HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Dialogue des courtisanes

Dialogue 5

  Dialogue 5

[5,0] ΚΛΩΝΑΡΙΟΝ ΚΑΙ ΛΕΑΙΝΑ. [5,0] CLONARIUM ET LÉÉNA.
[5,1] ΚΛΩΝΑΡΙΟΝ. Καινὰ περὶ σοῦ ἀκούομεν, Λέαινα, τὴν Λεσβίαν Μέγιλλαν τὴν πλουσίαν ἐρᾶν σου ὥσπερ ἄνδρα καὶ συνεῖναι ὑμᾶς οὐκ οἶδ´ τι ποιούσας μετ´ ἀλλήλων. τί τοῦτο; ἠρυθρίασας; ἀλλ´ εἰπὲ εἰ ἀληθῆ ταῦτά ἐστιν. ΛΕΑΙΝΑ. Ἀληθῆ, Κλωνάριον· αἰσχύνομαι δέ, ἀλλόκοτον γάρ τί ἐστι. ΚΛΩΝΑΡΙΟΝ. Πρὸς τῆς κουροτρόφου τί τὸ πρᾶγμα, τί βούλεται γυνή; τί δὲ καὶ πράττετε, ὅταν συνῆτε; ὁρᾷς; οὐ φιλεῖς με· οὐ γὰρ ἂν ἀπεκρύπτου τὰ τοιαῦτα. ΛΕΑΙΝΑ. Φιλῶ μέν σε, εἰ καί τινα ἄλλην. γυνὴ δὲ δεινῶς ἀνδρική ἐστιν. [5,1] CLONARIUM. Nous en apprenons de belles sur ton compte, Lééna ! Megilla, cette riche Lesbienne, est, dit-on, éprise de toi, comme un homme, vous vivez ensemble, et il se passe je ne sais quoi entre vous. Voyons ! Tu rougis ! Parle : est-ce vrai ? LÉÉNA. C'est vrai, Clonarium. Mais j'en suis toute confuse. C'est monstrueux ! CLONARIUM. Par Cérès ! Qu'est-ce donc ? Que te veut cette femme ? Que faites-vous lorsque vous êtes ensemble ? Tu ne m'aimes pas, sans quoi tu ne me cacherais rien. LÉÉNA. Je t'aime plus que personne. Mais cette femme a des goûts terriblement masculins.
[5,2] ΚΛΩΝΑΡΙΟΝ Οὐ μανθάνω τι καὶ λέγεις, εἰ μή τις ἑταιρίστρια τυγχάνει οὖσα· τοιαύτας γὰρ ἐν Λέσβῳ λέγουσι γυναῖκας ἀρρενωπούς, ὑπ´ ἀνδρῶν μὲν οὐκ ἐθελούσας αὐτὸ πάσχειν, γυναιξὶ δὲ αὐτὰς πλησιαζούσας ὥσπερ ἄνδρας. ΛΕΑΙΝΑ. Τοιοῦτόν τι. ΚΛΩΝΑΡΙΟΝ. Οὐκοῦν, Λέαινα, τοῦτο αὐτὸ καὶ διήγησαι, ὅπως μὲν ἐπείρα τὸ πρῶτον, ὅπως δὲ καὶ σὺ συνεπείσθης καὶ τὰ μετὰ ταῦτα. ΛΕΑΙΝΑ. Πότον τινὰ συγκροτοῦσα αὐτή τε καὶ Δημώνασσα Κορινθία. πλουτοῦσα δὲ καὶ αὐτὴ καὶ ὁμότεχνος οὖσα τῇ Μεγίλλῃ, παρειλήφει κἀμὲ κιθαρίζειν αὐταῖς· ἐπεὶ δὲ ἐκιθάρισα καὶ ἀωρὶ ἦν καὶ ἔδει καθεύδειν, καὶ ἐμέθυον, Ἄγε δή, ἔφη, Λέαινα, Μέγιλλα, κοιμᾶσθαι γὰρ ἤδη καλόν, ἐνταῦθα κάθευδε μεθ´ ἡμῶν μέση ἀμφοτέρων. ΚΛΩΝΑΡΙΟΝ. Ἐκάθευδες; τὸ μετὰ ταῦτα τί ἐγένετο; [5,2] CLONARIUM. Tu veux dire, sans doute, que c'est une de ces tribades comme on en rencontre à Lesbos, femmes qui ne veulent pas recevoir d'hommes, et qui font l'office d'hommes avec des femmes. LÉÉNA. C'est quelque chose de semblable. CLONARIUM. Eh bien ! Raconte-moi, Lééna, ses premières tentatives auprès de toi, ta séduction et le reste. LÉÉNA. Elles avaient organisé une partie, elle et Démonassa de Corinthe, femme riche et adonnée aux mêmes pratiques que Mégilla. Elles me firent venir pour les amuser de ma cithare. Lorsque j'eus fini de chanter, c'était le soir, l'heure, étant venue de se coucher, comme elles avaient bien bu : "Voyons, Lééna, dit Mégilla, il va faire bon dormir. Tu vas coucher ici entre nous deux." CLONARIUM. Tu t'es couchée. Et ensuite ?
