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[4] Τὸ δὲ δὴ πάντων ἑρπετῶν δεινότατον ὧν ἡ
ψάμμος τρέφει ἡ διψάς ἐστιν, ὄφις οὐ πάνυ μέγας,
ἐχίδνῃ ὅμοιος, τὸ δῆγμα βίαιος, τὸν ἰὸν παχύς,
ὀδύνας μὲν ἀλήκτους ἐπάγων εὐθύς· ἐκκαίει τε
γὰρ καὶ σήπει καὶ πίμπρασθαι ποιεῖ, καὶ βοῶσιν
ὥσπερ ἐν πυρᾷ κείμενοι. τὸ δὲ μάλιστα καταπονοῦν
καὶ κατατρῦχον αὐτοὺς ἐκεῖνό ἐστιν,
ὁμώνυμον πάθος τῷ ἑρπετῷ. διψῶσι γὰρ εἰς
ὑπερβολήν, καὶ τὸ παραδοξότατον, ὅσῳπερ ἂν
πίνωσι, τοσούτῳ μᾶλλον ὀρέγονται τοῦ ποτοῦ· καὶ
ἡ ἐπιθυμία πολὺ πλέον ἐπιτείνεται αὐτοῖς. οὐδ´
ἂν σβέσειάς ποτε τὸ δίψος, οὐδ´ ἢν τὸν Νεῖλον
αὐτὸν ἢ τὸν Ἴστρον ὅλον ἐκπιεῖν παράσχῃς, ἀλλὰ
προσεκκαύσειας ἐπάρδων τὴν νόσον, ὥσπερ ἂν εἴ
τις ἐλαίῳ πῦρ κατασβεννύοι.
| [4] Mais le plus terrible des reptiles qui habitent ces déserts,
c'est la dipsade, serpent de moyenne grandeur et
semblable à la vipère. Sa morsure est violente ; le poison
qu'elle distille est épais, et il cause à l'instant même des
douleurs que rien ne saurait apaiser. Il brûle, il putréfie, il
allume dans tout le corps une ardeur dévorante ; on crie,
comme si l'on était étendu sur un bûcher. Mais la
souffrance la plus cruelle, la plus poignante, c'est le mal qui
a fait donner le nom au reptile, je veux dire une soif
excessive. Ce qu'il y a d'étrange, c'est que plus les
malheureux boivent, plus ils sont altérés ; leur désir ne fait
que s'accroître davantage. Rien ne peut étancher leur soif,
leur donnât-on à boire le Nil ou l’Ister tout entier ; on
irriterait encore plus le mal qui les dévore ; ce serait
éteindre du feu avec de l'huile.
| [5] λέγουσιν ἰατρῶν παῖδες ἐκείνην τὴν αἰτίαν εἶναι,
παχὺν τὸν ἰὸν ὄντα ἔπειτα δευόμενον τῷ ποτῷ ὀξυκίνητον
γίγνεσθαι, ὑγρότερον ὡς τὸ εἰκὸς καθιστάμενον
καὶ ἐπὶ πλεῖστον διαχεόμενον.
| [5] Les médecins disent, pour expliquer la cause de ce
phénomène, que le venin naturellement épais, étant
détrempé par la boisson, acquiert une plus grande vivacité
en devenant plus liquide, et circule plus rapidement dans
les veines.
