HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Dialogue des courtisanes

Dialogue 6

  Dialogue 6

[6,0] ΚΡΩΒΥΛΗ ΚΑΙ ΚΟΡΙΝΝΑ. [6,0] CROBYLE ET CORINNE.
[6,1] ΚΡΩΒΥΛΗ. Κόριννα, ὡς μὲν οὐ πάνυ δεινὸν ἦν, ἐνόμιζες, τὸ γυναῖκα γενέσθαι ἐκ παρθένου, μεμάθηκας ἤδη, μετὰ μειρακίου μὲν ὡραίου γενομένη, μνᾶν δὲ τὸ πρῶτον μίσθωμα κομισαμένη, ἐξ ἧς ὅρμον αὐτίκα ὠνήσομαί σοι. ΚΟΡΙΝΝΑ. Ναί, μαννάριον. ἐχέτω δὲ καὶ ψήφους τινὰς πυραυγεῖς οἷος Φιλαινίδος ἐστίν. ΚΡΩΒΥΛΗ. Ἔσται τοιοῦτος. ἄκουε δὲ καὶ τἆλλα παρ´ ἐμοῦ σε χρὴ ποιεῖν καὶ ὅπως προσφέρεσθαι τοῖς ἀνδράσιν· ἄλλη μὲν γὰρ ἡμῖν ἀποστροφὴ τοῦ βίου οὐκ ἔστιν, θύγατερ, ἀλλὰ δύο ἔτη ταῦτα ἐξ οὗ τέθνηκεν μακαρίτης σου πατήρ, οὐκ οἶσθα ὅπως ἀπεζήσαμεν; ὅτε δὲ ἐκεῖνος ἔζη, πάντα ἦν ἡμῖν ἱκανά· ἐχάλκευε γὰρ καὶ μέγα ἦν ὄνομα αὐτοῦ ἐν Πειραιεῖ, καὶ πάντων ἐστὶν ἀκοῦσαι διομνυμένων μὴν μετὰ Φιλῖνον μηκέτι ἔσεσθαι ἄλλον χαλκέα. μετὰ δὲ τὴν τελευτὴν τὸ μὲν πρῶτον ἀποδομένη τὰς πυράγρας καὶ τὸν ἄκμονα καὶ σφῦραν δύο μνῶν, μῆνας ἀπὸ τούτων ἑπτὰ διετράφημεν· εἶτα νῦν μὲν ὑφαίνουσα, νῦν δὲ κρόκην κατάγουσα στήμονα κλώθουσα ἐποριζόμην τὰ σιτία μόλις· ἔβοσκον δὲ σέ, θύγατερ, τὴν ἐλπίδα περιμένουσα. [6,1] CROBYLE. Corinne, tu vois que ce n'est pas, comme tu te le figurais, un si grand malheur que de cesser d'être fille, de vivre avec un beau jeune homme, et de gagner tout de suite une mine, avec laquelle je vais t'acheter un collier. CORINNE. Oui, maman. Mais, surtout, qu'il ait des pierres couleur de feu, comme celui de Philénis. CROBYLE. Il sera tout pareil. Mais j'ai autre chose à te dire. Écoute bien ce que tu dois faire et comment il faut te conduire avec les hommes. Nous n'avons pas d'autres ressources pour vivre, ma fille. Depuis deux ans que ton père, d'heureuse mémoire, est allé de vie à trépas, tu ne peux pas te douter comment nous avons vécu. De son vivant, nous ne manquions de rien. C'était un excellent forgeron, qui s'était fait une grande réputation au Pirée, et tout le monde dit encore aujourd'hui qu'on ne verra jamais un forgeron comme Philinus. Après sa mort, je fus d'abord obligée de vendre ses tenailles, son enclume et son marteau, le tout deux mines, dont nous vécûmes quelque temps. Ensuite j'ai fait de la toile, poussé la navette ou tourné le fuseau, afin de gagner péniblement de quoi manger, et je t'ai élevée, ma fille, comme mon unique espérance.