[5,3] ΛΕΑΙΝΑ. Ἐφίλουν με τὸ πρῶτον ὥσπερ οἱ ἄνδρες, οὐκ αὐτὸ μόνον προσαρμόζουσαι τὰ χείλη, ἀλλ´ ὑπανοίγουσαι τὸ στόμα, καὶ περιέβαλλον καὶ τοὺς μαστοὺς ἔθλιβον· Δημώνασσα δὲ καὶ ἔδακνε μεταξὺ καταφιλοῦσα· ἐγὼ δὲ οὐκ εἶχον εἰκάσαι τι τὸ πρᾶγμα εἴη. χρόνῳ δὲ Μέγιλλα ὑπόθερμος ἤδη οὖσα τὴν μὲν πηνήκην ἀφείλετο τῆς κεφαλῆς, ἐπέκειτο δὲ πάνυ ὁμοία καὶ προσφυής, καὶ ἐν χρῷ ὤφθη αὐτὴ καθάπερ οἱ σφόδρα ἀνδρώδεις τῶν ἀθλητῶν ἀποκεκαρμένη· καὶ ἐγὼ ἐταράχθην ἰδοῦσα. δέ, Λέαινα, φησίν, ἑώρακας ἤδη οὕτω καλὸν νεανίσκον; Ἀλλ´ οὐχ ὁρῶ, ἔφην, ἐνταῦθα νεανίσκον, Μέγιλλα. Μὴ καταθήλυνέ με, ἔφη, Μέγιλλος γὰρ ἐγὼ λέγομαι καὶ γεγάμηκα πρόπαλαι ταύτην τὴν Δημώνασσαν, καὶ ἔστιν ἐμὴ γυνή. ἐγέλασα, Κλωνάριον, ἐπὶ τούτῳ καὶ ἔφην, Οὐκοῦν σύ, Μέγιλλε, ἀνήρ τις ὢν ἐλελήθεις ἡμᾶς, καθάπερ τὸν Ἀχιλλέα φασὶ κρυπτόμενον ἐν ταῖς παρθένοις, καὶ τὸ ἀνδρεῖον ἐκεῖνο ἔχεις καὶ ποιεῖς τὴν Δημώνασσαν ἅπερ οἱ ἄνδρες; Ἐκεῖνο μέν, ἔφη, Λέαινα, οὐκ ἔχω· δέομαι δὲ οὐδὲ πάνυ αὐτοῦ· ἴδιον δέ τινα τρόπον ἡδίω παρὰ πολὺ ὁμιλοῦντα ὄψει με. Ἀλλὰ μὴ Ἑρμαφρόδιτος εἶ, ἔφην, οἷοι πολλοὶ εἶναι λέγονται ἀμφότερα ἔχοντες; ἔτι γὰρ ἠγνόουν, Κλωνάριον, τὸ πρᾶγμα. Οὔ, φησίν, ἀλλὰ τὸ πᾶν ἀνήρ εἰμι. [5,3] LÉÉNA. Ensuite elles m'ont embrassée comme des hommes, non seulement en appliquant les lèvres, mais en entrouvrant la bouche, me caressant, me pressant la gorge. Démonassa même me mordait en me donnant des baisers. Pour moi, je ne voyais pas où elles voulaient en venir. Enfin Mégilla tout animée, enlève sa chevelure postiche, faite à se méprendre et parfaitement ajustée, se montre rasée jusqu'à la peau, comme un vigoureux athlète. Cette vue me jette dans un grand trouble. "Lééna, me dit-elle, as-tu vu un plus beau garçon ? - Mais, lui dis-je, je ne vois pas de garçon, Mégilla. - Ne parle pas de moi au féminin, dit-elle, je m'appelle Mégillus. J'ai, depuis longtemps, épousé Démonassa. Elle est ma femme." A ces mots, Clonarium, ne pouvant m'empêcher de rire : "Mégillus lui dis-je, vous étiez un homme, à votre insu, comme Achille, caché parmi les filles sous ses habits de pourpre. Mais alors vous êtes fait comme un homme, et vous vous conduisez en mari avec Démonassa ? - Je n'ai pas précisément tout ce qu'il faut, Lééna, reprit-elle, mais je n'en ai pas absolument besoin. D'ailleurs, tu me verras à l'œuvre et travailler de fort agréable manière. - Vous êtes donc un hermaphrodite, lui dis-je, comme on dit qu'il y a eu beaucoup de gens ayant les deux sexes ?" En effet, Clonarium, je ne me doutais pas de ce qu'il en était. "Non, me répondit-elle, je suis vraiment homme.
