[12] Ἐγὼ μὲν οὐδ´ εἰ μὴ φύσει παῖς ἦν, θέμενος
δὲ ἀποκηρύττειν ἤθελες, ἐξεῖναι ἄν σοι ᾠόμην·
ὃ γὰρ τὴν ἀρχὴν μὴ ποιεῖν δυνατὸν ἦν, τοῦτ´
ἄδικον λύειν ἅπαξ γενόμενον. τὸν δὲ καὶ φύσει
καὶ αὖθις προαιρέσει καὶ γνώμῃ ἐσπεποιημένον,
πῶς εὔλογον αὖθις ἀπωθεῖσθαι καὶ πολλάκις τῆς
μιᾶς οἰκειότητος ἀποστερεῖν; εἰ δ´ οἰκέτης ὢν
ἐτύγχανον, καὶ τὸ μὲν πρῶτον πονηρὸν οἰόμενος
ἐπέδησας, μεταπεισθεὶς δὲ ὡς οὐδὲν ἠδίκουν
ἐλεύθερον ἀφῆκας εἶναι, ἆρ´ ἄν σοι πρὸς καιρὸν
ὀργισθέντι αὖθις ἐξῆν ἐς τὴν ὁμοίαν δουλείαν
ἐπανάγειν; οὐδαμῶς. τὰ γὰρ τοιαῦτα βέβαια καὶ
διὰ παντὸς κύρια ὑπάρχειν οἱ νόμοι ἀξιοῦσιν.
Ὑπὲρ μὲν οὖν τοῦ μηκέτι ἐξεῖναι τούτῳ ἀποκηρύττειν
ὃν ἅπαξ ἀποκηρύξας ἑκὼν ἀνέλαβεν
ἔτι πολλὰ εἰπεῖν ἔχων ὅμως παύσομαι.
| [12] Si ce n'était point la nature, mais l'adoption qui m'eût fait votre
fils, vous voudriez en vain me déshériter ; je ne crois pas que la loi
vous en donnât le droit : car une chose que, dans le principe, on était
libre de ne pas faire, on ne peut, sans injustice, l'annuler une fois
faite. Moi qui suis doublement votre fils, et par la nature, et par votre
choix volontaire, est-il raisonnable que je sois de nouveau expulsé de
votre maison et privé à plusieurs reprises de mes droits de famille ? Si
j'étais votre esclave, et que, convaincu de ma perversité, vous me fissiez
mettre aux fers, et qu'ensuite, changeant d'avis, vous m'affranchissiez,
en reconnaissant que je ne vous ai causé aucun préjudice, serait-il permis
quelque jour à votre colère de me faire rentrer dans mon ancien esclavage ?
Non, certes : les lois veulent que de pareilles décisions soient fixes
et invariables. Pour prouver que mon père ne peut plus avoir le droit de
déshériter le fils auquel il a déjà infligé ce châtiment, et qu'il a
volontairement rappelé, je pourrais faire valoir encore beaucoup d'autres
motifs, mais je m'en tiendrai là.
|