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[19] ἃ μὲν γὰρ ἐν τοῖς συμποσίοις δρῶσιν καὶ ἃ μεθύσκονται,
μακρὸν ἂν εἴη λέγειν. καὶ ταῦτα ποιοῦσι
πῶς οἴει κατηγοροῦντες αὐτοὶ μέθης καὶ μοιχείας
καὶ λαγνείας καὶ φιλαργυρίας· οὐδὲν γοῦν οὕτως
εὕροις ἂν ἄλλο ἄλλῳ ἐναντίον ὡς τοὺς λόγους
αὐτῶν καὶ τὰ ἔργα. οἷον κολακείαν μισεῖν φασιν,
κολακείας ἕνεκα τὸν Γναθωνίδην ἢ τὸν Στρουθίαν
ὑπερβαλέσθαι δυνάμενοι. ἀληθεύειν τοὺς ἄλλους
προτρέποντες, οὐκ ἂν οὐδὲ κινῆσαι τὴν
γλῶτταν μὴ μετὰ τοῦ καὶ ψεύσασθαι δύναιντο.
ἡδονὴ πᾶσιν ἐχθρὸν τῷ λόγῳ καὶ ὁ Ἐπίκουρος
πολέμιος, ἔργῳ δὲ διὰ ταύτην ἅπαντα πράττουσιν.
τὸ δ´ ὀξύχολον καὶ μικραίτιον καὶ πρὸς ὀργὴν
ῥᾴδιον ὑπὲρ τὰ βρεφύλλια τὰ νεογνά· γέλωτα
γοῦν οὐ μικρὸν παρέχουσι τοῖς θεωμένοις, ὁπόταν
ὑπὸ τῆς τυχούσης αἰτίας ἐπιζέσῃ μὲν αὐτοῖς ἡ
χολή, πελιδνοὶ δὲ τὴν χροιὰν βλέπωνται, ἰταμόν
τι καὶ παράφορον δεδορκότες, καὶ ἀφροῦ, μᾶλλον
δὲ ἰοῦ, μεστὸν αὐτοῖς ᾖ τὸ στόμα.
| [19] Quant à la manière dont ils se conduisent dans
les banquets et dont ils s'enivrent, il serait trop long
d'en parler. Et en se comportant ainsi, le croirait-on?
ils déclament eux-mêmes contre l'ivresse, l'adultère, le
libertinage et l'avarice. On ne saurait trouver deux
choses aussi contradictoires que leurs paroles et leurs
actions. Ils assurent, par exemple, qu'ils détestent la
flatterie, et comme flatteurs, ils sont capables de surpasser
les Gnathonidès et les Strouthias. Ils exhortent les
autres à dire la vérité, et ils ne peuvent pas remuer la
langue sans proférer un mensonge. A les entendre, ils
haïssent tous le plaisir et tiennent Épicure pour un
ennemi; en réalité, ils ne font rien que pour le plaisir.
Ils sont bilieux, se plaignent pour rien et se laissent aller
à la colère, plus même que des enfants nouveau-nés.
Aussi n'est-ce pas un médiocre sujet de risée de les voir
quand leur bile bouillonne pour le plus futile motif : ils
deviennent livides, ils vous regardent avec des yeux
impudents et hagards, et leur bouche se remplit d'écume
ou plutôt de venin.
| [20] Μὴ σύ γε κεῖθι τύχοις, ὅτε ὁ μιαρὸς ἐκεῖνος
ἐκχεῖται βόρβορος, "Χρυσίον μὲν ἢ ἀργύριον,
Ἡράκλεις, οὐδὲ κεκτῆσθαι ἀξιῶ· ὀβολὸς ἱκανός,
ὡς θέρμους πριαίμην· ποτὸν γὰρ ἢ κρήνη ἢ ποταμὸς
παρέξει." καὶ μετ´ ὀλίγον αἰτοῦσιν οὐκ
ὀβολοὺς οὐδὲ δραχμὰς ὀλίγας, ἀλλὰ πλούτους
ὅλους, ὥστε τίς ἔμπορος τοσοῦτον ἀπὸ τοῦ φόρτου
ἐμπολήσειεν ἂν ὅσον τούτοις φιλοσοφία ἐς χρηματισμὸν
συντελεῖ; εἶτ´ ἐπειδὰν ἱκανῶς συλλέξωνται
καὶ ἐπισιτίσωνται, ἀπορρίψαντες ἐκεῖνο τὸ
δύστηνον τριβώνιον ἀγροὺς ἐνίοτε καὶ ἐσθῆτας τῶν
μαλθακῶν ἐπρίαντο καὶ παῖδας κομήτας καὶ
συνοικίας ὅλας, μακρὰ χαίρειν φράσαντες τῇ
πήρᾳ τῇ Κράτητος καὶ τῷ τρίβωνι τῷ Ἀντισθένους
καὶ τῷ πίθῳ τῷ Διογένους.
| [20] Tâchez de ne pas vous trouver là,
quand cette fange impure se répand au dehors. « De
l'or ou de l'argent, disent-ils, par Hèraclès, je suis loin
de vouloir en posséder; une obole me suffit pour acheter
des lupins, et quant à la boisson, une source ou la rivière
m'en fournira. » Et un instant après, ils demandent, non
des oboles, ni quelques drachmes, mais des trésors
entiers. Il n'est point de marchand qui tire de sa cargaison
autant d'argent que la philosophie en rapporte à
ces gens-là. Puis, lorsqu'ils ont suffisamment amassé et
fait leurs provisions, ils jettent loin d'eux ce misérable
manteau, ils achètent parfois des campagnes, des habits
moelleux, des esclaves à longs cheveux, des pâtés de
maisons et disent un long adieu à la besace de Cratès,
au manteau d'Antisthène et au tonneau de Diogène.
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