[5,4] Ἤκουσα, ἔφην ἐγώ, τῆς Βοιωτίας αὐλητρίδος Ἰσμηνοδώρας διηγουμένης τὰ ἐφέστια παρ´ αὐτοῖς, ὡς γένοιτό τις ἐν Θήβαις ἐκ γυναικὸς ἀνήρ, δ´ αὐτὸς καὶ μάντις ἄριστος, οἶμαι, Τειρεσίας τοὔνομα. μὴ οὖν καὶ σὺ τοιοῦτόν τι πέπονθας; Οὔκουν, Λέαινα, ἔφη, ἀλλὰ ἐγεννήθην μὲν ὁμοία ταῖς ἄλλαις ὑμῖν, γνώμη δὲ καὶ ἐπιθυμία καὶ τἆλλα πάντα ἀνδρός ἐστί μοι. Καὶ ἱκανὴ γοῦν σοι, ἔφην, ἐπιθυμία; Πάρεχε γοῦν, Λέαινα, εἰ ἀπιστεῖς, ἔφη, καὶ γνώσῃ οὐδὲν ἐνδέουσάν με τῶν ἀνδρῶν· ἔχω γάρ τι ἀντὶ τοῦ ἀνδρείου. ἀλλὰ πάρεχε, ὄψει γάρ. παρέσχον, Κλωνάριον, ἱκετευούσης πολλὰ καὶ ὅρμον τινά μοι δούσης τῶν πολυτελῶν καὶ ὀθόνας τῶν λεπτῶν. εἶτ´ ἐγὼ μὲν ὥσπερ ἄνδρα περιελάμβανον, δὲ ἐποίει τε καὶ ἐφίλει καὶ ἤσθμαινε καὶ ἐδόκει μοι ἐς ὑπερβολὴν ἥδεσθαι. ΚΛΩΝΑΡΙΟΝ. Τί ἐποίει, Λέαινα, τίνα τρόπον; τοῦτο γὰρ μάλιστα εἰπέ. ΛΕΑΙΝΑ. Μὴ ἀνάκρινε ἀκριβῶς, αἰσχρὰ γάρ· ὥστε μὰ τὴν οὐρανίαν οὐκ ἂν εἴποιμι. [5,4] - C'est que j'ai entendu dire, repris-je, à la Béotienne Isménodore, joueuse de flûte, qui me racontait les histoires de son pays, qu'il y a eu jadis un Thébain changé de femme en homme. C'était aussi, je crois, un fameux devin, nommé Tirésias. Est-ce qu'il vous est arrivé quelque chose de pareil ? - Non, dit-elle, Lééna ; je suis venue au monde, comme vous toutes, mais j'ai les goûts, les désirs et le reste d'un homme. - Et il vous suffit des désirs ? lui répondis-je. - Lééna, me dit-elle, laisse-moi faire, si tu ne me crois pas, et tu comprendras que je suis tout à fait un homme. J'ai ce qu'il faut pour te convaincre : encore une fois, laisse-toi faire, et tu verras." Je me suis laissé faire, Clonarium, j'ai cédé à ses instances, accompagnées d'un magnifique collier et d'une robe de lin du plus fin tissu. Je l'ai saisie dans mes bras comme un homme. Elle m'a embrassée toute haletante, et m'a paru goûter le plus vif plaisir. CLONARIUM. Qu'a-t-elle donc fait et comment s'y est-elle prise ? C'est là surtout ce qu'il faut me raconter. LÉÉNA. N'en demande pas plus long. Ce n'est pas beau. Aussi, j'en jure par Vénus, je n'en dirai rien.


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Dernière mise à jour : 27/05/2009