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[5] (ΖΕΥΣ)
Δεινὰ ταῦτα, ὦ θύγατερ. ἀλλὰ τί μάλιστα ἠδικήκασί σε;
(ΦΙΛΟΣΟΦΙΑ)
Σκόπει, ὦ πάτερ, εἰ μικρά. σὺ γὰρ κατιδὼν
τὸν βίον ἀδικίας καὶ παρανομίας μεστὸν ἅτε
ἀμαθίᾳ καὶ ὕβρει ξυνόντα καὶ ταραττόμενον ὑπ´
αὐτῶν, κατελεήσας τὸ ἀνθρώπειον ὑπὸ τῇ ἀγνοίᾳ
ἐλαυνόμενον ἐμὲ κατέπεμψας, ἐντειλάμενος ἐπιμεληθῆναι
ὡς παύσαιντο μὲν ἀδικοῦντες ἀλλήλους
καὶ βιαζόμενοι καὶ ὅμοια τοῖς θηρίοις βιοῦντες,
ἀναβλέψαντες δὲ πρὸς τὴν ἀλήθειαν εἰρηνικώτερον
ξυμπολιτεύοιντο. ἔφης γοῦν πρός με καταπέμπων,
"Ἃ μὲν πράττουσιν οἱ ἄνθρωποι καὶ ὡς διάκεινται
ὑπὸ τῆς ἀμαθίας, ὦ θύγατερ, καὶ αὐτὴ ὁρᾷς·
ἐγὼ δέ (ἐλεῶ γὰρ αὐτούς) σέ, ἣν μόνην ἰάσασθαι
ἂν τὰ γιγνόμενα οἶμαι, προκρίνας ἐξ ἁπάντων
ἡμῶν πέμπω ἰασομένην."
| [5] (ZEUS)
Cela est grave, ma fille. Mais en quoi consiste au
juste le tort qu'ils t'ont fait?
(LA PHILOSOPHIE)
Juge, mon père, si le tort est léger. C'est toi qui, voyant
le monde rempli d'injustice et de crimes, dus à l'ignorance
et à la violence qui le dominaient et le troublaient,
as pris en pitié le genre humain en butte à l'erreur,
et tu m'as envoyé sur la terre en me recommandant
d'employer tous mes soins à faire cesser les injustices
et les violences dont ils usaient les uns envers les autres
et à les retirer de la vie sauvage qu'ils menaient, pour
tourner leurs yeux vers la vérité et les faire vivre entre
eux d'une manière plus pacifique. « Tu vois, ma fille, me
dis-tu en m'envoyant sur la terre, ce que font les hommes
et à quelle condition les réduit l'ignorance. Or, j'ai pitié
d'eux et je t'ai choisie entre nous tous, comme étant
la seule capable d'apporter un remède à leurs maux, et
je t'envoie chez eux pour les guérir. »
| [6] (ΖΕΥΣ)
Οἶδα πολλὰ καὶ ταῦτα εἰπὼν τότε. σὺ δὲ
τὰ μετὰ ταῦτα ἤδη λέγε, ὅπως μὲν ὑπεδέξαντό σε
καταπταμένην τὸ πρῶτον, ἅτινα δὲ νῦν ὑπ´
αὐτῶν πέπονθας.
(ΦΙΛΟΣΟΦΙΑ)
Ἦιξα μέν, ὦ πάτερ, οὐκ ἐπὶ τοὺς Ἕλληνας
εὐθύς, ἀλλ´ ὅπερ ἐδόκει μοι χαλεπώτερον τοῦ
ἔργου εἶναι, τὸ βαρβάρους παιδεύειν καὶ διδάσκειν,
τοῦτο πρῶτον ἠξίουν ἐργάσασθαι· τὸ Ἑλληνικὸν
δὲ εἴων ὡς ῥᾷστα ὑποβαλέσθαι οἷόν τε καὶ τάχιστα,
ὥς γε ᾤμην, ἐνδεξόμενον τὸν χαλινὸν καὶ ὑπαχθησόμενον
τῷ ζυγῷ. ὁρμήσασα δὲ εἰς Ἰνδοὺς τὸ
πρῶτον, ἔθνος μέγιστον τῶν ἐν τῷ βίῳ, οὐ χαλεπῶς
ἔπεισα καταβάντας ἀπὸ τῶν ἐλεφάντων ἐμοὶ
συνεῖναι, ὥστε καὶ γένος ὅλον, οἱ Βραχμᾶνες,
τοῖς Νεχραίοις καὶ Ὀξυδράκαις ὅμορον, οὗτοι
πάντες ὑπ´ ἐμοὶ τάττονται καὶ βιοῦσίν τε κατὰ
τὰ ἡμῖν δοκοῦντα, τιμώμενοι πρὸς τῶν περιοίκων
ἁπάντων, καὶ ἀποθνήσκουσι παράδοξόν τινα τοῦ
θανάτου τρόπον.
| [6] (ZEUS)
Je me rappelle t'avoir dit cela et d'autres choses
encore. Mais toi, dis-moi à présent comment ils te reçurent
la première fois que tu descendis chez eux et comment ils
te traitent aujourd'hui.
(LA PHILOSOPHIE)
Ce n'est pas chez les Grecs, mon père, que je m'élançai
d'abord. C'est par la partie de ma tâche qui me paraissait
la plus difficile, par l'instruction et l'éducation des barbares,
que je jugeai à propos de commencer. Je laissai
donc de côté les Grecs, pensant qu'ils étaient les plus
faciles à dompter et les plus disposés à recevoir le frein
et à se plier au joug, et je me rendis d'abord chez les
Indiens, la plus grande nation du monde, et je les persuadai
sans peine de descendre de leurs éléphants pour
s'entretenir avec moi, et aujourd'hui une nation entière,
celle des Brachmanes, voisins des Nékhréens et des
Oxydraques, est rangée sous mes enseignes et vit selon mes
lois. Ils sont révérés de tous les peuples d'alentour et terminent
leurs jours par un genre de mort tout à fait extraordinaire.
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