[6,2] ΚΟΡΙΝΝΑ. Τὴν μνᾶν λέγεις; ΚΡΩΒΥΛΗ. Οὔκ, ἀλλὰ ἐλογιζόμην ὡς τηλικαύτη γενομένη θρέψεις μὲν ἐμέ, σεαυτὴν δὲ κατακοσμήσεις ῥᾳδίως καὶ πλουτήσεις καὶ ἐσθῆτας ἕξεις ἁλουργεῖς καὶ θεραπαίνας. ΚΟΡΙΝΝΑ. Πῶς ἔφης, μῆτερ, τί λέγεις; ΚΡΩΒΥΛΗ. Συνοῦσα μὲν τοῖς νεανίσκοις καὶ συμπίνουσα μετ´ αὐτῶν καὶ συγκαθεύδουσα ἐπὶ μισθῷ. ΚΟΡΙΝΝΑ. Καθάπερ Δαφνίδος θυγάτηρ Λύρα; ΚΡΩΒΥΛΗ. Ναί. ΚΟΡΙΝΝΑ. Ἀλλ´ ἐκείνη ἑταίρα ἐστίν. ΚΡΩΒΥΛΗ. Οὐδὲν τοῦτο δεινόν· καὶ σὺ γὰρ πλουτήσεις ὡς ἐκείνη καὶ πολλοὺς ἐραστὰς ἕξεις. τί ἐδάκρυσας, Κόριννα; οὐχ ὁρᾷς ὁπόσαι καὶ ὡς περισπούδαστοί εἰσιν αἱ ἑταῖραι καὶ ὅσα χρήματα λαμβάνουσι; τὴν Δαφνίδος γοῦν ἐγὼ οἶδα, φίλη Ἀδράστεια, ῥάκη, πρὶν αὐτὴν ἀκμάσαι τὴν ὥραν, περιβεβλημένην· ἀλλὰ νῦν ὁρᾷς οἵα πρόεισι, χρυσὸς καὶ ἐσθῆτες εὐανθεῖς καὶ θεράπαιναι τέτταρες. [6,2] CORINNE. Vous voulez parler de la mine ? CROBYLE. Non. J'ai pensé qu'à ton âge tu me nourrirais à ton tour, en te procurant à toi-même de belles toilettes, de l'aisance, des robes de pourpre, des servantes. CORINNE. Comment cela, maman ? Que voulez-vous dire ? CROBYLE. En vivant avec les jeunes gens, en buvant et en couchant avec eux, moyennant finance. CORINNE. Comme Lyra, la fille de Daphnis ? CROBYLE. Oui. CORINNE. Mais, maman, c'est une courtisane. CROBYLE. Voyez le grand malheur ! Tu deviendras riche comme elle, tu auras de nombreux amants. Pourquoi pleures-tu, Corinne ? Ne vois-tu pas tout ce qu'il y a de courtisanes, comme elles sont recherchées, combien elles gagnent d'argent ? J'ai connu Daphnis en haillons (viens à notre aide, Adrastée !), avant que sa fille fût jolie et regardée. Tu vois maintenant comme elle est mise : de l'or, des robes brodées, quatre servantes.
[6,3] ΚΟΡΙΝΝΑ. Πῶς δὲ ταῦτα ἐκτήσατο Λύρα; ΚΡΩΒΥΛΗ. Τὸ μὲν πρῶτον κατακοσμοῦσα ἑαυτὴν εὐπρεπῶς καὶ εὐσταλὴς οὖσα καὶ φαιδρὰ πρὸς ἅπαντας, οὐκ ἄχρι τοῦ καγχαρίζειν ῥᾳδίως καθάπερ σὺ εἴωθας, ἀλλὰ μειδιῶσα ἡδὺ καὶ ἐπαγωγόν, εἶτα προσομιλοῦσα δεξιῶς καὶ μήτε φενακίζουσα, εἴ τις προσέλθοι προπέμψειε, μήτε αὐτὴ ἐπιλαμβανομένη τῶν ἀνδρῶν. ἢν δέ ποτε καὶ ἀπέλθῃ ἐπὶ δεῖπνον λαβοῦσα μίσθωμα, οὔτε μεθύσκεταικαταγέλαστον γὰρ καὶ μισοῦσιν οἱ ἄνδρες τὰς τοιαύταςοὔτε ὑπερεμφορεῖται τοῦ ὄψου ἀπειροκάλως, ἀλλὰ προσάπτεται μὲν ἄκροις τοῖς δακτύλοις, σιωπῇ δὲ τὰς ἐνθέσεις οὐκ ἐπ´ ἀμφοτέρας παραβύεται τὰς γνάθους, πίνει δὲ ἠρέμα, οὐ χανδόν, ἀλλ´ ἀναπαυομένη. ΚΟΡΙΝΝΑ. Κἂν εἰ διψῶσα, μῆτερ, τύχῃ; ΚΡΩΒΥΛΗ. Τότε μάλιστα, Κόριννα. καὶ οὔτε πλέον τοῦ δέοντος φθέγγεται οὔτε ἀποσκώπτει ἔς τινα τῶν παρόντων, ἐς μόνον δὲ τὸν μισθωσάμενον βλέπει· καὶ διὰ τοῦτο ἐκεῖνοι φιλοῦσιν αὐτήν. καὶ ἐπειδὰν κοιμᾶσθαι δέῃ, ἀσελγὲς οὐδὲν οὐδὲ ἀμελὲς ἐκείνη ἄν τι ἐργάσαιτο, ἀλλὰ ἐξ ἅπαντος ἓν τοῦτο θηρᾶται, ὡς ὑπαγάγοιτο καὶ ἐραστὴν ποιήσειεν ἐκεῖνον· ταῦτα γὰρ αὐτῆς ἅπαντες ἐπαινοῦσιν. εἰ δὴ καὶ σὺ ταῦτα ἐκμάθοις, μακάριαι καὶ ἡμεῖς ἐσόμεθα· ἐπεὶ τά γε ἄλλα παρὰ πολὺ αὐτῆςἀλλ´ οὐδέν, φίλη Ἀδράστεια, φημί, ζῴης μόνον. [6,3] CORINNE. Comment Lyra a-t-elle gagné tout cela ? CROBYLE. D'abord elle s'est habillée avec élégance, parfaitement ajustée, faisant