HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Dialogue des courtisanes

Dialogue 10

  Dialogue 10

[10,0] ΧΕΛΙΔΟΝΙΟΝ ΚΑΙ ΔΡΟΣΙΣ. [10,0] CHÉLIDONIUM ET DROSÉ.
[10,1] ΧΕΛΙΔΟΝΙΟΝ. Οὐκέτι φοιτᾷ παρὰ σέ, Δροσί, τὸ μειράκιον Κλεινίας; οὐ γὰρ ἑώρακα, πολὺς ἤδη χρόνος, αὐτὸν παρ´ ὑμῖν. ΔΡΟΣΙΣ. Οὐκέτι, Χελιδόνιον· γὰρ διδάσκαλος αὐτὸν εἶρξε μηκέτι μοι προσιέναι. ΧΕΛΙΔΟΝΙΟΝ. Τίς οὗτος; μή τι τὸν παιδοτρίβην Διότιμον λέγεις; ἐπεὶ ἐκεῖνός γε φίλος ἐστίν. ΔΡΟΣΙΣ. Οὔκ, ἀλλ´ κάκιστα φιλοσόφων ἀπολούμενος Ἀρισταίνετος. ΧΕΛΙΔΟΝΙΟΝ. Τὸν σκυθρωπὸν λέγεις, τὸν δασύν, τὸν βαθυπώγωνα, ὃς εἴωθε μετὰ τῶν μειρακίων περιπατεῖν ἐν τῇ Ποικίλῃ; ΔΡΟΣΙΣ. Ἐκεῖνόν φημι τὸν ἀλαζόνα, ὃν κάκιστα ἐπίδοιμι ἀπολούμενον, ἑλκόμενον τοῦ πώγωνος ὑπὸ δημίου. [10,1] CHÉLIDONIUM. Il ne vient donc plus te voir, Drosé, le jeune Clinias ? Il y a un siècle que je ne l'ai vu chez vous. DROSÉ. Non, ma chère Chélidonium. Son maître lui a défendu de m'approcher. CHÉLIDONIUM. Qu'est-ce que c'est que cet homme-là ? Est-ce que tu veux parler de Diotime, le maître du gymnase ? Il est de mes amis. DROSÉ. Non. C'est un infâme philosophe, un certain Aristénète. CHÉLIDONIUM. Ce butor, velu et barbu, qui a l'habitude de se promener avec des jeunes gens dans le Poecilé ? DROSÉ. Justement. Un charlatan que je voudrais voir traîner par la barbe et mettre en pièces par le bourreau.
[10,2] ΧΕΛΙΔΟΝΙΟΝ Τί παθὼν δὲ ἐκεῖνος τοιαῦτα ἔπεισε τὸν Κλεινίαν; ΔΡΟΣΙΣ. Οὐκ οἶδα, Χελιδόνιον. ἀλλ´ μηδέποτε ἀπόκοιτός μου γενόμενος ἀφ´ οὗ γυναικὶ ὁμιλεῖν ἤρξατοπρῶτον δὲ ὡμίλησέ μοιτριῶν τούτων ἑξῆς ἡμερῶν οὐδὲ προσῆλθε τῷ στενωπῷ· ἐπεὶ δὲ ἠνιώμηνοὐκ οἶδα δὲ ὅπως τι ἔπαθον ἐπ´ αὐτῷἔπεμψα τὴν Νεβρίδα περισκεψομένην αὐτὸν ἐν ἀγορᾷ διατρίβοντα ἐν Ποικίλῃ· δὲ περιπατοῦντα ἔφη ἰδοῦσα μετὰ τοῦ Ἀρισταινέτου νεῦσαι πόρρω, ἐκεῖνον δὲ ἐρυθριάσαντα κάτω ὁρᾶν καὶ μηκέτι παρενεγκεῖν τὸν ὀφθαλμόν. εἶτ´ ἐβάδιζον ἅμα ἐς τὴν Ἀκαδημίαν· δὲ ἄχρι τοῦ Διπύλου ἀκολουθήσασα, ἐπεὶ μηδ´ ὅλως ἐπεστράφη, ἐπανῆκεν οὐδὲν σαφὲς ἀπαγγεῖλαι ἔχουσα. πῶς με οἴει διάγειν τὸ μετὰ ταῦτα οὐκ ἔχουσαν εἰκάσαι τι μοι πέπονθεν μειρακίσκος; ἀλλὰ μὴ ἐλύπησά τι αὐτόν, ἔλεγον, τινος ἄλλης ἠράσθη μισήσας ἐμέ; ἀλλ´ πατὴρ διεκώλυσεν αὐτόν; πολλὰ τοιαῦτα ἀθλία ἔστρεφον. ἤδη δὲ περὶ δείλην ὀψίαν ἧκέ μοι Δρόμων τὸ γραμμάτιον τουτὶ παρ´ αὐτοῦ κομίζων. ἀνάγνωθι λαβοῦσα, Χελιδόνιον· οἶσθα γὰρ δή που γράμματα. [10,2] CHÉLIDONIUM. Comment a-t-il fait pour décider Clinias ? DROSÉ. Je n'en sais rien, Chélidonium. Mais ce garçon, qui n'a pas découché une seule nuit, depuis qu'il sait ce que c'est qu'une femme, commerce auquel je l'ai initié, n'a pas paru dans notre rue depuis trois jours consécutifs. Inquiète et poussée par je ne sais quel pressentiment, j'envoie Hébris à la découverte, pour voir s’il était à l'Agora ou au Poecilé. Elle m'a dit qu'elle l’a vu se promener avec Aristénète, qu'elle lui a fait de loin un signe de tête, mais que lui, rougissant