[11] Μὴ δή, πρὸς Διός, ὦ ἄνδρες δικασταί, συγχωρήσητε
αὐτῷ ἑκούσιον τὴν ἀνάληψιν πεποιημένῳ
καὶ λύσαντι τὴν γνῶσιν τοῦ πάλαι δικαστηρίου
καὶ ἀκυρώσαντι τὴν ὀργὴν αὖθις τὴν αὐτὴν
τιμωρίαν ἀνακαλεῖν καὶ ἐπὶ τὴν ἐξουσίαν τὴν
πατρικὴν ἀνατρέχειν, ἧς ἔξωρος ἤδη καὶ ἕωλος
ἡ προθεσμία καὶ μόνῳ τούτῳ ἄκυρος καὶ προδεδαπανημένη.
ὁρᾶτε γάρ που καὶ ἐν τοῖς ἄλλοις
δικαστηρίοις ὡς ἀπὸ μὲν τῶν κλήρῳ λαχόντων
δικαστῶν, ἤν τις ἄδικον οἴηται γεγενῆσθαι τὴν
κρίσιν, δίδωσιν ὁ νόμος ἐς ἕτερον ἐφεῖναι δικαστήριον·
ἢν δέ τινες ἑκόντες αὐτοὶ σύνθωνται δικαστὰς
καὶ προελόμενοι ἐπιτρέψωσιν διαιτᾶν, οὐκέτι.
οἷς γὰρ ἐξῆν μηδὲ τὴν ἀρχὴν ἐμμένειν, εἰ τούτους
τις αὐθαίρετος εἵλετο, στέργειν ἐστὶ δίκαιος τοῖς
ἐγνωσμένοις. οὕτω δὴ καὶ σύ, ὃν ἐξῆν μηκέτ´
ἀναλαμβάνειν εἰ ἀνάξιος ἐδόκει τοῦ γένους,
τοῦτον εἰ χρηστὸν ἡγησάμενος εἶναι πάλιν ἀνείληφας,
οὐκέτ´ ἀποκηρύττειν ἕξεις· ὅτι γὰρ οὐκ
ἄξιος αὖθις παθεῖν ταῦτα, ὑπ´ αὐτοῦ σοῦ μεμαρτύρηται
καὶ χρηστὸς ἤδη ἀνωμολόγηται. ἀμετανόητον
οὖν τὴν ἀνάληψιν καὶ τὴν διαλλαγὴν βέβαιον
εἶναι προσήκει μετὰ κρίσιν οὕτω πολλὴν καὶ δύο
δικαστήρια, ἓν μὲν τὸ πρῶτον, ἐφ´ οὗ παρῃτήσω,
δεύτερον δὲ τὸ σόν, ὅτε μετεβουλεύσω καὶ ἀνάδαστον
ἐποίησας· τὰ πρότερον ἐγνωσμένα λύσας
βεβαιοῖς τὰ μετ´ ἐκεῖνα βεβουλευμένα. μένε
τοίνυν ἐπὶ τῶν τελευταίων καὶ φύλαττε τὴν σαυτοῦ
κρίσιν· πατέρα σε εἶναι δεῖ· τοῦτο γὰρ ἔδοξέ
σοι, τοῦτ´ ἐδοκίμασας, τοῦτ´ ἐκύρωσας.
| [11] Ne souffrez pas, juges, je vous en conjure au nom de Jupiter, qu'après
m'avoir rappelé de son plein gré dans ma famille, après avoir annulé
l'effet du premier jugement et rétracté sa colère, mon père m'impose une
seconde fois la même peine, recoure à son autorité, dont le terme est
passé depuis longtemps ; contre laquelle la prescription est acquise, et
qui est épuisée et dépensée par son emploi même. Vous voyez comment, dans
les autres jugements soumis à des juges désignés par le sort, si l'on
croit qu'il y a eu quelque injustice de leur part, la loi accorde
d'interjeter appel devant un autre tribunal. Mais si l'on s'est entendu
pour prendre tels juges, si l'on a promis de s'en remettre à leur
décision, le jugement est sans appel. En effet, dans le principe, on avait
tout pouvoir de récuser les juges ; mais, du moment que nous les avons
choisis, il est juste que nous nous en tenions à leur sentence. De même,
vous étiez libre de ne pas reprendre dans votre famille un fils que vous
en croyiez indigne ; mais si, l'ayant reconnu vertueux, vous l'avez
rappelé auprès de vous, il ne vous est plus permis de le déshériter. Vous
avez attesté par votre propre témoignage qu'il ne méritait pas une si
grave punition ; vous avez confessé qu'il était homme de bien : par
conséquent, vous ne pouvez vous repentir de l'avoir rappelé, votre
réconciliation doit être durable, surtout après une si longue
délibération, après la décision de deux tribunaux, suivant l'une
desquelles vous m'avez chassé, tandis que l'autre, suggérée par votre
propre cœur, a déclaré nul l'effet de la première. En rétractant la
première sentence, vous avez confirmé la seconde : tenez-vous-en à
celle-ci, demeurez fidèle à votre propre jugement : soyez père ; vous
l'avez voulu ; vous y avez consenti, vous vous en êtes imposé la loi.
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