bon visage à tous, non pas en éclatant de rire, comme c'est ton habitude, mais en prenant un air souriant, plein de douceur et de séduction. Ensuite, elle a traité tous les hommes avec adresse, sans tromper ceux qui viennent la voir ou qui la reconduisent, mais aussi sans s'attacher à aucun. Si pour un salaire on la fait venir à un festin, au lieu de s'enivrer, défaut souverainement ridicule et que les hommes détestent, au lieu de se jeter sur les plats, comme une mal apprise, elle touche délicatement les mets du bout des doigts, prend chaque bouchée en silence, sans se remplir les joues, boit doucement, et non pas d'un seul trait, mais par petites gorgées. CORINNE. Même lorsqu'elle a soif, maman ? CROBYLE. Surtout lorsqu'elle a soif, Corinne. Elle ne parle pas plus qu'il ne faut, ne raille point les convives, et ne regarde que celui qui la paye. Aussi, tout le monde l'aime. Lorsqu'il faut se mettre au lit, elle ne se montre ni dévergondée ni froide. Elle ne se préoccupe que de captiver son amant et de se l'attacher. C'est là surtout ce que l'on approuve en elle. Si tu retiens bien cette leçon, nous aussi nous serons heureuses, car tes attraits sont bien supérieurs aux siens... Mais je n'en dis pas plus long. Viens à notre aide, Adrastée ! Que les dieux seulement te prêtent vie !
[6,4] ΚΟΡΙΝΝΑ. Εἰπέ μοι, μῆτερ, οἱ μισθούμενοι πάντες τοιοῦτοί εἰσιν οἷος Εὔκριτος, μεθ´ οὗ χθὲς ἐκάθευδον; ΚΡΩΒΥΛΗ. Οὐ πάντες, ἀλλ´ ἔνιοι μὲν ἀμείνους, οἱ δὲ καὶ ἤδη ἀνδρώδεις, οἱ δὲ καὶ οὐ πάνυ μορφῆς εὐφυῶς ἔχοντες. ΚΟΡΙΝΝΑ. Καὶ τοιούτοις συγκαθεύδειν δεήσει; ΚΡΩΒΥΛΗ. Μάλιστα, θύγατερ· οὗτοι μέν τοι καὶ πλείονα διδόασιν· οἱ καλοὶ δὲ αὐτὸ μόνον καλοὶ θέλουσιν εἶναι. καὶ σοὶ δὲ μελέτω ἀεὶ τοῦ πλείονος, εἰ θέλεις ἐν βραχεῖ λέγειν ἁπάσας ἐνδειξάσας σε τῷ δακτύλῳ, Οὐχ ὁρᾷς τὴν Κόρινναν τὴν τῆς Κρωβύλης θυγατέρα ὡς ὑπερπλουτεῖ καὶ τρισευδαίμονα πεποίηκε τὴν μητέρα; τί φῄς; ποιήσεις ταῦτα; ποιήσεις, οἶδα ἐγώ, καὶ προέξεις ἁπασῶν ῥᾳδίως. νῦν δ´ ἄπιθι λουσομένη, εἰ ἀφίκοιτο καὶ τήμερον τὸ μειράκιον Εὔκριτος· ὑπισχνεῖτο γάρ. [6,4] CORINNE. Dites-moi, maman, tous ceux qui nous donneront de l'argent ressemblent-ils à Eucrite, avec qui j'ai couché hier ? CROBYLE. Non. Il y en a de plus beaux, de plus robustes, et quelques-uns de figure moins agréable. CORINNE. Et il faudra que je couche aussi avec ceux-là ? CROBYLE. Surtout avec ceux-là, ma fille. Ce sont eux qui payent le mieux. Les beaux ne veulent payer que de leur beauté. Songe avant tout aux gros bénéfices, si tu veux qu'avant peu toutes les femmes disent, en te montrant au doigt : "Voyez Corinne, la fille de Crobyle, comme la voilà superlativement riche ! Comme elle a rendu sa mère trois fois heureuse !" Qu'en dis-tu ! Feras-tu cela ? Oui, tu le feras, j'en suis sûre, et bientôt tu seras la reine de toutes tes rivales. Maintenant, va prendre un bain. Il se peut faire que le jeune Eucrite vienne aujourd'hui. Il me l'a promis.


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Dernière mise à jour : 27/05/2009