| [6] Ἐγὼ μὲν οὖν οὐδένα τοῦτο πεπονθότα εἶδον,
μηδέ, ὦ θεοί, ἴδοιμι οὕτω κολαζόμενον ἄνθρωπον,
ἀλλ´ οὐδὲ ἐπέβην τῆς Λιβύης τὸ παράπαν εὖ
ποιῶν. ἐπίγραμμα δέ τι ἤκουσα, ὅ μοι τῶν
ἑταίρων τις ἔλεγεν αὐτὸς ἐπὶ στήλης ἀνεγνωκέναι
ἀνδρὸς οὕτως ἀποθανόντος. ἐκ Λιβύης ἔφη ἀπιὼν
ἐς Αἴγυπτον παρὰ τὴν μεγάλην Σύρτιν ποιεῖσθαι
τὴν πορείαν· οὐ γὰρ εἶναι ἄλλως. ἔνθα δὴ τάφῳ
ἐντυχεῖν παρὰ τὴν ἠϊόνα ἐπ´ αὐτῷ τῷ κλύσματι,
καὶ στήλην ἐφεστάναι δηλοῦσαν τοῦ ὀλέθρου τὸν
τρόπον· κεκολάφθαι γὰρ ἐπ´ αὐτῇ ἄνθρωπον μέν
τινα οἷον τὸν Τάνταλον γράφουσιν ἐν λίμνῃ ἑστῶτα
καὶ ἀρυόμενον τοῦ ὕδατος, ὡς πίοι δῆθεν, τὸ
θηρίον δὲ—τὴν διψάδα—ἐμπεφυκὸς αὐτῷ περιεσπειρᾶσθαι
τῷ ποδί, καί τινας γυναῖκας ὑδροφορούσας
ἅμα πολλὰς καταχεῖν τὸ ὕδωρ αὐτοῦ· πλησίον
δὲ ᾠὰ κεῖσθαι οἷα τῶν στρουθῶν ἐκείνων οὓς ἔφην
θηρᾶν τοὺς Γαράμαντας· γεγράφθαι δὲ πρὸς
τοὐπίγραμμα—οὐ χεῖρον δὲ καὶ αὐτὸ εἰπεῖν,
Τοῖα παθόντ´ οἶμαι καὶ Τάνταλον αἴθοπος ἰοῦ
μηδαμὰ κοιμῆσαι διψαλέην ὀδύνην.
καὶ Δαναοῖο κόρας τοῖον πίθον οὐκ ἀναπλῆσαι
αἰὲν ἐπαντλούσας ὑδροφόρῳ καμάτῳ.
ἔτι καὶ ἄλλα ἔπη τέτταρά ἐστι περὶ τῶν ᾠῶν, καὶ
ὡς ἀναιρούμενος αὐτὰ ἐδήχθη, ἀλλ´ οὐκέτι μέμνημαι
ἐκείνων.
| [6] Pour moi, je n'ai jamais vu personne endurer cet affreux
supplice ; et je souhaite, grands dieux, de n'y pas voir un
homme condamné. Je n'ai jamais non plus été en Libye, et,
j'ai bien fait. Cependant je connais une inscription qu'un de
mes amis m'a dit avoir lue sur le tombeau d'un infortuné
qui périt dans ces tourments. Cet ami revenait de Libye en
Égypte, et il faisait route le long de la grande Syrte (c'est le
seul chemin), lorsqu'il rencontra sur le rivage un tombeau
baigné par les flots. Il est surmonté d'une colonne sur
laquelle est représenté le genre de mort de celui qu'il
renferme. On y voit gravé un homme, debout, au milieu
d'un lac, dans l'attitude que les peintres donnent à Tantale
; il puise de l'eau pour en boire sans doute. Une dipsade est
attachée à son pied et se roule autour de sa jambe ;
plusieurs femmes apportent de l'eau et la versent sur cet
infortuné. Auprès de lui sont des oeufs de ces autruches
que les Gamarantes, comme je l'ai dit, poursuivent à la
chasse. Voici l'inscription gravée sur la colonne; elle mérite
d'être rapportée :
"Tantale, c'est, je crois, de ce poison horrible,
Que naquit dans ton sein ta soif inextinguible.
Filles de Danaüs,en vain vous puisez l'eau,
Vous ne pouvez remplir un semblable tonneau".
On lit ensuite quatre autres vers, dans lesquels il est parlé
des oeufs, et comment c'est en les prenant que cet homme
fut mordu ; mais je ne me les rappelle plus.
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