et baissant le nez, après l'avoir aperçue, n'a plus levé les yeux de son côté. Ils sont entrés ensemble dans la ville. Hébris les a suivis jusqu'au Dipyle, mais comme il ne s'est pas retourné une seule fois, elle est rentrée sans pouvoir me rien dire de positif. Songe un peu dans quel état je suis depuis ce temps-là. Je me perds en conjectures sur ce qu'on a fait de ce jeune homme. "Mais, disais-je en moi-même, je ne lui ai jamais fait la moindre peine. A-t-il un autre amour qui m'ait fait prendre en haine ? C'est son père qui l'empêche de revenir !" Telles étaient les pensées qui me passaient par la tête. Le soir, assez tard, Dromon m'apporte une lettre de la part de Clinias. Prends, lis, Chélidonium ; tu sais lire, n'est-ce pas ?
[10,3] ΧΕΛΙΔΟΝΙΟΝ. Φέρ´ ἴδωμεν· τὰ γράμματα οὐ πάνυ σαφῆ, ἀλλὰ ἐπισεσυρμένα δηλοῦντα ἔπειξίν τινα τοῦ γεγραφότος. λέγει δέ "πῶς μὲν ἐφίλησά σε, Δροσί, τοὺς θεοὺς ποιοῦμαι μάρτυρας." ΔΡΟΣΙΣ. Αἰαῖ τάλαν, οὐδὲ τὸ χαίρειν προσέγραψε. ΧΕΛΙΔΟΝΙΟΝ. "Καὶ νῦν δὲ οὐ κατὰ μῖσος, ἀλλὰ κατ´ ἀνάγκην ἀφίσταμαί σου· πατὴρ γὰρ Ἀρισταινέτῳ παρέδωκέ με φιλοσοφεῖν αὐτῷ, κἀκεῖνοςἔμαθε γὰρ τὰ καθ´ ἡμᾶς ἅπανταπάνυ πολλὰ ἐπετίμησέ μοι ἀπρεπὲς εἶναι λέγων ἑταίρᾳ συνεῖναι Ἀρχιτέλους καὶ Ἐρασικλείας υἱὸν ὄντα· πολὺ γὰρ ἄμεινον εἶναι τὴν ἀρετὴν προτιμᾶν τῆς ἡδονῆς." ΔΡΟΣΙΣ. Μὴ ὥρας ἵκοιτο λῆρος ἐκεῖνος τοιαῦτα παιδεύων τὸ μειράκιον. ΧΕΛΙΔΟΝΙΟΝ. "Ὥστε ἀνάγκη πείθεσθαι αὐτῷ· παρακολουθεῖ γὰρ ἀκριβῶς παραφυλάσσων, καὶ ὅλως οὐδὲ προσβλέπειν ἄλλῳ οὐδενὶ ἔξεστιν ὅτι μὴ ἐκείνῳ· εἰ δὲ σωφρονοῖμι καὶ πάντα πεισθείην αὐτῷ, ὑπισχνεῖται πάνυ εὐδαίμονα ἔσεσθαί με καὶ ἐνάρετον καταστήσεσθαι τοῖς πόνοις προγεγυμνασμένον. ταῦτά σοι μόλις ἔγραψα ὑποκλέψας ἐμαυτόν. σὺ δέ μοι εὐτύχει καὶ μέμνησο Κλεινίου." [10,3] CHÉLIDONIUM. Voyons cette lettre. L'écriture n'est pas merveilleuse. Les caractères embarrassés indiquent un homme qui a écrit à la hâte. Mais lisons : "Combien je t'aime, ma chère Drosé ! j'en prends les dieux à témoin... " DROSÉ. Ah ! le malheureux ! il ne me dit pas seulement bonjour ! CHÉLIDONIUM. "Et maintenant, ce n'est pas la haine, mais la contrainte qui me sépare de toi. Mon père m'a remis aux mains d'Aristénète, pour étudier la philosophie. Et celui-ci, qui sait notre liaison, m'en a fait de vifs reproches, en me disant que c'était une indignité de vivre avec une courtisane, quand on était fils d'Architélès et d'Érasiclée, parce qu'il faut, avant tout, préférer la vertu au plaisir..." DROSÉ. Aux corbeaux le bélître, qui donne de semblables leçons à la jeunesse ! CHÉLIDONIUM. "Il faut de toute nécessité que je lui obéisse : il me suit et me garde avec soin, et il ne me laisse voir que lui. Si je suis sage et si je fais tout ce qu'il me dit, il me promet que je serai heureux et vertueux pour prix de mes efforts. J'ai eu toutes les peines du monde à t'écrire ces mots à la dérobée. Sois heureuse et souviens-toi de Clinias."
