HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Sur les dipsades

Pagagraphes 7-9

  Pagagraphes 7-9

[7] Συλλέγουσι δὲ ἄρα τὰ ᾠὰ καὶ ἐσπουδάκασι περὶ αὐτὰ οἱ περίοικοι, οὐχ ὡς φαγεῖν μόνον, ἀλλὰ καὶ σκεύεσι χρῶνται κενώσαντες καὶ ἐκπώματα ποιοῦνται ἀπ´ αὐτῶν· οὐ γὰρ ἔχουσι κεραμεύειν διὰ τὸ ψάμμον εἶναι τὴν γῆν. εἰ δὲ καὶ μεγάλα εὑρεθείη, καὶ πῖλοι γίγνονται δύο ἐκ τοῦ ᾠοῦ ἑκάστου· τὸ γὰρ ἡμίτομον ἑκάτερον ἀποχρῶν τῇ κεφαλῇ πῖλός ἐστιν. [7] Ces oeufs sont recueillis avec un vif empressement par les habitants voisins de ces contrées, non seulement pour les manger, mais pour les vider et en faire des vases et des coupes, très utiles dans un pays sablonneux, où l'on manque d'argile. Lorsqu'ils en trouvent de grands, ils font deux chapeaux d'un seul oeuf ; chacune des deux moitiés, propre à couvrir la tête, forme un chapeau.
[8] ἐκεῖ τοίνυν λοχῶσιν αἱ διψάδες παρὰ τὰ ᾠά, καὶ ἐπειδὰν προσέλθῃ ἄνθρωπος, ἐκ τῆς ψάμμου ἐξερπύσασαι δάκνουσι τὸν κακοδαίμονα· δὲ πάσχει ἐκεῖνα τὰ μικρὸν ἔμπροσθεν εἰρημένα πίνων ἀεὶ καὶ μᾶλλον διψῶν καὶ πιμπλάμενος οὐδέποτε. [8] Les dipsades se placent en embuscade auprès de ces oeufs ; et dès qu'un homme s'approche pour les ramasser, elles s'élancent hors du sable, et mordent ce malheureux, qui, bientôt après, éprouve les tourments dont je viens de parler, et brûle d'une soif que la boisson ne fait qu'accroître, sans jamais l'étancher.
[9] Ταυτὶ οὐ μὰ Δία πρὸς Νίκανδρον τὸν ποιητὴν φιλοτιμούμενος διεξῆλθον, οὐδ´ ὅπως ὑμεῖς μάθοιτε ὡς οὐκ ἀμελὲς γεγένηταί μοι φύσεις τῶν Λιβυκῶν ἑρπετῶν εἰδέναι. ἰατρῶν γὰρ ἂν μᾶλλον ἔπαινος εἴη, οἷς ἀνάγκη εἰδέναι ταῦτα ὡς καὶ ἀμύνασθαι αὐτὰ μετὰ τῆς τέχνης ἔχοιεν. ἀλλά μοι δοκῶκαὶ πρὸς φιλίου μὴ δυσχεράνητε τὴν εἰκόνα θηριώδη οὖσανὅμοιόν τι καὶ αὐτὸς παθεῖν πρὸς ὑμᾶς οἷον ἐκεῖνοι πάσχουσι πρὸς τὸ ποτὸν οἱ δηχθέντες ὑπὸ τῆς διψάδος. ὅσῳ γὰρ ἂν ἐπὶ πλέον παρίω ἐς ὑμᾶς, τοσούτῳ μᾶλλον ὀρέγομαι τοῦ πράγματος, καὶ τὸ δίψος ἄσχετον ὑπεκκαίεταί μοι, καὶ ἔοικα οὐδ´ ἐμπλησεσθαί ποτε τοῦ τοιούτου ποτοῦ. μάλα εἰκότως. ποῦ γὰρ ἂν οὕτω διειδεῖ τε καὶ καθαρῷ ὕδατι ἐντύχοιμι; ὥστε σύγγνωτε εἰ δηχθεὶς καὶ αὐτὸς τὴν ψυχὴν ἡδίστῳ τούτῳ καὶ ὑγιεινοτάτῳ τῷ δήγματι ἐμφοροῦμαι χανδὸν, ὑποθεὶς τῷ κρουνῷ τὴν κεφαλήν. εἴη μόνον μὴ ἐπιλιπεῖν τὰ παρ´ ὑμῶν ἐπιρρέοντα μηδὲ χυθεῖσαν τὴν σπουδὴν τῆς ἀκροάσεως κεχηνότα ἔτι καὶ διψῶντα καταλιπεῖν· ὡς δίψους γε ἕνεκα τοὐμοῦ πρὸς ὑμᾶς οὐδὲν ἂν ἐκώλυε πίνειν ἀεί· κατὰ γὰρ τὸν σοφὸν Πλάτωνα, κόρος οὐδεὶς τῶν καλῶν. [9] Si je vous ai fait ce récit, ne croyez pas, j'en atteste Jupiter, que je veuille rivaliser avec le poète Nicandre, et vous prouver que j'ai soigneusement étudié la nature des reptiles de la Libye. Un pareil éloge conviendrait plutôt à un médecin, obligé par état de connaître les poisons, pour en combattre les effets avec son art. Mais il me semble (par le dieu des amis, ne vous fâchez pas d'une comparaison empruntée à des animaux), il me semble que j'éprouve à votre égard une soif dont brillent ceux qui ont été mordus par la dipsade. Plus je parais devant vous, plus je souhaite d'y paraître. Je me sens, embrasé d'une soif que rien ne peut éteindre, et je crois que nulle boisson ne pourra l'apaiser. Cela n'a rien d'étonnant. Où pourrais-je trouver une onde plus propre et plus limpide ? Pardonnez-moi donc si, mordu jusqu'au fond de l'âme par une dent aimable et salutaire, je bois à longs traits, la tête plongée dans la source ! Puisse seulement le courant qui coule de vous à moi ne jamais tarir ! puisse l'empressement que vous mettez à m'entendre ne pas se tarir en me laissant la bouche ouverte et altérée ! La soif que j'ai de vous m'invitera toujours à boire ; car, comme le dit Platon, on ne se dégoûte jamais de ce qui est beau.


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Dernière mise à jour : 19/05/2009