celui-ci ne se fait aucun scrupule de mépriser les lois, qui conservent aux enfants sans reproches leurs droits de famille, et la nature, qui entraîne irrésistiblement tous les êtres vers ceux auxquels ils ont donné la vie ; et, quoiqu'il ait les plus grands motifs de bienveillance à mon égard, il s'en faut bien qu'il me témoigne toute l'affection, toute la tendresse que réclamerait l'équité. Ah ! du moins qu'il imite mon exemple, qu'il me rende amitié pour amitié. Mais ; ô malheur ! il déteste celui qui l'aime, il chasse de sa maison, celui qui le chérit, il se montre injuste envers son bienfaiteur, il déshérite un fils respectueux ; et les lois, amies des enfants, il les tourne contre moi comme des ennemies. Quel combat, ô mon père, provoquez-vous entre les lois et la nature !


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site de Philippe Remacle |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 14/11/2007