[10,4] ΔΡΟΣΙΣ. Τί σοι δοκεῖ ἐπιστολή, Χελιδόνιον; ΧΕΛΙΔΟΝΙΟΝ. Τὰ μὲν ἄλλα ἀπὸ Σκυθῶν ῥῆσις, τὸ δὲ "μέμνησο Κλεινίου" ἔχει τινὰ ὑπόλοιπον ἐλπίδα. ΔΡΟΣΙΣ. Κἀμοὶ οὕτως ἔδοξεν· ἀπόλλυμαι δ´ οὖν ὑπὸ τοῦ ἔρωτος. μέντοι Δρόμων ἔφασκε παιδεραστήν τινα εἶναι τὸν Ἀρισταίνετον καὶ ἐπὶ προφάσει τῶν μαθημάτων συνεῖναι τοῖς ὡραιοτάτοις τῶν νέων καὶ ἰδίᾳ λογοποιεῖσθαι πρὸς τὸν Κλεινίαν ὑποσχέσεις τινὰς ὑπισχνούμενον ὡς ἰσόθεον ἀποφανεῖ αὐτόν. ἀλλὰ καὶ ἀναγιγνώσκει μετ´ αὐτοῦ ἐρωτικούς τινας λόγους τῶν παλαιῶν φιλοσόφων πρὸς τοὺς μαθητάς, καὶ ὅλος περὶ τὸ μειράκιόν ἐστιν. ἠπείλει δὲ καὶ τῷ πατρὶ τοῦ Κλεινίου κατερεῖν ταῦτα. ΧΕΛΙΔΟΝΙΟΝ. Ἐχρῆν, Δροσί, γαστρίσαι τὸν Δρόμωνα. ΔΡΟΣΙΣ. Ἐγάστρισα, καὶ ἄνευ δὲ τούτου ἐμός ἐστι· κέκνισται γὰρ κἀκεῖνος τῆς Νεβρίδος. ΧΕΛΙΔΟΝΙΟΝ. Θάρρει, πάντα ἔσται καλῶς. ἐγὼ δὲ καὶ ἐπιγράψειν μοι δοκῶ ἐπὶ τοῦ τοίχου ἐν Κεραμεικῷ, ἔνθα Ἀρχιτέλης εἴωθε περιπατεῖν, Ἀρισταίνετος διαφθείρει Κλεινίαν, ὥστε καὶ ἐκ τούτου συνδραμεῖν τῇ παρὰ τοῦ Δρόμωνος διαβολῇ. ΔΡΟΣΙΣ. Πῶς δ´ ἂν λάθοις ἐπιγράψασα; ΧΕΛΙΔΟΝΙΟΝ. Τῆς νυκτός, Δροσί, ἄνθρακά ποθεν λαβοῦσα. ΔΡΟΣΙΣ. Εὖ γε, συστράτευε μόνον, Χελιδόνιον, κατὰ τοῦ ἀλαζόνος Ἀρισταινέτου. [10,4] DROSÉ. Que dis-tu de cette lettre, Chélidonium ? CHÉLIDONIUM. Tout le reste est écrit à la scythe, mais les mots "Souviens-toi de Clinias" laissent encore un peu d'espoir. DROSÉ. C'est ce que je crois aussi, mais je meurs d'amour. D'ailleurs Dromon m'a dit qu'Aristénète est un pédéraste, qui, sous prétexte de philosophie, vit avec les plus jolis garçons. Il a déjà eu quelques conversations particulières avec Clinias. Il lui a fait de belles promesses et lui a dit qu'il le rendrait égal aux dieux, et même il lit avec lui les dialogues érotiques des anciens philosophes avec leurs disciples. Enfin il obsède le pauvre jeune homme. Mais Dromon l'a menacé de prévenir le père de Clinias. CHÉLIDONIUM. Il fallait, Drosé, remplir le ventre à Dromon. DROSÉ. C'est ce que j'ai fait, mais sans cela il eût été à moi. Il est amoureux d'Hébris. CHÉLIDONIUM. Du courage. Tout ira bien. Moi, je suis d'avis d'écrire sur la muraille du Céramique, du côté où Architélès a coutume de se promener : "Aristénète corrompt Clinias." Cette inscription coïncidera parfaitement avec le rapport de Dromon. DROSÉ. Mais comment feras-tu pour qu'on ne te voie pas écrire ? CHÉLIDONIUM. J’irai l'écrire la nuit avec un charbon, que je prendrai n'importe où. DROSÉ. A merveille ! Unissons-nous, Chélidonium, pour faire la guerre à ce fourbe d'Aristénète.


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Dernière mise à jour : 27/05/2009